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Les récents affrontements dans le nord-est de la République démocratique du Congo (RDC) viennent rappeler, une fois de plus, l’incapacité de l’État à assurer la protection de ses citoyens. Les combats des 13 et 14 août 2025 entre l’armée congolaise et le mouvement politico-militaire CRP dans le territoire de Djugu, province de l’Ituri, ont fait au moins 31 morts, dont 19 civils. Ces chiffres tragiques, couplés au déplacement de plus de 15 000 personnes vers Bunia, soulignent l’ampleur du problème sécuritaire dans cette région.
Depuis des années, le nord-est de la RDC est le théâtre d’une violence quasi permanente. Les milices, qu’il s’agisse de la CRP ou de la Codeco, continuent d’opérer avec une liberté inquiétante, malgré les milliards investis dans le renforcement des Forces armées congolaises (FARDC). Les populations locales vivent dans un climat d’angoisse constant, leurs villages étant régulièrement la cible d’attaques et de représailles. Les allégations selon lesquelles l’armée aurait tiré des obus sur des civils, même si elles sont officiellement démenties, reflètent la méfiance et la défiance des citoyens envers une institution censée les protéger.
Il est frappant de constater l’ampleur de l’inefficacité militaire. Comment expliquer qu’après des années de conflits et des budgets colossaux alloués à la sécurité, les FARDC peinent encore à neutraliser des groupes armés pourtant bien identifiés ? La CRP, dirigée par Thomas Lubanga, ancien chef de milice condamné par la Cour pénale internationale, continue d’infliger souffrances et morts aux civils, tandis que la Codeco multiplie ses attaques meurtrières. Cette situation révèle un manque de stratégie clair et une planification militaire souvent improvisée, laissant les populations dans une vulnérabilité totale.
La persistance de ces violences met également en lumière des problèmes de gouvernance au sein de l’armée. Des accusations récurrentes de corruption et de collusion entre certains officiers et les milices nourrissent l’impression d’une institution gangrenée, incapable de remplir sa mission fondamentale. Le manque d’enquêtes indépendantes et de sanctions crédibles contribue à ce cercle vicieux où les exactions se répètent sans jamais être pleinement sanctionnées.
En comparant cette situation avec d’autres contextes africains, comme la lutte contre les groupes armés au Mali ou en Centrafrique, on observe que les États qui ont réussi à stabiliser leurs régions ont misé sur des réformes profondes de leurs forces de sécurité et sur un engagement réel auprès des populations locales. La RDC, en revanche, semble s’en tenir à des interventions ponctuelles et souvent disproportionnées, sans vision à long terme pour assurer la sécurité de ses citoyens.
Face à ces échecs répétés, la question reste entière : quand verra-t-on une réforme réelle de l’armée et une politique de sécurité crédible et durable en RDC ? Les habitants de l’Ituri méritent bien plus que des promesses ou des démentis officiels. La protection des civils ne peut plus être sacrifiée au nom d’une apparence de contrôle sur le terrain.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Ibrahima Diallo.
Mis en ligne : 22/08/2025
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