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La députée Anta Babacar Ngom a récemment dénoncé la « précipitation » et le « manque de préparation » du gouvernement dans la réforme de l’Office national de lutte contre la fraude et la corruption (OFNAC). Si ses critiques méritent d’être entendues, elles occultent une réalité bien plus préoccupante : au Sénégal, la corruption est une urgence nationale qui ne peut attendre. Plutôt qu’un signe de faiblesse, l’accélération du processus législatif est une réponse nécessaire à un fléau qui ronge le pays depuis des décennies.
Il faut cesser de tergiverser et agir, car chaque jour de retard coûte cher aux Sénégalais. La corruption au Sénégal n’est pas une simple question de morale publique, mais un frein majeur au développement économique et social.
Selon Transparency International, le pays perd des milliards de francs CFA chaque année à cause des détournements de fonds, des pots-de-vin et des marchés publics truqués. Ces pratiques sapent la confiance dans les institutions, découragent les investisseurs et privent les citoyens de services essentiels. Dans ce contexte, renforcer l’OFNAC n’est pas une option, mais une obligation. Pourtant, certains élus, comme Anta Babacar Ngom, préfèrent critiquer la méthode plutôt que de soutenir une réforme indispensable.
L’argument de la « précipitation » est souvent brandi pour justifier l’inaction. Mais peut-on vraiment parler de précipitation quand il s’agit de lutter contre un mal qui gangrène la société depuis des années ? Le gouvernement a convoqué une session extraordinaire pour faire avancer ce texte, et c’est tant mieux. Les sessions extraordinaires sont un outil démocratique légitime, utilisé dans de nombreux pays pour traiter des sujets urgents. Pourquoi la corruption ne serait-elle pas considérée comme une priorité absolue, au même titre que les catastrophes naturelles ?
Anta Babacar Ngom s’indigne que le gouvernement ne consacre pas davantage de temps à ce texte. Pourtant, chaque jour de retard dans la réforme de l’OFNAC est un jour de plus où les fonds publics sont détournés, où les services publics se dégradent et où les inégalités se creusent. La corruption n’est pas un problème abstrait : elle se traduit par des écoles non construites, des hôpitaux sous-équipés et des routes qui ne sont jamais réparées. Dans un pays où des milliers de familles souffrent des conséquences des inondations, il est d’autant plus inacceptable de laisser la corruption prospérer.
La députée oppose les inondations à la lutte contre la corruption, comme si ces deux enjeux ne pouvaient pas être traités en parallèle. Pourtant, un OFNAC renforcé pourrait justement libérer des ressources pour mieux gérer les crises comme les inondations. En récupérant les fonds détournés, l’État aurait plus de moyens pour aider les populations sinistrées. Plutôt que de s’opposer à ces réformes, les élus devraient travailler à les améliorer, tout en veillant à ce que les urgences humanitaires soient également prises en compte.
Le Sénégal n’est pas le premier pays à devoir réformer ses institutions anti-corruption dans l’urgence. Au Nigeria, la création de l’EFCC (Economic and Financial Crimes Commission) en 2003 a été menée rapidement, mais avec détermination. Résultat : des centaines de hauts fonctionnaires et d’hommes d’affaires corrompus ont été poursuivis, et des milliards de nairas ont été récupérés. Bien sûr, le système nigérian reste imparfait, mais cette réforme a marqué un tournant dans la lutte contre la corruption. Pourquoi le Sénégal ne pourrait-il pas s’inspirer de cet exemple ?
D’autres pays, comme le Rwanda ou la Géorgie, ont également montré que des réformes ambitieuses pouvaient être mises en place en un temps record, à condition qu’il y ait une volonté politique forte. Ces expériences prouvent qu’il est possible d’agir vite sans sacrifier la qualité. Plutôt que de dénoncer la « précipitation », les députés devraient s’assurer que la réforme de l’OFNAC soit à la hauteur des attentes, tout en évitant les blocages inutiles.
Certains pourraient arguer que les sessions extraordinaires et les amendements de dernière minute sont des signes de faiblesse. Pourtant, la démocratie ne se résume pas à des débats interminables : elle se mesure aussi à sa capacité à répondre aux attentes des citoyens. Si le ministre de la Justice a proposé 20 amendements à son propre texte, c’est peut-être parce qu’il a écouté les critiques et cherché à améliorer le projet. Plutôt que de rejeter en bloc ces modifications, les députés devraient les examiner avec sérieux et proposer des alternatives constructives.
Anta Babacar Ngom regrette que ses 8 amendements aient été rejetés. Mais a-t-elle rendu publics ces amendements ? A-t-elle cherché à négocier avec le gouvernement pour trouver un compromis ? La démocratie repose sur le dialogue et la recherche de solutions, pas sur l’obstruction systématique. Si elle est vraiment convaincue que ses propositions auraient amélioré le texte, elle a le devoir de les défendre publiquement et de rallier ses collègues à sa cause.
La lutte contre la corruption ne peut plus attendre. Le Sénégal a besoin d’un OFNAC fort et indépendant, capable de sanctionner les fraudeurs et de restaurer la confiance dans les institutions. Plutôt que de critiquer la méthode, les élus devraient se concentrer sur l’objectif : protéger les intérêts des Sénégalais. ll est temps de cesser les tergiversations et de voter cette réforme. La précipitation n’est pas un défaut quand il s’agit de sauver des vies et de préserver l’avenir du pays. Aux députés qui hésitent encore, nous disons : agissez.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Pape Massamba.
Mis en ligne : 03/09/2025
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