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À quelques heures du Grand Magal de Touba, plusieurs passagers d’Air Sénégal se sont retrouvés bloqués à l’aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle, dans l’attente d’un vol initialement prévu le samedi 10 août à 9h45. Ce vol, destiné à rallier Dakar, a été reporté à plusieurs reprises, laissant les voyageurs dans une situation pénible. Depuis deux jours, ils patientent sans bagages, parfois logés à l’hôtel mais toujours privés d’informations fiables.
Parmi eux, des personnes âgées, des enfants et des malades, dont certains ont fait des malaises, un passager gravement atteint ayant même frôlé la mort. Face à ce tableau, il est difficile de rester neutre : il est inacceptable qu’une compagnie nationale, censée représenter la fiabilité et la sécurité de ses citoyens, agisse avec autant d’amateurisme et d’indifférence.
Air Sénégal, transporteur national du pays, joue un rôle stratégique dans la mobilité de la population et l’image du Sénégal à l’international. Pourtant, les dysfonctionnements se multiplient, avec des problèmes récurrents de ponctualité, de gestion et de fiabilité. Les voyageurs s’attendent à un service digne de ce nom, surtout lors d’événements d’ampleur nationale comme le Grand Magal, mais se heurtent à une organisation défaillante.
La crise de Roissy-Charles-de-Gaulle illustre parfaitement les failles de gestion de la compagnie. Des retards répétés sans explication claire, on évoque tour à tour des “problèmes techniques” ou du “nettoyage”, avec des heures de départ sans cesse modifiées – 14h30, puis 23h, avant un silence complet. Un manque total de communication, les passagers sont laissés dans l’ignorance, dépendants de rumeurs ou d’annonces contradictoires. Aucune solution concrète proposée, si certains ont été logés à l’hôtel, aucun plan sérieux de vol alternatif ou de remboursement n’a été mis en place.
Les besoins élémentaires des passagers n’ont pas été respectés. La souffrance des malades, des enfants et des personnes âgées semble avoir été reléguée au second plan.
Une telle situation montre une compagnie incapable de respecter ses engagements et de préserver la dignité de ceux qu’elle transporte.
Porter le nom du pays implique un devoir moral envers les passagers. Les abandonner dans une telle épreuve est une atteinte à cette responsabilité. Les retards à répétition et l’absence d’organisation sont révélateurs d’un problème structurel.
Certaines compagnies, confrontées à des crises, maintiennent une communication claire, offrent des compensations et trouvent des solutions rapides. Ici, rien de tel n’a été observé.
Chaque incident de ce type détériore un peu plus l’image de la compagnie et érode la confiance du public.
Ailleurs, même dans les situations de crise, les compagnies aériennes déploient des efforts pour informer, rassurer et compenser leurs passagers. Air Sénégal, au contraire, semble s’être réfugiée dans le silence, aggravant la frustration et le sentiment d’abandon. Ce manque de réactivité ternit non seulement sa réputation, mais aussi celle du pays qu’elle représente.
Air Sénégal enchaîne les déboires depuis des années. Retards interminables, annulations de dernière minute, pertes de bagages, passagers laissés à l’abandon dans les aéroports : les plaintes s’accumulent et les incidents se répètent.
Les exemples ne manquent pas. En mars 2024, des participantes à la Sénégazelle ont passé plus de 30 heures bloquées à Dakar. En décembre 2023, des voyageurs de Cap Skirring ont subi un retard de 24 heures. En mai 2024, un Boeing 737 à destination du Mali a dû faire demi-tour pour cause de problème technique. L’Inspection Générale d’État a même ouvert une enquête couvrant la période 2017-2024, pointant de graves irrégularités et une instabilité institutionnelle préoccupante.
En 2022, près de 40 % des vols de la compagnie affichaient un retard ou étaient annulés. Pourtant, malgré la gravité de ces chiffres, rien ne semble évoluer. Air Sénégal, au lieu d’engager une véritable remise en question, paraît s’installer dans une gestion approximative où l’improvisation et l’absence de sanctions deviennent la norme.
Ce nouvel épisode confirme un amateurisme inquiétant et un manque de professionnalisme qui ne peuvent plus être ignorés. L’absence de communication transparente, le silence face à la détresse et l’absence de solutions concrètes constituent autant de preuves d’une gestion défaillante.
Air Sénégal doit changer radicalement sa culture de service, restaurer la confiance et traiter ses voyageurs avec le respect et la dignité qu’ils méritent. Derrière chaque billet d’avion, il y a un être humain, souvent pressé, parfois vulnérable, toujours en droit d’attendre un minimum de sérieux.
Article opinion écrit par la créatrice de contenu : Marème Sall.
Mis en ligne : 23/08/2025
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