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Le Groupe Futur Média (GFM), fleuron de la presse sénégalaise fondé par Youssou Ndour, traverse aujourd’hui une zone de turbulences qui secoue autant ses employés que l’ensemble du secteur médiatique. Le mémorandum interne récemment rendu public révèle une crise économique et financière profonde, contraignant le groupe à envisager une restructuration drastique, incluant des suppressions d’emplois et des réductions de salaires.
Présenté comme une étape incontournable, ce plan de redressement ne peut cependant masquer les failles structurelles et stratégiques qui ont conduit à cette impasse. Cette crise est le reflet d’un manque d’anticipation et d’une gouvernance insuffisamment visionnaire.
Depuis sa création, le GFM a marqué l’histoire des médias au Sénégal et en Afrique de l’Ouest. Avec ses journaux, ses radios et ses chaînes de télévision, le groupe a longtemps incarné la réussite entrepreneuriale et culturelle, en s’appuyant sur la notoriété et le prestige de son fondateur. Il employait des centaines de personnes et symbolisait un modèle d’innovation et d’excellence dans le paysage médiatique.
Pourtant, derrière cette façade de réussite, les signes d’essoufflement étaient perceptibles : effondrement des recettes publicitaires, chute des ventes de journaux, charges fiscales lourdes et coûts d’exploitation croissants. La crise actuelle, loin d’être une surprise, résulte d’une accumulation de faiblesses non corrigées.
Le premier constat est la dépendance excessive du GFM aux revenus publicitaires. Dans un contexte économique marqué par la frilosité des annonceurs, cette stratégie s’est révélée fragile et imprudente. À cela s’ajoute une absence de diversification suffisante pour compenser la baisse des recettes traditionnelles. Le numérique, pourtant porteur de solutions nouvelles, n’a pas été suffisamment exploité comme source de revenus durable. La gestion semble avoir misé davantage sur l’image et la réputation que sur la mise en place d’un modèle économique résilient.
Plusieurs éléments expliquent l’impasse actuelle. Tout d’abord, la structure du groupe est restée prisonnière d’un modèle économique dépassé, sans avoir su développer de véritables alternatives comme les abonnements numériques, les partenariats stratégiques ou l’exportation de contenus. Ensuite, la gouvernance du GFM, incarnée par une figure emblématique mais centrée sur le prestige, a manqué de pragmatisme et d’anticipation.
La baisse des subventions publiques et les redressements fiscaux n’ont pas été accompagnés de plans de résilience solides. Enfin, la situation met en lumière un manque de vision à long terme : plutôt que de devancer les mutations du secteur, le groupe semble les avoir subies.
Au Maroc, le gouvernement accompagne activement les médias dans leur transition numérique, tandis qu’en Afrique du Sud, des centres de formation et des études sectorielles aident les acteurs à s’adapter. Au Sénégal, en revanche, le GFM semble livré à lui-même, sans soutien structurel ni plan de transformation crédible. Pourtant, des exemples comme celui de la TNT ou des médias en ligne montrent que l’innovation est possible, à condition d’y investir à temps et avec méthode.
Le GFM, doté de ressources humaines et symboliques considérables, n’a pas pris ce virage avec la rigueur nécessaire. Résultat : la restructuration actuelle, qui va se traduire par des licenciements massifs et des coupes salariales, ressemble moins à une stratégie proactive qu’à une réaction tardive.
Le Groupe Futur Média n’est pas seulement victime d’un contexte économique défavorable ; il est avant tout le reflet d’un manque de clairvoyance et d’une gouvernance trop confiante dans son prestige. Cette crise aurait pu être anticipée si une stratégie de diversification et d’innovation avait été adoptée plus tôt. Le plan de redressement annoncé, aussi douloureux soit-il, ne suffira pas à sauver le groupe sans une refonte en profondeur de sa vision et de son modèle.
Il faut que le GFM rompe avec la complaisance et se dote d’une stratégie solide, moderne et durable. Youssou Ndour et son équipe doivent dépasser le symbole pour entrer dans une logique de gestion professionnelle et innovante, afin que ce géant médiatique retrouve sa place, mais cette fois sur des bases solides.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Galass Fall.
Mis en ligne : 23/08/2025
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