La sécurité n’est plus une priorité : Incident à Guédiawaye - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Fait divers | Par Eva | Publié le 27/08/2025 11:08:45

La sécurité n’est plus une priorité : Incident à Guédiawaye

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Un homme se faisant passer pour un policier antidrogue a récemment été interpellé à Guédiawaye, en banlieue dakaroise, après avoir volé des téléphones à des passantes sous la menace. L’arrestation n’a été possible que grâce à la vigilance de voisins alertés par son comportement suspect, et non à une intervention proactive des forces de l’ordre.

Ce cas, loin d’être isolé, met en lumière un problème profond : dans les banlieues sénégalaises, la sécurité des citoyens repose trop souvent sur leur propre initiative, faute d’une présence étatique suffisante et efficace. Le désengagement de l’État, visible à travers l’absence de patrouilles régulières, le manque de cellules de proximité et l’insuffisance des campagnes de prévention, laisse les populations livrées à elles-mêmes face à la délinquance.

Les banlieues dakaroises, comme Guédiawaye, concentrent une forte densité démographique et des défis socio-économiques majeurs. Malgré les annonces répétées de renforcement des dispositifs sécuritaires, la réalité sur le terrain est tout autre. Les commissariats peinent à couvrir l’ensemble des quartiers, et les patrouilles quotidiennes restent insuffisantes ou irrégulières. Pire, les effectifs policiers, déjà sous-dimensionnés, sont souvent mobilisés pour des missions ponctuelles plutôt que pour une présence constante au cœur des quartiers. Résultat : les habitants doivent compter sur leur propre vigilance pour compenser l’absence de l’État.

L’État affirme vouloir instaurer une « police de proximité », mais les faits contredisent ces intentions. Les dispositifs lancés pour rapprocher la police des citoyens n’ont pas tenu leurs promesses, faute de moyens et de coordination. Pendant ce temps, dans d’autres pays africains ou européens, des modèles de sécurité de proximité montrent leur efficacité : des unités de police dédiées aux quartiers sensibles ont permis de réduire significativement les vols et les agressions, et dans certaines villes, les policiers de quartier maintiennent un lien quotidien avec les habitants.

Au Sénégal, en revanche, les dispositifs similaires restent largement inopérants, et les citoyens sont contraints de s’organiser eux-mêmes en comités de veille ou de recourir à des vigiles privés, une solution coûteuse et inégalitaire.

D’autres pays ont montré qu’il est possible de reconstruire une police crédible et proche des populations grâce à des réformes ambitieuses et à des mécanismes efficaces de signalement. Patrouilles mixtes, interventions rapides et anonymes et recrutement ciblé ont permis de restaurer la confiance des citoyens et de réduire l’insécurité. Pourtant, au Sénégal, les annonces se succèdent sans que les actions concrètes ne suivent. Le recrutement de nouveaux agents est une avancée, mais il ne suffira pas à combler le vide laissé par des années de sous-investissement dans la sécurité quotidienne.

La sécurité ne peut être un luxe réservé à quelques-uns. Il faut que l’État sénégalais passe des discours aux actes : renforcement des effectifs policiers dans les banlieues, création de postes de police accessibles 24h/24, et mise en place de mécanismes de signalement rapides et anonymes. Les citoyens ne doivent plus être les seuls remparts contre la délinquance. Sans une présence visible et constante des forces de l’ordre, la défiance envers les institutions ne fera que grandir, et les faux policiers continueront à agir en toute impunité.

L’arrestation du faux policier de Guédiawaye est une victoire citoyenne, mais elle révèle surtout l’échec de l’État à assurer sa mission première : protéger ses concitoyens. Tant que les banlieues resteront des territoires abandonnés, les habitants seront contraints de se substituer à la police, avec tous les risques que cela comporte. Il faut repenser la sécurité non comme une option, mais comme un droit fondamental et de donner aux forces de l’ordre les moyens d’être enfin à la hauteur de cette exigence. La balle est dans le camp des autorités : sauront-elles entendre cet appel avant qu’il ne soit trop tard ?

Article opinion écrit par la créatrice de contenu : Adji Fanta M.
Mis en ligne : 27/08/2025

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