Les opinions exprimées dans cet article sont celles d’un contributeur externe. NotreContinent.com est une plateforme qui encourage la libre expression, la diversité des opinions et les débats respectueux, conformément à notre charte éditoriale « Sur NotreContinent.com chacun est invité à publier ses idées »
Le Parti Socialiste du Sénégal, héritier des idéaux de Léopold Sédar Senghor et d’Ousmane Tanor Dieng, traverse aujourd’hui une crise profonde, marquée par le non-respect de ses propres statuts et une dérive autoritaire de ses dirigeants. L’assignation en justice de la Secrétaire générale, initiée par des militants, n’est que le symptôme d’un malaise bien plus large : celui d’un parti qui a trahi son héritage démocratique et ses valeurs fondatrices.
Fondé en 1948 par Léopold Sédar Senghor, le PS a longtemps incarné l’espoir d’un Sénégal moderne, uni et démocratique. Sous la direction de Senghor, puis d’Abdou Diouf et d’Ousmane Tanor Dieng, le parti a structuré la vie politique sénégalaise pendant près de quarante ans, portés par des principes de transparence, de débat interne et de respect des règles collectives.
Pourtant, depuis la perte du pouvoir en 2000, le PS peine à se relever. Les divisions internes, les luttes de pouvoir et le mépris croissant pour les procédures démocratiques ont progressivement érodé sa crédibilité. Aujourd’hui, le parti est en proie à une paralysie institutionnelle : le Comité central, organe suprême entre deux congrès, n’est plus convoqué ; les coordinations de base ne sont pas renouvelées ; et les décisions sont prises de manière unilatérale, en dehors de tout cadre légitime. Comme le souligne un militant engagé, « un parti politique sans démocratie interne est un navire sans boussole ».
La crise actuelle révèle une trahison des idéaux fondateurs. Les dirigeants actuels, au lieu de préserver l’héritage de Senghor et de Tanor Dieng, ont instauré un système où les règles ne sont respectées que lorsqu’elles arrangent. L’assignation en justice de la Secrétaire générale n’est pas une attaque personnelle, mais le résultat logique d’un fonctionnement où les statuts sont bafoués avec impunité.
Les militants, qui devraient être au cœur de la vie du parti, sont ignorés, et les instances dirigeantes agissent dans l’ombre, sans rendre de comptes. Cette dérive n’est pas nouvelle : elle s’inscrit dans une logique de clientélisme et de personnalisation du pouvoir, où la loyauté va aux clans plutôt qu’au parti.
Le mépris des statuts : Les articles 20, 29 et 30 des statuts du PS, qui définissent les rôles du Comité central et du congrès, sont ouvertement violés. Les décisions sont prises sans consultation, et les instances dirigeantes sont maintenues en intérim prolongé, sans validation démocratique.
L’affaiblissement de la base militante : Les coordinations de base, fondement de l’ancrage populaire du PS, ne sont plus renouvelées. Les militants, désabusés, voient leur parti se transformer en une coquille vide, coupée des réalités du terrain.
L’opportunisme politique : Les appels à la réconciliation sonnent creux face à une réalité de luttes de pouvoir et de pratiques clientélistes. Le PS, autrefois modèle de démocratie interne, est devenu le symbole d’un système où l’intérêt personnel prime sur l’intérêt collectif.
Le PS n’est pas un cas isolé. En Côte d’Ivoire, le PDCI-RDA traverse une crise comparable, avec des militants portant plainte contre leur propre président pour violation des statuts. En Afrique du Sud, l’Alliance démocratique a connu des dissensions internes liées à des querelles de leadership et à un manque de transparence. Ces exemples montrent que lorsque les partis abandonnent leurs principes, ils risquent de s’effondrer, faute de légitimité et de cohésion.
Le Parti Socialiste est à la croisée des chemins. Soit il retrouve le chemin de la démocratie interne, du respect des statuts et de la transparence, soit il disparaîtra, victime de ses propres contradictions. Les militants qui ont porté plainte contre la Secrétaire générale ne sont pas des traîtres : ce sont les derniers à croire en la possibilité de sauver le PS. Mais pour cela, il faut plus qu’un sursaut : il faut une refondation totale, un retour aux valeurs de Senghor et de Tanor Dieng, et une fin aux pratiques clientélistes.
Il faut que les dirigeants du PS comprennent que leur survie dépend du respect des règles qu’ils ont eux-mêmes établies. Sans cela, le parti ne sera plus qu’un lointain souvenir, une formation historique qui aura trahi son héritage et ses militants. La balle est dans leur camp : soit ils agissent pour restaurer la confiance, soit ils acceptent de voir le PS s’effacer de la scène politique sénégalaise. Le choix est clair, et l’urgence est absolue.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Samba Diouf.
Mis en ligne : 01/09/2025
—
La plateforme NOTRECONTINENT.COM permet à tous de diffuser gratuitement et librement les informations et opinions provenant des citoyens. Les particuliers, associations, ONG ou professionnels peuvent créer un compte et publier leurs articles Cliquez-ici.




