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Le plan de redressement économique et social récemment présenté par le Premier ministre Ousmane Sonko a suscité des réactions vives, notamment au sein de l’Alliance pour la République (APR). Par la voix de son Secrétariat Exécutif National, l’APR a qualifié ce plan de « politique de répression économique », dénonçant notamment une lourde charge fiscale pesant sur les Sénégalais et la remise en cause des exonérations fiscales.
Si cette indignation peut sembler légitime à première vue, elle mérite toutefois d’être nuancée. Car il est particulièrement cynique que l’APR, qui a dirigé le pays durant plusieurs années, joue aujourd’hui les victimes alors que c’est sous sa gouvernance que le Sénégal a accumulé une dette colossale et creusé les inégalités sociales.
Durant les mandats successifs de l’APR, le Sénégal a vu sa dette publique exploser, passant d’environ 12 milliards d’euros en 2012 à plus de 25 milliards d’euros aujourd’hui. Cette augmentation massive, conjuguée à une croissance économique souvent insuffisante pour absorber cette charge, a fragilisé les finances publiques. Les réformes entreprises visaient à stabiliser la situation budgétaire, mais ont été marquées par une pression accrue sur les ménages et les petites entreprises, qui constituent pourtant le moteur de l’économie nationale. Le tissu économique sénégalais est aujourd’hui affaibli, avec une concentration excessive des richesses et un taux de chômage particulièrement élevé chez les jeunes.
Dans ce contexte, l’attaque de l’APR contre le plan de redressement du gouvernement apparaît davantage comme une stratégie politique que comme une véritable critique constructive. Alors que le gouvernement présente ce plan comme une étape nécessaire pour remettre les finances sur pied et garantir une croissance durable, l’APR choisit de dénoncer ce qu’elle appelle une « politique de répression économique ». Cette posture gomme soigneusement leur propre responsabilité dans la dégradation de la situation économique.
Le porte-parole Papa Malick Ndour accuse le plan de « sacrifier » les entreprises en centralisant les dépenses et dénonce la remise en cause des exonérations fiscales. Pourtant, ces exonérations, souvent distribuées sans contrepartie économique tangible, ont contribué à creuser le déficit public. Une politique fiscale plus rigoureuse, même si elle peut être difficile à mettre en œuvre, est indispensable pour élargir l’assiette fiscale, assurer une meilleure justice sociale et financer les services publics essentiels.
D’abord, il est important de rappeler que la dette élevée du Sénégal limite fortement la marge de manœuvre budgétaire de l’État. Continuer à accorder des exonérations fiscales sans contrôle reviendrait à creuser encore davantage le déficit, au détriment des investissements publics dans la santé, l’éducation ou les infrastructures.
Ensuite, le ciblage des dépenses et la centralisation des ressources publiques peuvent être perçus comme contraignants, mais ils sont indispensables pour garantir une gestion plus transparente et efficace. Enfin, si les mesures fiscales doivent être équilibrées pour ne pas étouffer les ménages ou les petites entreprises, il est illusoire de penser que l’on peut redresser l’économie sans réformes structurelles.
Plusieurs pays africains confrontés à des niveaux d’endettement comparables, comme le Ghana ou le Kenya, ont également adopté des plans de redressement avec des mesures parfois difficiles, notamment en matière fiscale. Si ces politiques sont souvent impopulaires, elles sont cependant jugées nécessaires pour restaurer la confiance des investisseurs et assurer la stabilité macroéconomique.
En Europe, des pays comme la Grèce ont vécu des périodes de rigueur budgétaire sévère pour redresser leur économie. Certes, ces exemples montrent aussi les risques d’un excès de rigueur, mais ils soulignent surtout que le redressement passe par des mesures parfois douloureuses et inévitables.
Au final, l’APR ferait mieux d’assumer pleinement son rôle dans la situation économique actuelle du Sénégal plutôt que de dénoncer avec cynisme une politique qu’elle refuse d’assumer. Le plan de redressement présenté est certes difficile et suscite des inquiétudes légitimes, mais il répond à une nécessité objective de rééquilibrage économique.
Crier à la « répression économique » sans reconnaître ses propres responsabilités ne contribue qu’à embrouiller le débat public et à freiner la recherche de solutions durables. Le Sénégal mérite une opposition responsable, capable de proposer des alternatives crédibles plutôt que de jouer le rôle de pleureuse politique.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Anonyme.
Mis en ligne : 15/08/2025
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