Comment ACT fabrique des polémiques : La stratégie du non-événement - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Politique | Par Eva | Publié le 05/09/2025 03:09:27

Comment ACT fabrique des polémiques : La stratégie du non-événement

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La récente tribune d’Ibrahima Thiam, président de l’Alliance pour la Citoyenneté et le Travail (ACT), sur l’absence du Premier ministre lors de la visite du FMI à Dakar, illustre une fois de plus la stratégie de diversion d’un parti en quête de visibilité. Plutôt que de s’attaquer aux vrais défis économiques et politiques du Sénégal, ACT préfère agiter des épouvantails et créer des polémiques là où il n’y en a pas. Cette attitude, loin d’enrichir le débat public, révèle surtout les faiblesses d’un parti en perte de vitesse, prêt à tout pour exister médiatiquement.

La mission du FMI au Sénégal s’inscrit dans un cadre technique et routinier : évaluer la situation budgétaire, discuter des réformes nécessaires et préparer un éventuel nouveau programme d’accompagnement. Les conclusions de la mission, largement relayées par la presse, soulignent la résilience de l’économie sénégalaise, malgré des défis réels comme la gestion de la dette et la nécessité de renforcer la transparence budgétaire. La croissance affichée de 12,1 % au premier trimestre 2025, tirée par les hydrocarbures, masque cependant une réalité plus nuancée, avec une croissance hors hydrocarbures limitée à 3,1 % et une dette publique révisée à 118,8 % du PIB, suite aux révélations de la Cour des comptes. Dans ce contexte, l’absence du Premier ministre à une réunion technique ne constitue ni une surprise ni un scandale, mais simplement un choix de représentation diplomatique et politique.

Ibrahima Thiam, dans sa tribune, transforme cette absence en « signe politique fort », spéculant sur une volonté de distanciation face à des réformes impopulaires. Pourtant, les recommandations du FMI centralisation de la dette, consolidation des comptes publics, transparence sont des mesures techniques, déjà engagées par le gouvernement et soutenues par la majorité parlementaire. Le vrai débat devrait porter sur la mise en œuvre de ces réformes, pas sur la présence ou l’absence d’un responsable à une réunion.

L’argument de Thiam perd toute crédibilité lorsqu’on examine son propre parcours. ACT, sous sa direction, brille par son absence dans les débats parlementaires cruciaux, notamment ceux sur la dette et la loi de finances rectificative 2025, adoptée à une large majorité en juin dernier. Où était ACT lorsque l’Assemblée nationale discutait des 4 000 milliards de FCFA de dette cachée héritée du précédent gouvernement ? Où était sa voix lors des audits et des réformes en cours pour corriger les déclarations erronées et renforcer la transparence financière? Le parti de Thiam semble préférer les coups d’éclat médiatiques aux travaux de fond, ce qui interroge sur sa véritable capacité à proposer des alternatives crédibles.

Premièrement, la stratégie de diversion d’ACT est évidente. En focalisant l’attention sur un non-événement, Thiam détourne le regard des Sénégalais des vrais enjeux : la gestion de la dette, la relance de l’économie hors hydrocarbures, et la consolidation des finances publiques.

Deuxièmement, Thiam a déjà crié au loup à plusieurs reprises, notamment sur la question des élections et de la gouvernance, sans jamais apporter de preuves tangibles à ses accusations. Ses prises de position relèvent souvent du populisme, comme en témoignent ses déclarations passées sur la « dette cachée », alors que les audits internationaux ont depuis confirmé les chiffres et les efforts de correction engagés par les nouvelles autorités.

Troisièmement, ACT, en perte de vitesse, a besoin de sujets clivants pour maintenir son existence médiatique. La visite du FMI, moment clé pour le Sénégal, est une aubaine pour un parti en mal de visibilité. Enfin, l’appel à la raison s’impose : plutôt que de spéculer sur les absences, Thiam ferait mieux de s’interroger sur ses propres silences et sur l’absence de participation active de son parti aux débats parlementaires qui façonnent l’avenir du pays.

Cette tactique n’est pas nouvelle. Dans d’autres contextes africains, des partis en difficulté ont souvent recours à la surpolitisation de questions techniques pour masquer leur manque de propositions concrètes. En Côte d’Ivoire, par exemple, des figures politiques ont tenté de transformer des questions administratives en crises nationales, avec des résultats désastreux pour la cohésion sociale et la stabilité économique. Le Sénégal, fort de ses institutions et de sa tradition de débat démocratique, mérite mieux que ces manœuvres de diversion.

L’art de Thiam consiste à transformer un non-événement en crise, mais cette stratégie ne trompe plus personne. Le Sénégal a besoin de débats sérieux, de réformes courageuses et d’une opposition constructive, pas de polémiques stériles. Plutôt que de chercher à créer des tensions, ACT devrait contribuer aux solutions, participer aux débats parlementaires et proposer des alternatives crédibles. La crédibilité d’un parti se mesure à sa capacité à affronter les défis, pas à commenter les dégâts ou à spéculer sur les absences. Le moment est venu pour Thiam et son parti de passer des mots aux actes, sous peine de perdre définitivement la confiance des Sénégalais.

Article opinion écrit par le créateur de contenu : Abdou Diouf.
Mis en ligne : 05/09/2025

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