Aujourd’hui, les priorités sont ailleurs : « Wax bi baré na » - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Politique | Par Eva | Publié le 14/08/2025 08:08:00

Aujourd’hui, les priorités sont ailleurs : « Wax bi baré na »

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Le Premier ministre Ousmane Sonko a récemment présenté l’Agenda national de transformation du service public, fustigeant l’enrichissement illicite dans l’administration et appelant les fonctionnaires à plus d’éthique. Bien que cette prise de position ait suscité un certain espoir, il convient de prendre du recul : cela fait des années que les gouvernants nous tiennent un discours similaire, sans effet réel sur le quotidien des Sénégalais. Au-delà des déclarations d’intention, ce sont des résultats concrets que la population attend.

La question de la corruption dans l’administration sénégalaise est loin d’être nouvelle. Chaque régime, dès son installation, promet la fin de l’impunité et la moralisation de la vie publique. Pourtant, le chômage explose, les prix du carburant grimpent, les bailleurs de fonds suspendent leur aide, et les jeunes continuent de fuir le pays à la recherche d’un avenir ailleurs. À quoi servent les discours si les faits sur le terrain ne changent pas ?

Dans son discours, Ousmane Sonko insiste sur l’incongruité d’un fonctionnaire milliardaire, un message qui se veut tranchant mais qui n’est ni inédit, ni suffisant. Il évoque la réforme de l’OFNAC, le soutien aux lanceurs d’alerte, ou encore de futures lois à venir. Pourtant, rien n’est dit sur les délais d’application, les mécanismes de contrôle, ni sur les sanctions réelles prévues. Pire, aucune mesure concrète n’est annoncée pour s’attaquer aux racines économiques de la misère sociale : le chômage des jeunes, la baisse de l’investissement privé, la flambée des prix, ou l’assèchement des caisses publiques.

Un discours déconnecté des urgences économiques, lutter contre la corruption est noble, mais ce n’est pas suffisant. Aujourd’hui, les priorités sont ailleurs : création d’emplois, relance de l’investissement, protection du pouvoir d’achat.

Un manque de résultats mesurables, depuis des années, on parle de « gouvernance exemplaire », mais aucun chiffre concret n’est donné. Où sont les évaluations ? Combien de fonctionnaires corrompus ont été sanctionnés ?

Une crise de confiance persistante, les investisseurs se retirent, les bailleurs suspendent leur aide, et les indicateurs économiques sont dans le rouge. Ce n’est pas un discours qui rassurera les marchés ni les ménages.

Une promesse sans cap clair, si la lutte contre l’impunité est indispensable, elle doit s’accompagner d’une vision stratégique pour le pays, avec des réformes économiques solides, urgentes et inclusives.

Dans des pays comme le Rwanda ou le Botswana, des campagnes anti-corruption ont été couplées à une amélioration significative des services publics et à une forte attractivité économique. Au Sénégal, on assiste à une dissociation : d’un côté, des discours sur la transparence ; de l’autre, une administration inefficace et une population à bout de souffle.

Selon les derniers rapports de la Banque mondiale, la croissance du Sénégal ralentit, avec un taux de chômage des jeunes dépassant 20%. La Banque africaine de développement souligne également un climat d’affaires dégradé. À cela s’ajoute un déficit budgétaire creusé, avec des retards de paiement dans plusieurs secteurs clés. Dans ce contexte, parler uniquement d’éthique administrative relève d’un aveuglement politique.

Le combat contre la corruption est certes important, mais il ne peut plus être utilisé comme écran de fumée pour masquer l’inaction économique. Depuis des années, les Sénégalais entendent les mêmes promesses. Ce qu’ils attendent aujourd’hui, ce sont des actes concrets : des emplois, une baisse des prix, une relance de l’investissement, et une gestion rigoureuse des finances publiques. Il faut de sortir des slogans. Wax bi baré na.

Article opinion écrit par le créateur de contenu : Anonyme.
Mis en ligne : 14/08/2025

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