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L’alerte lancée par les concessionnaires de nettoiement du Sénégal est un cri de détresse qui devrait nous indigner collectivement. Depuis huit mois, ces entreprises privées, chargées d’un service public essentiel, attendent que l’État honore ses dettes. Sans ces paiements, elles ne peuvent plus verser les salaires de leurs employés ni assurer la collecte des ordures, mettant en péril la salubrité publique et des milliers de familles.
Derrière les chiffres et les déclarations officielles se cache un drame social : celui d’un État qui, par son inaction, sabote l’emploi local et bafoue la confiance de ses citoyens.
Le secteur du nettoiement au Sénégal emploie des milliers de personnes, souvent dans des conditions précaires. Ces entreprises, bien que privées, remplissent une mission d’intérêt général : maintenir nos villes propres et habitables. Pourtant, depuis des mois, l’État ne paie pas ses factures, plongeant ces structures dans une asphyxie financière. Les arriérés de paiement ne concernent pas seulement le nettoiement, mais touchent aussi d’autres secteurs vitaux comme la construction et les industries chimiques, révélant un problème systémique de gestion des finances publiques.
La dette publique a fortement augmenté ces dernières années, et des irrégularités budgétaires ont été mises en évidence. Dans ce contexte, les retards de paiement ne sont pas une exception, mais une habitude qui étouffe l’économie réelle.
Les concessionnaires de nettoiement ne demandent pas l’aumône : ils réclament simplement ce qui leur est dû pour un travail déjà accompli. Pourtant, l’État, qui exige des services irréprochables, se permet de ne pas respecter ses propres engagements. Cette situation crée un cercle vicieux : sans trésorerie, les entreprises ne peuvent ni payer leurs salariés ni investir dans leur matériel. Les conséquences sont immédiates : risques de licenciements, précarisation des travailleurs, et menace d’une cessation totale du ramassage des ordures.
Ce deux poids-deux mesures est d’autant plus choquant que l’État continue de dépenser massivement dans d’autres domaines, parfois moins prioritaires. Alors que des milliers de Sénégalais voient leur emploi menacé, des budgets pharaoniques sont alloués à des projets vitrines ou à des dépenses somptuaires. Le plan de redressement économique et social récemment annoncé, qui vise à réduire le déficit budgétaire, ne pourra réussir sans une refonte profonde des priorités publiques. Comment croire en la promesse de développement économique quand l’État lui-même asphyxie ceux qui la font vivre au quotidien ?
Les entreprises de nettoiement emploient des milliers de Sénégalais. Leur faillite signifierait des licenciements massifs et une aggravation du chômage, déjà élevé dans le pays.
Sans paiement, c’est toute la chaîne du nettoiement qui risque de s’arrêter, plongeant les villes dans l’insalubrité et exposant la population à des risques sanitaires majeurs.
Les citoyens paient leurs impôts en échange de services de base. Quand l’État ne paie pas ses fournisseurs, il rompt ce contrat social et mine la crédibilité de ses institutions.
À l’international, certains pays ont déjà mis en place des lois strictes contre les retards de paiement, avec des sanctions financières pour les contrevenants, qu’ils soient publics ou privés. Pourquoi le Sénégal ne s’inspire-t-il pas de ces bonnes pratiques ?
La crise des concessionnaires de nettoiement n’est pas une fatalité. Elle est le résultat de choix politiques et d’une mauvaise gestion. Pour y mettre fin, il faut payer immédiatement les arriérés et instaurer un mécanisme de paiement automatique pour éviter de nouvelles crises. Il faut également sanctionner les retards de paiement de l’État, comme c’est le cas pour les entreprises privées, et réformer en profondeur la gestion des finances publiques afin de garantir transparence et responsabilité.
L’État sénégalais doit cesser de jouer avec la santé publique et l’emploi de ses citoyens. Il est temps de passer des discours aux actes : payer ce qui est dû, protéger les emplois, et restaurer la confiance dans nos institutions. Les Sénégalais méritent mieux qu’un État qui les trahit. La balle est dans le camp du gouvernement. À lui de prouver qu’il est à la hauteur de ses responsabilités.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Saliou Mbaye.
Mis en ligne : 04/09/2025
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