Deux enfants tués : Le drame qui accuse l’État sénégalais - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Société | Par Eva | Publié le 25/08/2025 08:08:30

Deux enfants tués : Le drame qui accuse l’État sénégalais

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Lundi 18 août 2025, à Médina Thiamène, dans la région de Kaolack, deux enfants ont été foudroyés et tués en rentrant des champs, tandis qu’une adolescente de 15 ans a été grièvement blessée. Ce drame n’est malheureusement pas un cas isolé.

Chaque année, la foudre frappe et tue au Sénégal, révélant l’absence criante de politiques publiques efficaces pour protéger les populations, notamment rurales. Face à ce fléau récurrent, l’État sénégalais semble impuissant, voire indifférent. Pourtant, des solutions existent. Pourquoi ne sont-elles pas mises en œuvre ?

La foudre est un risque naturel majeur au Sénégal, particulièrement pendant la saison des pluies. Selon les médias locaux, les accidents liés à la foudre se multiplient, alimentant un débat récurrent sur la nécessité d’installer des dispositifs de protection dans les zones les plus exposées. Les régions rurales, comme Kaolack, sont les plus vulnérables : absence de paratonnerres, manque d’abris sécurisés, et services de secours sous-équipés. Chaque année, des dizaines de vies sont fauchées, souvent celles d’enfants ou de travailleurs des champs, pris au piège par des orages violents et imprévisibles.

Les autorités locales, comme l’adjoint au maire de Wack Ngouna, appellent à l’installation de paratonnerres et à la sensibilisation des populations. Pourtant, ces appels restent lettre morte. Le Sénégal dispose pourtant d’un Programme national de réduction des risques de catastrophe, intégré dans sa politique économique et sociale depuis 2006, et renforcé par des partenariats avec la Banque mondiale et le PNUD. Mais où sont les résultats concrets ?

Le drame de Médina Thiamène illustre l’échec des politiques de prévention. Malgré les alertes répétées, les villages ruraux restent démunis face à la foudre. Le Ministère de l’Intérieur publie bien des mesures de prévention et de protection, rappelant l’importance des paratonnerres et des gestes de premiers secours. Mais ces recommandations ne suffisent pas : elles doivent être accompagnées d’actions sur le terrain.

Pire, les fonds alloués à la gestion des risques climatiques sont souvent détournés ou mal utilisés. La corruption dans la gestion des budgets publics est un fléau reconnu, notamment dans les secteurs environnementaux et climatiques. Les audits révèlent des détournements, des marchés publics opaques, et une absence de transparence dans l’utilisation des ressources. Comment expliquer, dans ces conditions, que des solutions low-cost, comme des paratonnerres ou des systèmes d’alerte SMS, ne soient pas généralisées ?

La foudre tue chaque année au Sénégal. Si les statistiques précises manquent, les cas médiatisés sont nombreux : en juin 2025, une personne a été tuée par la foudre dans l’Ouest du pays. En 2022, des dizaines de victimes ont été recensées dans plusieurs régions. L’absence de base de données nationale sur les accidents liés à la foudre empêche toute stratégie de prévention cohérente. Des pays africains, comme l’Ouganda ou le Rwanda, ont mis en place des systèmes de protection contre la foudre à moindre coût : paratonnerres low-tech, abris communautaires, ou alertes météo par SMS. Ces solutions, adaptées aux réalités locales, pourraient sauver des vies. Pourquoi le Sénégal ne les adopte-t-il pas?

Les fonds climatiques, comme ceux du Fonds Vert, sont censés financer des projets de résilience. Pourtant, leur gestion est souvent entachée de corruption et de détournements. Les populations rurales, déjà vulnérables, en paient le prix fort. Sans recensement précis des accidents, impossible de cibler les zones les plus à risque. Les plans de contingence annoncés par le gouvernement restent théoriques, faute de moyens et de volonté politique.

En Afrique de l’Ouest, des initiatives locales montrent que la protection contre la foudre est possible. Des entreprises spécialisées proposent des audits et des solutions adaptées, comme l’installation de paratonnerres dans les écoles ou les lieux publics. En France, des associations comme l’AP Foudre sensibilisent et forment les populations aux risquesapfoudre.fr. Pourquoi le Sénégal ne s’inspire-t-il pas de ces exemples ?

Le drame de Médina Thiamène doit servir d’électrochoc. L’État sénégalais ne peut plus se contenter de déclarations d’intention. Il doit :

Installer des paratonnerres et des abris dans les zones rurales ;
Renforcer la transparence dans la gestion des fonds climatiques ;
Créer une base de données nationale sur les accidents liés à la foudre ;
Sensibiliser massivement les populations aux risques et aux gestes de prévention.

La foudre ne tue pas par hasard : elle frappe là où l’État est absent. Combien de vies faut-il encore sacrifier avant que les autorités ne prennent leurs responsabilités ? La réponse à cette question déterminera l’avenir de milliers de Sénégalais, surtout dans les campagnes. L’heure n’est plus aux promesses, mais à l’action.

Article opinion écrit par le créateur de contenu : Thierno Sow.
Mis en ligne : 25/08/2025

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