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Le récent projet de loi sur la déclaration de patrimoine adopté en Conseil des ministres, et qui sera soumis à l’Assemblée nationale le 18 août, constitue une gifle pour tous les Sénégalais qui avaient placé leurs espoirs dans la rupture promise par le PASTEF. Ce texte, en dispensant le président de la République de déclarer son patrimoine en fin de mandat, démontre un cynisme politique et une volte-face inacceptable de ce parti qui avait pourtant fait de la souveraineté, de la transparence et de l’éthique les pierres angulaires de son engagement. Cette mesure est un recul grave, un abandon de principes fondamentaux qui mine la crédibilité même du PASTEF au pouvoir.
Lors de la campagne présidentielle et des législatives, le PASTEF avait crié sur tous les toits la nécessité absolue d’instaurer une nouvelle gouvernance, basée sur la transparence et la lutte contre la corruption. « Jubb, Jubbel, Jubbanti », leur slogan phare, résonnait comme une promesse de contrôle rigoureux de l’action publique et d’exemplarité. Pourtant, à peine 18 mois après son arrivée au pouvoir, le PASTEF semble avoir tourné casaque. Ce projet de loi illustre une habitude déplorable dans nos régimes politiques : promettre le changement pour mieux préserver les privilèges.
Exempter le président de déclarer son patrimoine en fin de mandat est une aberration juridique et morale. Comme le souligne Doudou Wade, ancien président du groupe parlementaire libéral, cela vide de sens toute la démarche de déclaration d’entrée en fonction. Pourquoi demander une déclaration initiale si on renonce à la déclaration finale, qui est le seul moyen réel de contrôler les enrichissements illicites ? Ce passe-droit crée une dangereuse porte ouverte à l’impunité et fait fi des engagements internationaux du Sénégal, notamment ceux liés au code de transparence de l’UEMOA et à la Constitution sénégalaise elle-même.
Le chef de l’État doit incarner l’exemplarité, un message fort pour les autres responsables publics et pour le peuple. En dérogeant à cette obligation, le PASTEF sape la confiance des citoyens dans leurs institutions.
Si le président bénéficie d’une dispense, cela encouragera d’autres membres du gouvernement à ignorer leurs obligations, favorisant ainsi la corruption et la mauvaise gestion.
Le PASTEF avait promis une gouvernance souveraine et éthique. Or, en cédant à ces pratiques opaques, il abandonne ces principes, plaçant le Sénégal dans une régression démocratique au lieu d’un progrès.
Dans plusieurs pays africains et ailleurs, la déclaration de patrimoine systématique des dirigeants est devenue une norme, un rempart contre l’enrichissement personnel et l’abus de pouvoir. Au Rwanda, par exemple, un contrôle strict est imposé aux responsables politiques. Le Sénégal, quant à lui, se distingue par cette dérive alarmante où l’impunité des élites continue de prospérer. Ce recul n’est pas seulement une déception locale, c’est une régression qui fait honte sur la scène internationale.
Le PASTEF est en train de passer à côté de l’histoire politique sénégalaise, sacrifiant ses idéaux sur l’autel du pouvoir et des compromissions. En exemptant le président de l’obligation de déclarer son patrimoine en fin de mandat, il enterre la transparence et l’éthique qu’il prétendait défendre. Le peuple sénégalais mérite mieux que ces fausses promesses et ce recul inacceptable. Il est urgent que les députés corrigent ce texte, et que les citoyens restent vigilants, exigeant des dirigeants qu’ils respectent leurs engagements et que la lutte pour une véritable bonne gouvernance continue, plus déterminée que jamais.
La souveraineté et la transparence ne doivent pas être des slogans électoraux, mais des principes intangibles. Le PASTEF a l’occasion de rectifier le tir, sinon son passage au pouvoir restera un gâchis politique et moral que l’Histoire ne pardonnera pas.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Anonyme.
Mis en ligne : 17/08/2025
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