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Lors d’une conférence à l’Université des études professionnelles d’Accra (UPSA), l’ancien président sud-africain Jacob Zuma a appelé les pays africains à instaurer une monnaie unique pour renforcer l’indépendance économique du continent et stimuler le commerce transfrontalier. Selon lui, la dépendance aux monnaies occidentales constitue un frein au développement et un héritage colonial.
Il a également exhorté la jeunesse africaine à promouvoir des politiques favorisant la résilience, la compétitivité et l’autonomie du continent sur la scène mondiale.
L’idée d’une monnaie unique africaine n’est pas nouvelle. Elle est régulièrement évoquée lors des sommets de l’Union africaine et au sein de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest. Cependant, malgré ces discussions, la mise en œuvre de ce projet reste un défi majeur. Le continent africain, vaste et diversifié, est composé de 54 pays aux réalités économiques, politiques et sociales très variées.
Les disparités entre nations comme le Nigeria et le Tchad, ou l’Afrique du Sud et la République centrafricaine, rendent la gestion d’une monnaie unique particulièrement complexe. Ces différences peuvent engendrer des déséquilibres économiques et des tensions monétaires importantes.
L’expérience européenne avec l’euro illustre les défis de l’union monétaire. Les crises de la dette et les tensions entre pays du Nord et du Sud ont montré que même sur un continent intégré politiquement et économiquement, une monnaie unique n’est pas sans risques. Transposer ce modèle à l’Afrique, où l’intégration reste limitée, comporte donc des dangers considérables. Par ailleurs, l’Afrique souffre de l’absence d’institutions fortes et indépendantes capables de gérer une telle monnaie. Une banque centrale africaine dotée de pouvoirs et de ressources suffisants serait indispensable pour assurer la stabilité monétaire, mais une telle institution n’existe pas à ce jour.
Les arguments contre la mise en place d’une monnaie unique africaine sont multiples. Les disparités économiques entre les pays rendent difficile l’adoption d’une telle monnaie sans mécanismes de solidarité financière robustes. L’absence d’institutions solides et indépendantes pour gérer la monnaie constitue également un obstacle majeur. Même en Europe, la création de l’euro a nécessité des décennies de préparation, avec un marché commun, des politiques budgétaires harmonisées et des institutions fortes. Pourtant, la crise de la dette souveraine a révélé les limites de ce modèle, certains pays se retrouvant piégés dans une spirale d’austérité et de chômage.
En Afrique, où les institutions régionales peinent déjà à faire respecter les règles de la Zone de libre-échange continentale, une monnaie unique risquerait d’aggraver les inégalités et de pénaliser les économies les plus fragiles.
Avant de songer à une monnaie unique, il est donc crucial de renforcer l’intégration économique régionale, en s’appuyant sur l’expérience de l’Union économique et monétaire ouest-africaine. Une approche progressive, basée sur des institutions solides et une coopération accrue entre les pays, apparaît comme la seule manière réaliste de préparer un projet de cette envergure.
Bien que séduisante sur le papier, l’idée d’une monnaie unique africaine reste prématurée et risquée. Sa mise en œuvre sans bases solides pourrait fragiliser les économies les plus vulnérables et accentuer les inégalités. L’Afrique gagnerait à consolider ses institutions, à renforcer l’intégration régionale et à tirer les enseignements des expériences passées avant de se lancer dans un projet d’une telle ampleur.
Article opinion écrit par la créatrice de contenu : Mariama Ba.
Mis en ligne : 31/08/2025
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