Les opinions exprimées dans cet article sont celles d’un contributeur externe. NotreContinent.com est une plateforme qui encourage la libre expression, la diversité des opinions et les débats respectueux, conformément à notre charte éditoriale « Sur NotreContinent.com chacun est invité à publier ses idées »
Ces derniers jours, le Mali a été secoué par une vague d’arrestations qui en dit long sur l’état de son pouvoir militaire. Selon plusieurs sources sécuritaires, au moins 55 militaires, dont deux généraux respectés, ont été interpellés, soupçonnés de préparer un renversement de la junte actuellement au pouvoir. Cette information factuelle, rapportée par l’AFP, soulève un questionnement majeur : la junte protège-t-elle le Mali ou ses propres intérêts ?
Depuis 2012, le pays traverse une crise sécuritaire majeure alimentée par les violences jihadistes et criminelles, auxquelles s’ajoute une profonde crise économique. Les deux coups d’État de 2020 et 2021 ont placé la junte au pouvoir, dirigée par le colonel Assimi Goïta, qui a choisi de s’éloigner des partenaires occidentaux traditionnels pour se rapprocher de la Russie, au nom d’un souverainisme affiché. Mais au-delà des slogans, ce qui se déroule aujourd’hui révèle une obsession pour la survie du régime, au détriment de l’armée et de la nation.
Ces arrestations montrent que la junte pratique des purges internes semblables à celles qu’elle prétend combattre. La garde nationale, corps d’origine du ministre de la Défense, a été particulièrement ciblée. Même des figures respectées comme le général Abass Dembélé et la générale de brigade Nema Sagara ont été arrêtées, souvent sans aucune explication officielle. Ce silence, dans un contexte de « loi de l’omerta », renforce l’idée que la junte agit moins pour protéger le pays que pour éliminer toute opposition interne.
Cette stratégie fragilise profondément l’armée. En s’attaquant à ses cadres expérimentés, le régime sape la cohésion d’une institution déjà affaiblie par les années de conflit et par la présence de mercenaires étrangers. Le paradoxe est saisissant : comment un régime qui se dit souverain et fort peut-il nourrir une telle peur de ses propres militaires ? Le sociologue malien Oumar Maïga souligne à juste titre la grogne au sein de l’armée, preuve que ces arrestations pourraient provoquer plus d’instabilité que de sécurité.
Dans plusieurs pays africains où des régimes militaires ont recouru à des purges internes par exemple en Guinée ou au Soudan ces méthodes ont souvent conduit à des effondrements institutionnels et à une perte de confiance dans l’armée, avec pour conséquence une incapacité à gérer efficacement les crises sécuritaires. Le Mali semble suivre le même chemin dangereux.
Ces arrestations massives révèlent une junte obsédée par sa propre survie plutôt que par la sécurité et l’avenir du Mali. En s’attaquant à ses propres cadres militaires, elle affaiblit l’institution qu’elle prétend protéger et nourrit un climat de peur et d’incertitude. Il est impératif que les autorités maliennes prennent conscience que la stabilité du pays ne se construit pas par des purges internes, mais par le renforcement de la cohésion militaire et la transparence dans la gouvernance. Tant que la junte privilégiera ses intérêts personnels à ceux du Mali, la paix et la sécurité resteront des illusions.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Anonyme.
Mis en ligne : 21/08/2025
—
La plateforme NOTRECONTINENT.COM permet à tous de diffuser gratuitement et librement les informations et opinions provenant des citoyens. Les particuliers, associations, ONG ou professionnels peuvent créer un compte et publier leurs articles Cliquez-ici.





