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La Cour suprême a définitivement mis fin au litige opposant Barthélémy Dias à l’État, confirmant sa révocation de la mairie de Dakar. L’ancien maire, qui contestait la décision préfectorale du 11 décembre 2024 le déclarant « démissionnaire d’office », voit son recours rejeté, marquant un revers judiciaire sans appel.
Si certains y voient une manœuvre politique, une analyse lucide révèle que Dias est avant tout victime de ses propres excès : provocations inutiles, refus systématique des procédures, et stratégie judiciaire risquée. Son éviction n’est pas seulement le fruit d’un acharnement institutionnel, mais aussi la conséquence logique d’une attitude qui a fini par l’isoler et discréditer son action.
Barthélémy Dias s’est construit une réputation d’opposant intransigeant, souvent au mépris des règles du jeu démocratique. Condamné en 2017 pour homicide volontaire dans un contexte de violences politiques, son verdict a été confirmé en appel en 2022, puis par la Cour suprême en 2023.
Malgré cela, il a maintenu une posture de défiance, refusant d’assumer les conséquences judiciaires de ses actes. Son élection comme maire de Dakar en 2022, dans une alliance avec le Pastef, n’a pas apaisé ses méthodes : occupations de rues, discours clivants, et refus de composer avec les institutions ont rythmé son mandat.
Quand le préfet de Dakar a appliqué la loi en décembre 2024 pour le déclarer inéligible, Dias a crié à la persécution, mais la justice a simplement rappelé que nul n’est au-dessus des règles, pas même un maire populaire.
Dias a multiplié les choix contestables. D’abord, il a ignoré les avertissements juridiques, continuant à exercer ses fonctions malgré une condamnation définitive. Ensuite, il a boycotté l’audience cruciale devant la Cour suprême, privant ses avocats de la possibilité de plaider sa cause dans les formes.
Enfin, il a persisté à présenter sa révocation comme une injustice, alors que la Cour d’appel et la Cour suprême ont toutes deux confirmé la légalité de la procédure. En refusant de respecter les décisions administratives et en misant sur la confrontation plutôt que sur le dialogue, il a précipité sa chute.
Son attitude rappelle celle d’autres figures politiques sénégalaises, comme Khalifa Sall, ancien maire de Dakar lui aussi destitué après une condamnation judiciaire. Dans les deux cas, la justice a tranché non par caprice, mais parce que les intéressés ont sous-estimé l’État de droit. La différence ? Sall a su, après sa condamnation, garder une certaine dignité dans la défaite. Dias, lui, a préféré l’escalade, jusqu’à ce que les institutions lui rappellent les limites du pouvoir.
Le mépris des procédures : Un maire se doit d’être un modèle de respect des institutions. En défiant ouvertement la décision préfectorale, Dias a montré qu’il se plaçait au-dessus des lois, ce qui est incompatible avec la fonction qu’il occupait. La justice a simplement rétabli l’ordre juridique.
Une stratégie judiciaire désastreuse : Boycotter l’audience de la Cour suprême était une erreur tactique majeure. Au lieu de se défendre sur le fond, il a choisi le spectacle, privant ses soutiens d’arguments solides. Résultat : sa révocation a été entérinée sans opposition sérieuse.
L’usure de la posture victimaire : Dias a systématiquement présenté ses démêlés judiciaires comme des complots. Pourtant, sa condamnation pour homicide et ses multiples recours rejetés prouvent que ses ennuis sont d’abord le fruit de ses propres actes. Le peuple de Dakar, qui l’avait élu, a fini par se lasser de ses crises permanentes, comme en témoignent les réactions hostiles de nombreux citoyens après sa révocation.
L’échec du leadership : Un maire doit fédérer, pas diviser. Dias a préféré les affrontements aux compromis, paralysant la gestion de la ville et affaiblissant sa légitimité. Son successeur, Abass Fall, hérite d’une mairie en tension, mais aussi d’une opportunité : gouverner sans le poids des conflits permanents que Dias a cultivés.
La chute de Barthélémy Dias n’est pas celle d’un martyr, mais celle d’un homme politique qui a cru pouvoir défier indéfiniment les règles. Son parcours doit servir d’avertissement : la radicalité et le mépris des institutions mènent à l’isolement, puis à l’éviction.
Les Dakarois méritent mieux qu’un maire en guerre permanente contre l’État. Ils méritent un dirigeant qui travaille pour eux, dans le respect des lois et des autres. Il faut que les responsables politiques sénégalais comprennent une chose simple : la démocratie se nourrit de débat, pas de défiance. Et ceux qui l’oublient paient toujours le prix fort.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Makhtar S. Diop.
Mis en ligne : 02/09/2025
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