Cette décision crée un dangereux précédent : Faut-il s’inquiéter ? - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Justice | Par Eva | Publié le 15/08/2025 08:08:00

Cette décision crée un dangereux précédent : Faut-il s’inquiéter ?

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La récente décision du Tribunal de grande instance hors classe de Dakar, relaxant Assane Diouf pour le délit d’offense à une personne exerçant les prérogatives du président de la République, relance un débat fondamental sur les limites de la liberté d’expression au Sénégal. Bien que condamné pour diffusion de fausses nouvelles et propos contraires aux bonnes mœurs, l’intéressé a aussitôt recouvré la liberté. Cette décision crée un dangereux précédent et banalise une dérive verbale qui affaiblit les institutions.

Assane Diouf, connu pour ses sorties virulentes sur les réseaux sociaux, avait été poursuivi pour avoir tenu des propos jugés offensants dans une vidéo largement relayée. Alors que le ministère public avait requis deux ans de prison dont six mois ferme, le tribunal s’est limité à une peine de quatre mois déjà purgée. Cette clémence, couplée à la relaxe pour l’offense envers une autorité républicaine, fait écho à une autre décision controversée : celle concernant Moustapha Diakhaté, également relaxé dans une affaire similaire.

Le chef d’accusation « d’offense à une personne exerçant tout ou partie des prérogatives du président de la République » semble perdre toute portée judiciaire. À travers deux décisions consécutives, la justice sénégalaise envoie un signal inquiétant : insulter une autorité, même celle incarnant l’État, ne serait plus juridiquement répréhensible. Si la liberté d’expression est un pilier fondamental de toute démocratie, elle n’autorise pas tout, surtout pas l’injure publique ni les discours incendiaires.

Lorsque l’on considère qu’aucune sanction n’est applicable en cas d’offense à l’égard de la première institution de la République, c’est toute l’autorité de l’État qui se trouve fragilisée. En ouvrant la porte à l’impunité verbale, la justice normalise une forme de violence symbolique. La société s’habitue aux propos outranciers, à l’irrespect et à la perte de repères civiques. La jurisprudence actuelle envoie un mauvais message à l’opinion publique : on peut proférer des insultes en ligne contre des figures publiques sans conséquence majeure. En France, en Côte d’Ivoire ou même au Maroc, les propos jugés diffamatoires ou outrageants envers des institutions sont strictement encadrés. Le Sénégal semble faire le choix inverse : celui de la permissivité.

Des juristes interrogés ces dernières années ont souvent appelé à une révision des textes pour mieux définir les contours de la liberté d’expression, sans pour autant dépouiller les institutions de toute protection. Or, ici, ce n’est pas l’inexistence de loi qui pose problème, mais son application aléatoire ou laxiste.

Dans des pays comme le Rwanda ou l’Algérie, les lois sur l’offense au chef de l’État sont strictes, parfois même excessives. À l’inverse, le Sénégal semble glisser vers une tolérance quasi absolue ce qui peut sembler progressiste, mais devient problématique dans un contexte de fragilité institutionnelle et de polarisation politique.

L’affaire Assane Diouf n’est pas anodine. Elle est le reflet d’une justice qui hésite à tracer des lignes claires entre liberté d’expression et responsabilité citoyenne. En relaxant un homme pour des propos pourtant injurieux envers les institutions, elle établit une jurisprudence dangereuse. Si rien n’est fait pour corriger ce cap, le Sénégal risque de devenir un terrain où la parole outrancière prévaut sur le respect républicain. Une dérive à laquelle il faut urgemment mettre fin.

Article opinion écrit par le créateur de contenu : Anonyme.
Mis en ligne : 15/08/2025

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