Un droit à exercer avec maturité : Liberté d’expression au Sénégal - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Justice | Par Eva | Publié le 01/09/2025 08:09:00

Un droit à exercer avec maturité : Liberté d’expression au Sénégal

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L’affaire Doudou Coulibaly, journaliste condamné pour des propos jugés offensants à l’égard du président turc Recep Tayyip Erdogan et du Premier ministre sénégalais Ousmane Sonko, a suscité de vifs débats. Après plusieurs jours de détention, le tribunal des flagrants délits de Dakar a rendu son verdict : trois mois de prison avec sursis et une amende de 300 000 F CFA. Si cette décision a été saluée par ses avocats pour sa clémence, elle interroge aussi sur les limites de la liberté d’expression et le rôle pédagogique de la justice. Plutôt que de voir dans cette condamnation une atteinte aux libertés, nous choisissons d’y lire une opportunité d’apprentissage pour la jeunesse sénégalaise.

La justice, en fixant des limites claires, rappelle que la liberté d’expression s’exerce avec responsabilité, surtout dans un contexte où les mots peuvent avoir des répercussions diplomatiques et sociales.

Au Sénégal, comme ailleurs, la liberté d’expression est un droit fondamental, garanti par la Constitution et les traités internationaux. Cependant, ce droit n’est pas absolu : il s’arrête là où commence le respect dû aux institutions et aux personnes, notamment les chefs d’État, étrangers ou nationaux. L’affaire Coulibaly s’inscrit dans une série de cas récents (comme celui de Moustapha Diakhaté, poursuivi pour des propos similaires) qui illustrent la tension entre la liberté de critique et la nécessité de préserver l’ordre public et les relations internationales. La loi sénégalaise, à l’instar de celle de nombreux pays, sanctionne l’offense à chef d’État étranger, une infraction qui vise à protéger la dignité des fonctions et à éviter les crises diplomatiques.

La condamnation de Doudou Coulibaly, bien que controversée, s’inscrit dans cette logique. Le tribunal a opté pour une peine avec sursis, tenant compte de son état de santé et de la disproportion qu’aurait représentée une détention prolongée. Cette décision équilibrée montre que la justice peut être à la fois ferme sur le principe et humaine dans son application.

Cette affaire offre une occasion unique d’éduquer les jeunes à l’exercice responsable de la liberté d’expression. En effet, dans un monde où les réseaux sociaux amplifient la portée des mots, il est crucial de rappeler que la parole engage. Les propos tenus par Coulibaly, qualifiés d’offensants, ont franchi une ligne rouge, mais la réponse judiciaire a évité l’excès, privilégiant la pédagogie à la répression pure.

La justice joue ici un rôle de régulateur social : elle fixe des limites pour protéger l’ordre public et les relations internationales, tout en laissant une porte ouverte à la rédemption. Le sursis, en particulier, envoie un message fort : la société croit en la capacité des individus à apprendre de leurs erreurs. Pour les jeunes, souvent en première ligne sur les réseaux sociaux, cette affaire est un rappel que la liberté d’expression s’accompagne de devoirs. Elle invite à réfléchir sur la manière d’exprimer ses opinions sans tomber dans l’injure ou la provocation gratuite.

Une démocratie saine repose sur le respect mutuel, même dans le désaccord. Les jeunes peuvent s’inspirer de modèles qui allient critique et respect, comme certains éditorialistes ou influenceurs qui dénoncent des politiques sans attaquer les personnes. Des espaces de dialogue structurés (débats, ateliers, médias participatifs) permettent d’exprimer des idées sans recourir à l’outrage.

Les jeunes sont souvent les plus actifs sur les plateformes numériques, où l’anonymat peut encourager l’irrespect. L’affaire Coulibaly rappelle que les lois s’y appliquent aussi. Des campagnes de sensibilisation, comme celles menées par l’UNICEF ou des associations locales, montrent qu’il est possible d’être viral sans être vulgaire, et de défendre des causes avec créativité et respect.

L’humour est un excellent vecteur de critique, mais il doit rester dans les limites de la dignité humaine. Des exemples comme ceux de la presse satirique (dessins, émissions) prouvent qu’on peut déconstruire sans humilier, et ainsi éviter les poursuites judiciaires.

La mobilisation autour de Doudou Coulibaly montre que la société civile peut se rassembler pour défendre ses valeurs, tout en restant dans le cadre légal. Cela encourage les jeunes à s’engager de manière constructive, en soutenant ceux qui commettent des erreurs tout en les aidant à en tirer des leçons.

Le Sénégal reste souvent cité en exemple pour sa stabilité démocratique en Afrique de l’Ouest. Comparé à des pays où la répression est plus brutale, le traitement de l’affaire Coulibaly montre une justice qui cherche l’équilibre. En Europe, des pays comme la France ont aboli le délit d’offense à chef d’État étranger, mais maintiennent des garde-fous contre les discours haineux ou diffamatoiresfr.wikipedia.org. Cette comparaison souligne que chaque société trouve son propre équilibre entre liberté et responsabilité.

L’affaire Doudou Coulibaly est plus qu’un fait divers : c’est un cas d’école pour la jeunesse sénégalaise. La justice, en sanctionnant avec modération, rappelle que la liberté d’expression est un droit précieux, mais qui s’exerce dans le respect des autres et des institutions. Plutôt que de voir dans cette condamnation une menace, les jeunes peuvent y trouver une invitation à s’exprimer avec maturité et créativité.

Et si cette affaire était l’occasion de repenser notre façon de débattre en public ? En canalisant leur énergie critique vers des projets constructifs, les jeunes peuvent devenir les ambassadeurs d’une parole libre, mais responsable – un atout pour une démocratie apaisée et dynamique.

Article opinion écrit par le créateur de contenu : Djily Lo.
Mis en ligne : 01/09/2025

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