Le Sénégal s’expose à un recul inquiétant : Transparence à sens unique - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Politique | Par Eva | Publié le 17/08/2025 03:08:20

Le Sénégal s’expose à un recul inquiétant : Transparence à sens unique

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Le projet de loi récemment adopté en Conseil des ministres, concernant la déclaration de patrimoine des responsables publics, a d’ores et déjà suscité de vives réactions. Cette nouvelle loi, attendue devant l’Assemblée nationale le 18 août, institue une disposition controversée : le président de la République serait exempté de déclarer son patrimoine à la fin de son mandat. Une mesure qui soulève de sérieux questionnements sur la cohérence et la portée réelle de cette législation.

Le contexte est clair : la déclaration de patrimoine, en tant qu’outil de transparence et de lutte contre la corruption, est une exigence essentielle de toute démocratie moderne. Le Sénégal, à travers ses engagements internationaux notamment avec l’UEMOA et ses propres lois de bonne gouvernance, a toujours affiché l’objectif d’ériger la transparence en principe non négociable. Pourtant, ce projet de loi vient instaurer une anomalie majeure : exiger une déclaration de patrimoine à l’entrée dans la fonction, mais l’exempter à la sortie.

Cette incohérence manifeste est d’autant plus choquante que la fonction présidentielle incarne l’exemplarité. En l’absence de déclaration à la fin du mandat, comment garantir que le chef de l’État n’a pas profité de son pouvoir pour enrichissement personnel ou pratiques douteuses ? Le précédent de l’ex-président Macky Sall, resté 12 ans au pouvoir sans jamais être soumis à cette obligation (la loi étant intervenue après son investiture), illustre parfaitement le danger de telles failles réglementaires.

Un pays démocratique digne de ce nom ne peut se permettre une telle injustice qui creuse le fossé entre les citoyens et leurs dirigeants. Si le président échappe à cette obligation, quel ministre, quel haut fonctionnaire se sentira tenu d’y obéir ? Cette porte ouverte à l’opacité fragilise les mécanismes de contrôle et alimente la défiance citoyenne, déjà bien présente face aux scandales de corruption.

À l’international, les pays où la déclaration de patrimoine est obligatoire en début et fin de mandat ont montré des résultats plus positifs dans la prévention des abus de pouvoir. À l’inverse, des situations où la sortie du pouvoir n’est pas contrôlée ont souvent été le terreau d’enrichissements illicites et de détournements de fonds. Le Sénégal ne peut se permettre de s’inscrire dans cette mauvaise dynamique.

Ce projet de loi, loin de renforcer la transparence, la compromet gravement. Il s’agit d’une régression notable dans un contexte où le Sénégal doit au contraire consolider ses acquis démocratiques. Nous appelons donc les députés à amender ce texte pour rétablir l’obligation de déclaration de patrimoine pour le président en fin de mandat. Le chef de l’État doit être le premier à montrer l’exemple, à incarner l’intégrité et la responsabilité vis-à-vis des citoyens.

Sans une telle exigence, le Sénégal s’expose à un recul inquiétant dans la lutte contre la corruption et la mal gouvernance. La transparence ne peut pas être à géométrie variable. Il faut que nos dirigeants comprennent que la confiance se gagne par la cohérence et la rigueur, et non par des exemptions inacceptables. Nous devons tous exiger une gouvernance exemplaire, avec des règles claires et applicables à tous, sans exception. Toute autre voie conduit inévitablement à l’impunité et à la défiance généralisée.

Cette position ne se veut pas une simple critique stérile, mais un appel à la vigilance démocratique. Le Sénégal mérite mieux que des demi-mesures qui bafouent les principes fondamentaux de la bonne gouvernance. L’heure est venue d’exiger une transparence réelle, intégrale et obligatoire, pour bâtir un État de droit solide et respecté.

Article opinion écrit par le créateur de contenu : El Hadji Faye.
Mis en ligne : 15/08/2025

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