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Le 6 août 2025, un hélicoptère militaire s’écrase dans la région Ashanti, au Ghana, coûtant la vie à huit personnes, dont deux ministres en fonction : Edward Omane Boamah, ministre de la Défense, et Ibrahim Murtala Muhammed, ministre de l’Environnement. Ce drame a bouleversé le pays et suscité une vive émotion. Une fois encore, les autorités ont promis l’ouverture d’une enquête. Mais combien de fois avons-nous entendu ces promesses, sans qu’elles soient suivies d’effets concrets ?
Ce drame met une nouvelle fois en lumière les failles profondes de nos systèmes de sécurité, aggravées par une culture persistante de l’opacité et de l’irresponsabilité.
Les crashs d’appareils militaires ne sont malheureusement pas des phénomènes isolés en Afrique de l’Ouest. Entre maintenance défaillante, équipements obsolètes, et flou administratif, plusieurs armées de la sous-région opèrent dans des conditions inquiétantes. Le Ghana, longtemps considéré comme un exemple de stabilité démocratique et de bonne gouvernance, n’échappe plus à cette dérive. La mort de deux ministres dans un vol intérieur en hélicoptère militaire est un choc, mais elle révèle surtout un mal plus profond.
L’article factuel relate l’événement avec sobriété : un crash, une annonce officielle, un hommage, une enquête en cours. Pourtant, rien ne dit que cette enquête sera rendue publique. Rien ne garantit qu’elle sera menée par un organe réellement indépendant. Et surtout, rien n’assure qu’elle débouchera sur des réformes ou des sanctions.
Ce qui devrait alerter, c’est que ce ne sont pas de simples citoyens, mais deux figures majeures du gouvernement qui ont péri. Si même l’élite n’est pas protégée des défaillances systémiques, alors que dire du sort réservé aux soldats ordinaires, aux personnels techniques, ou à tout autre usager des appareils militaires ? Ce crash est un énième rappel brutal de l’état d’abandon dans lequel sont laissées certaines flottes militaires africaines.
Manque de transparence, il est rare, pour ne pas dire exceptionnel, qu’un rapport d’enquête militaire soit publié dans son intégralité dans nos pays. On évoque l’opacité pour protéger les « intérêts stratégiques » de la nation. En réalité, cette opacité protège surtout les négligences.
Absence d’audits indépendants, combien d’appareils volent encore sans contrôle technique rigoureux ? Qui certifie leur navigabilité ? L’absence d’un organe externe pour superviser l’état des équipements militaires est une faille structurelle.
Culture de l’impunité, aucune démission, pas de mise en cause directe, pas de reconnaissance officielle de faute grave ou de responsabilité politique. Le drame suit son cours, mais le système reste inchangé.
Le Ghana n’est pas seul. On se souvient du crash d’un avion militaire au Nigeria en 2021, qui avait tué le chef d’état-major de l’armée. Là encore, enquête annoncée… et silence prolongé. Le Mali, le Tchad, ou encore le Cameroun ont eux aussi connu des accidents mortels mettant en cause leurs appareils militaires. À chaque fois, la même promesse, les mêmes silences.
Des audits indépendants des flottes militaires doivent être commandés. Chaque accident devrait donner lieu à un rapport public, consultable, débattu, et suivi de recommandations claires. Les ministres de la Défense doivent être redevables, non pas seulement dans la douleur des hommages, mais dans la rigueur de la prévention.
Ce crash n’est pas un simple accident. C’est le symptôme d’un système défaillant. La disparition tragique de deux ministres ne doit pas être engloutie dans le cycle habituel des émotions sans lendemain. Notre parti pris est clair : assez d’enquêtes sans résultats, assez d’opacité. Exigeons des comptes. Car s’il faut que des responsables meurent pour que l’on prenne conscience des failles, alors c’est que notre sécurité est en faillite.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Moussa Dramé.
Mis en ligne : 14/08/2025
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