« Lo déf bakhna » : Le dilemme d’un jeune mari - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Confidence | Par Eva | Publié le 17/08/2025 10:08:15

« Lo déf bakhna » : Le dilemme d’un jeune mari

Je me suis marié il y a un an à une jeune femme pleine de vie, âgée de 22 ans. Depuis ce jour, notre vie commune est un apprentissage constant, fait de petits ajustements et de grandes interrogations. Aujourd’hui, j’aimerais partager avec vous une réflexion intime, un témoignage qui, je l’espère, résonnera chez d’autres couples sénégalais vivant des dynamiques similaires.

Mon problème est simple, mais difficile à gérer. Je ne suis pas du genre à aimer déranger les autres, à imposer mes goûts ou mes envies. Ma femme, de son côté, cherche souvent à savoir ce que je pense de ce qu’elle porte, de ce qu’elle cuisine, de ce qu’elle choisit. Elle a besoin d’être rassurée, de sentir que ses choix ont mon approbation. Pourtant, chaque fois qu’elle me demande mon avis, je réponds souvent : « Lo déf bakhna » (c’est comme tu veux). Cette réponse, je le sais, la frustre, mais je ne veux pas qu’elle se sente obligée de faire des choses au-delà de ses moyens ou qui la mettent mal à l’aise.

Cette retenue se manifeste aussi la nuit. Parfois, quand je la trouve déjà au lit, je me couche doucement à côté d’elle sans insister, même si le désir est là. Je me dis qu’elle est peut-être fatiguée, qu’il faut respecter son rythme. Je ne veux surtout pas qu’elle se sente rejetée, ni qu’elle interprète mal mon silence.

Mais l’autre jour, une dispute a éclaté. Elle m’a reproché de ne pas la désirer, de ne pas venir vers elle, de ne pas l’aimer vraiment, de ne pas m’intéresser à ce qu’elle dit. Ces accusations m’ont profondément touché, car ce n’est pas ce que je ressens. Au contraire, mon silence et ma discrétion viennent d’un souci de ne pas être un poids, de ne pas lui imposer ce qu’elle n’a pas envie de vivre. Je me rends compte que ma façon d’aimer est différente, plus calme, plus réservée, et que cela peut être mal compris.

En réfléchissant, je me demande si elle ne fait pas partie de ces femmes, peut-être comme beaucoup d’autres, qui ont besoin de vivre une certaine intensité, un peu de tension, pour se sentir aimées. Peut-être qu’elles n’aiment pas la paix tranquille que j’essaie de préserver, mais qu’elles ont besoin d’être secouées, stimulées émotionnellement. Je me questionne donc : dois-je changer, faire semblant d’être un peu plus dur, créer un peu de stress pour répondre à ce besoin, ou rester fidèle à ce que je suis, même si cela crée parfois des incompréhensions ?

Je ne doute pas de mon amour pour elle. Mais aimer ne serait-il pas aussi apprendre à parler des langages différents ? Trouver un équilibre entre respect et expression ? Entre paix et passion ? Dans notre société sénégalaise où la famille est au cœur des valeurs, où le mariage est un engagement sacré, ces questions prennent une importance particulière.

Ce que je souhaite, c’est construire avec elle une relation basée sur le dialogue vrai, la patience et la compréhension mutuelle. Apprendre à reconnaître que chacun exprime son amour à sa manière, et que l’essentiel est d’écouter et d’entendre l’autre.

Je ne prétends pas avoir toutes les réponses, mais j’espère que ce témoignage pourra aider d’autres couples à réfléchir à leurs propres dynamiques, à ne pas craindre la différence, et surtout à oser parler. Parce que dans un Sénégal en pleine évolution, le mariage aussi doit s’adapter, grandir avec ses enfants, ses joies, ses doutes et ses combats.

Article opinion écrit par le créateur de contenu : Anonyme.
Mis en ligne : 17/08/2025

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