Scrutin truqué en vue : Le peuple ivoirien privé de son vote - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Afrique | Par Eva | Publié le 28/08/2025 01:08:00

Scrutin truqué en vue : Le peuple ivoirien privé de son vote

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Le parti au pouvoir en Côte d’Ivoire vient d’accuser l’opposition d’« entretenir un climat de tension » et de s’inscrire « dans la logique du pire », après les déclarations de Laurent Gbagbo s’opposant à un quatrième mandat d’Alassane Ouattara. Pourtant, c’est bien le pouvoir qui, par une utilisation cynique de la justice, exclut méthodiquement ses principaux rivaux du jeu électoral. À deux mois de la présidentielle du 25 octobre, l’exclusion de Gbagbo, Blé Goudé, Soro et Thiam révèle une stratégie délibérée : verrouiller le scrutin en instrumentalisant les institutions.

Depuis 2020, la Côte d’Ivoire vit au rythme des manœuvres politiques pour permettre à Alassane Ouattara de se maintenir au pouvoir. Le Conseil constitutionnel a alors validé la remise à zéro des mandats, arguant que la nouvelle Constitution de 2016 instaurait une « Troisième République ». Une décision contestée par l’opposition, qui y voit un « coup d’État constitutionnel ». Aujourd’hui, les principaux leaders d’opposition sont systématiquement écartés : Gbagbo et Blé Goudé pour des condamnations judiciaires, Soro en exil, Thiam pour des questions de nationalité. Le pouvoir parle de « calme et sérénité », mais c’est bien lui qui attise les tensions en privant les Ivoiriens d’un scrutin équitable.

Les exclusions de Gbagbo, Blé Goudé, Soro et Thiam ne sont pas des coïncidences. Elles s’inscrivent dans une logique d’élimination politique. Le Conseil constitutionnel, la Commission électorale indépendante (CEI) et les tribunaux servent de paravent à une stratégie de verrouillage du pouvoir. En 2020, le Conseil avait déjà rejeté 40 candidatures sur 44, dont celles de Gbagbo et Soro, sous des prétextes juridiques contestables. Aujourd’hui, la CEI, accusée de partialité, entérine ces exclusions, malgré les appels de l’opposition et les mises en garde de la société civile.

L’ONU, saisie par Gbagbo et Thiam, a « invité » la Côte d’Ivoire à garantir leurs droits politiques, mais sans pouvoir contraignant. Le régime, sûr de son impunité, ignore ces recommandations, révélant son mépris pour les normes internationales. Le porte-parole du RHDP, Kobenan Kouassi Adjoumani, ose même accuser l’opposition de préparer le « désordre », alors que c’est le pouvoir qui, en fermant la porte à toute alternance pacifique, risque de plonger le pays dans le chaos.

Les décisions judiciaires contre Gbagbo, Blé Goudé, Soro et Thiam sont des outils politiques. Gbagbo, condamné pour une affaire de braquage de la BCEAO, et Thiam, radié pour sa nationalité, sont les victimes d’un système judiciaire inféodé au pouvoir. Comme le souligne l’opposition, « priver le leader de l’opposition de ses droits politiques par l’effet d’une décision arbitraire constitue une violation grave des engagements internationaux de la Côte d’Ivoire ».

La remise à zéro des mandats est une manœuvre juridique pour contourner la limite des deux mandats. Le Conseil constitutionnel, en validant cette interprétation, a trahi sa mission de garant de la Constitution.

Le pouvoir appelle au « dialogue », mais refuse toute concession. Les manifestations pacifiques de l’opposition sont criminalisées, tandis que les appels à la désobéissance civile sont présentés comme des menaces.

Les recommandations du comité des droits de l’Homme de l’ONU sont ignorées. Le régime, qui a jusqu’en 2026 pour répondre, sait qu’il n’aura aucun compte à rendre avant l’élection.

La Côte d’Ivoire n’est pas un cas isolé. Au Sénégal, l’article 29 du code électoral a servi à écarter des opposants comme Khalifa Sall et Ousmane Sonko. En Guinée, au Togo ou au Gabon, les régimes utilisent la justice pour éliminer leurs rivaux, souvent avec la complicité passive de la communauté internationale. Ces pratiques, qui sapent la crédibilité des élections, sont devenues la norme pour des dirigeants refusant l’alternance.

En excluant ses principaux opposants, le pouvoir ivoirien ne cherche pas à organiser une élection, mais à entériner une dictature électorale. La justice, détournée de sa mission, devient l’outil d’un régime déterminé à se maintenir coûte que coûte. Face à cette confiscation de la souveraineté populaire, la communauté internationale doit cesser de fermer les yeux. Sinon, le spectre de 2010 et ses 3 000 morts planera à nouveau sur la Côte d’Ivoire.

La démocratie n’est pas une option. Elle est la seule issue pour éviter le chaos. Le peuple ivoirien mérite mieux qu’un scrutin truqué et une justice aux ordres. Il mérite le droit de choisir librement son avenir.

Comment la communauté internationale peut-elle contraindre le régime ivoirien à respecter les droits politiques de l’opposition ? La pression diplomatique et économique sera-t-elle suffisante, ou faut-il envisager des sanctions ciblées ? La réponse déterminera l’avenir de la démocratie en Afrique de l’Ouest.

Article opinion écrit par le créateur de contenu : Djiby Ka.
Mis en ligne : 28/08/2025

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