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Le député Guy Marius Sagna ne cesse de s’exprimer avec vigueur sur les dysfonctionnements de la justice sénégalaise. Dans un récent message sur Facebook, il a dénoncé « un système judiciaire qui envoie les voleurs de poulets en prison et qui accorde des bracelets électroniques aux kulunas qui ont pillé les milliards des Sénégalais ». Ce constat, fort et clair, met en lumière une inégalité flagrante dans le traitement des justiciables. Toutefois, si son cri d’alarme est légitime, il convient de s’interroger sur la portée réelle de ses interventions, qui, bien que médiatisées, semblent manquer de propositions concrètes pour réformer le système.
La justice sénégalaise est régulièrement épinglée pour ses inégalités et son traitement inégal des citoyens selon leur statut social. La colère exprimée par Guy Marius Sagna fait écho à une frustration populaire largement partagée : les petits délinquants subissent des peines lourdes tandis que les puissants s’en sortent souvent avec des mesures alternatives, comme le bracelet électronique. En tant que député, il dispose d’un mandat populaire et de moyens institutionnels pour peser sur la législation et sur les mécanismes de contrôle du gouvernement. Pourtant, malgré ses prises de parole récurrentes, peu de réformes concrètes ou d’initiatives législatives portées par lui sont visibles.
Guy Marius Sagna excelle dans l’art de la formule choc, suscitant l’attention et la sympathie grâce à ses discours francs et directs. Cela dit, dénoncer des injustices est une chose ; porter des réformes en est une autre. Le rôle d’un député ne se limite pas à interpeller ou à dénoncer dans les médias, mais surtout à utiliser les outils à sa disposition : propositions de loi, amendements, commissions d’enquête. Or, il est regrettable que ses interventions ne s’accompagnent pas d’actions tangibles visant à améliorer la justice sénégalaise. Le leadership véritable implique de transformer la colère en initiatives législatives, en mobilisations parlementaires ou en alliances pour provoquer un changement durable.
Le député Sagna dispose d’un accès direct aux leviers du pouvoir : il peut porter des propositions concrètes pour réduire l’impunité, réformer les procédures judiciaires ou renforcer la transparence. Pourtant, il privilégie souvent la scène médiatique, adoptant un rôle de tribun plus que celui d’acteur politique. Ce positionnement pose question : pourquoi un élu, doté de mandats et de responsabilités, se limite-t-il à des slogans percutants sans les traduire en mesures pratiques ? Cette posture contribue à nourrir un sentiment d’impuissance et de scepticisme auprès du public, qui attend non seulement des constats mais des solutions.
Dans d’autres démocraties, des parlementaires engagés dans des combats similaires ont souvent su conjuguer dénonciations publiques et actions concrètes. En Afrique du Sud, par exemple, des élus ont initié des commissions d’enquête parlementaires pour lutter contre la corruption systémique. En Europe, la critique médiatique va de pair avec des propositions législatives précises visant à renforcer l’état de droit. Le contraste souligne que la simple indignation, même justifiée, ne suffit pas à provoquer des réformes majeures.
Le cri d’alarme de Guy Marius Sagna sur les inégalités de la justice sénégalaise est légitime et résonne avec une attente populaire réelle. Toutefois, son absence d’actions concrètes pour transformer ses indignations en réformes fragilise son discours et limite son impact réel. En tant que député, il se doit de dépasser le rôle de simple orateur pour devenir un acteur du changement, capable de mobiliser les outils législatifs et politiques à sa disposition. Car dénoncer sans agir, c’est finalement conforter un statu quo qui nuit à la justice et à la confiance des citoyens. Le vrai leadership exige plus que des mots : il réclame des actes.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Salif Ndiaye.
Mis en ligne : 19/08/2025
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