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Dans son édition du samedi 16 août, Les Échos rapporte que la bataille pour l’élection du maire de Dakar, prévue au plus tard le 27 août, s’intensifie. Le parti PASTEF, bien que minoritaire, a désigné Abass Fall, ministre du Travail, comme candidat. De son côté, la coalition majoritaire Takhawou Dakar, menée par Khalifa Sall, s’organise pour contrer ce choix, tandis que Benno Bokk Yaakaar hésite encore entre présenter un candidat ou en soutenir un déjà en lice.
Enfin, en cas d’échec du processus électoral, une délégation spéciale pourrait être mise en place. Or, derrière cette agitation politique, il est regrettable que cette élection, au lieu d’être une opportunité pour présenter des solutions concrètes aux défis de Dakar, soit réduite à une lutte de clans et de personnes.
La capitale sénégalaise fait face à des problèmes récurrents et urgents : gestion inefficace des déchets, inondations répétitives chaque saison des pluies, manque criant de logements abordables, ou encore mobilité urbaine chaotique. L’élection municipale devrait donc être un moment fort de débats d’idées et de confrontation de projets pour améliorer la vie des habitants. Pourtant, depuis la destitution de Barthélémy Dias en décembre 2024 et l’intérim assuré par Ngoné Mbengue, les discussions semblent tourner uniquement autour de stratégies politiques et d’alliances, reléguant les véritables priorités au second plan.
L’article de Les Échos illustre cette dérive : les mots employés évoquent des ambitions personnelles, des mobilisations partisanes, des concertations de couloirs, mais jamais un programme ou une vision claire pour Dakar. Pire encore, la simple éventualité d’imposer une délégation spéciale en cas d’échec électoral démontre que l’on privilégie la préservation du pouvoir au détriment de l’expression démocratique.
Cette situation est préoccupante pour plusieurs raisons. D’abord, aucune coalition n’a pris le soin de proposer un plan d’action répondant aux besoins pressants de la ville. Ensuite, les figures mises en avant, Abass Fall, Khalifa Sall, Ngoné Mbengue, apparaissent davantage comme des symboles de rivalités politiques que comme des porteurs de solutions pour les habitants. Enfin, la menace d’un passage en force par délégation spéciale montre à quel point l’intérêt des citoyens passe après les calculs partisans. Cette logique contraste fortement avec d’autres capitales africaines.
À Kigali, les autorités locales ont su transformer les échéances électorales en leviers de réformes urbaines ambitieuses : plan anti-inondation, propreté exemplaire, urbanisme moderne. À Accra, les récentes élections locales ont permis d’introduire de nouvelles politiques de gestion des déchets et de logement social. Dans ces villes, la compétition politique s’est traduite en bénéfices tangibles pour les populations, ce qui n’est manifestement pas le cas à Dakar aujourd’hui.
Dakar mérite mieux que des tractations politiciennes sans contenu. Le débat municipal doit se recentrer sur les projets concrets et non sur les rapports de force entre coalitions. La population ne peut continuer à subir un simulacre d’élection qui se limite à l’affrontement de personnalités.
On doit exiger des propositions claires et audacieuses : un plan structuré contre les inondations, un système durable de gestion des déchets, des programmes de logements accessibles, ou encore des mesures pour fluidifier la mobilité urbaine. Si les coalitions persistent à ignorer ces enjeux, alors c’est aux citoyens de rejeter cette mascarade et de réclamer un débat digne de ce nom. Car le véritable enjeu n’est pas de savoir qui s’installera dans le fauteuil du maire, mais de déterminer quelle vision guidera Dakar vers un avenir plus vivable et plus équitable.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Mamadou Sy.
Mis en ligne : 21/08/2025
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