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L’annonce tragique de la mort d’un nourrisson gambien, victime d’une excision mortelle, a récemment fait réagir la police gambienne qui a ouvert une enquête et arrêté deux femmes suspectées. Cette situation, relayée publiquement par les autorités, illustre une réalité inquiétante : bien que l’excision soit interdite en Gambie depuis 2015, la pratique perdure, parfois dans l’indifférence quasi générale.
En effet, la Gambie, à l’instar de plusieurs pays africains, s’est dotée d’une législation claire visant à éradiquer les mutilations génitales féminines (MGF). Pourtant, cette interdiction reste largement lettre morte. Le cas récent de ce bébé de quelques semaines, excisé à domicile et décédé d’une hémorragie, révèle l’ampleur de l’inaction institutionnelle. Pourquoi faut-il qu’une vie soit sacrifiée et médiatisée pour que les autorités daignent réagir ? Ce constat révèle l’échec d’un État qui, malgré la loi, ferme les yeux, par complicité ou par faiblesse.
L’histoire est d’autant plus dramatique que, dans l’année écoulée, certains députés ont même tenté de revenir sur l’interdiction, cherchant à légaliser de nouveau cette pratique barbare. Ce double langage politique questionne la sincérité de la volonté étatique à protéger les femmes et les filles gambiennes. Si l’État légifère contre l’excision mais tolère dans les faits son existence, il devient complice d’une violence systémique.
Cette situation soulève une question essentielle : à quoi sert une loi si elle n’est pas appliquée ? À quoi servent les sanctions si elles ne sont jamais prononcées ? La Gambie n’est malheureusement pas un cas isolé. Au Sénégal voisin, bien que la pratique soit également interdite, de nombreux cas continuent d’être signalés sans que les autorités ne prennent des mesures efficaces. À l’inverse, la Gambie aurait pu être un modèle d’application stricte, mais elle trahit ses engagements. La loi ne peut être un simple alibi destiné à rassurer l’opinion publique ou les organisations internationales.
Ce décalage entre textes et réalités est d’autant plus criant que les familles continuent d’exciser leurs filles, souvent dès la naissance, espérant masquer la pratique et accélérer la cicatrisation. Ce phénomène souligne un profond problème culturel et social, certes, mais aussi la défaillance d’une gouvernance qui ne fait pas respecter les droits fondamentaux des femmes.
Il faut que le gouvernement gambien prenne ses responsabilités et passe des paroles aux actes. La mort de ce bébé ne doit pas rester un simple fait divers médiatisé, mais un électrochoc pour appliquer enfin la loi à la lettre. Les responsables, s’ils sont reconnus coupables, doivent encourir les peines maximales. Sans cela, le pays continuera à tourner le dos à ses engagements et à sa jeunesse.
La Gambie illustre tristement le fossé entre la législation et son application sur le terrain. Interdire l’excision sur le papier, sans la faire respecter réellement, est une hypocrisie inacceptable. Si la protection des femmes et des filles gambiennes est véritablement une priorité, l’État doit démontrer sa détermination à combattre cette pratique sans compromis, et ne plus laisser des vies innocentes être sacrifiées dans le silence.
Article opinion écrit par la créatrice de contenu : Eve Sagna.
Mis en ligne : 19/08/2025
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