Des machines à perdre, incapables de se réformer : Le PS, le PDS et les autres - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Politique | Par Eva | Publié le 05/09/2025 12:09:00

Des machines à perdre, incapables de se réformer : Le PS, le PDS et les autres

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Le Parti Socialiste (PS), formation historique et emblématique du Sénégal, est aujourd’hui en proie à une crise existentielle. L’assignation en justice de sa Secrétaire générale par des militants, dénonçant le non-respect des statuts et des procédures démocratiques, n’est que le dernier épisode d’une longue série de dysfonctionnements. Comme le souligne Moustapha Diaw, président du mouvement Racines Socialistes, cette situation « inédite » menace l’avenir même du parti héritier de Léopold Sédar Senghor et de Tanor Dieng.

Pourtant, cette crise n’est pas isolée : elle illustre le déclin inexorable des partis traditionnels sénégalais, incapables de se réformer et condamnés à disparaître, faute d’avoir su s’adapter aux attentes d’une société en mutation. Face à eux, le Pastef, malgré ses propres ambiguïtés, a su capter les frustrations d’une jeunesse en quête de renouveau.

Le Parti Socialiste, autrefois pilier de la vie politique sénégalaise, incarne aujourd’hui le symptôme d’une maladie plus large : l’incapacité des formations traditionnelles à se réinventer. Fondé sur des idéaux progressistes et un héritage prestigieux, le PS a progressivement perdu de sa superbe, miné par des luttes internes, un clientélisme endémique et un refus obstiné de renouveler ses élites. La crise actuelle, marquée par des violations répétées des statuts (absence de convocation du Comité central, intérim prolongé sans validation, décisions opaques), n’est que la partie émergée de l’iceberg.

Le PS n’est pas un cas isolé : le Parti Démocratique Sénégalais (PDS), autrefois dominant, a lui aussi sombré dans l’oubli après des années de divisions et d’absence de projet clair. D’autres formations, comme l’Alliance pour la République (APR) ou le Parti de l’Unité et du Rassemblement (PUR), peinent à proposer une alternative crédible, préférant les querelles de leadership aux débats de fond.

Dans ce vide politique, le Pastef a su s’imposer comme le porte-voix d’une jeunesse désillusionnée. Mais son ascension ne doit pas masquer une réalité accablante : les partis traditionnels, par leur immobilisme, ont eux-mêmes ouvert la voie à cette radicalisation du paysage politique.

le PS, comme tant d’autres, fonctionne désormais en dehors de ses propres règles. Les articles 20, 29 et 30 de ses statuts, qui encadrent le rôle du Comité central et la légitimité du leadership, sont bafoués avec une désinvolture qui frise le mépris pour les militants. Moustapha Diaw parle d’une « faute politique et organisationnelle », mais comment s’étonner de cette dérive quand le parti a toujours privilégié les équilibres de pouvoir aux principes démocratiques ? La « recherche de stabilité » invoquée pour justifier ces entorses n’est qu’un prétexte pour maintenir des clans au pouvoir, au détriment de la base militante.

Cette crise n’est pas nouvelle. Depuis des années, les partis sénégalais répètent les mêmes erreurs :

Un refus de renouvellement : les mêmes visages occupent les postes clés depuis des décennies, étouffant toute velléité de changement.

Un clientélisme endémique : les nominations et les décisions se prennent en fonction des loyautés personnelles, et non des compétences ou des idées.

Une absence de projet politique clair : les partis peinent à proposer une vision pour le Sénégal du XXIe siècle, préférant surf sur les divisions ethniques ou religieuses.

Le PS, en particulier, a perdu son âme. Autrefois porteur d’un idéal social-démocrate, il est aujourd’hui réduit à une coquille vide, où les luttes internes priment sur l’intérêt général. La « dislocation morale » redoutée par Moustapha Diaw est déjà une réalité : comment croire en un parti qui ne respecte pas ses propres règles ?

Les partis sénégalais, à l’image du PS, ont abandonné toute prétention à la transparence. Les congrès sont reportés, les instances dirigeantes ignorées, et les militants réduits au rôle de figurants. Comment peuvent-ils prétendre incarner la démocratie quand ils la bafouent en interne ?

Alors que 60 % de la population sénégalaise a moins de 25 ans, les partis traditionnels restent ancrés dans des pratiques du passé. Leur langage, leurs méthodes et leurs leaders ne parlent plus à une jeunesse connectée, éduquée et exigeante. Le Pastef, malgré ses excès, a au moins compris cette réalité.

En laissant le champ libre à des formations comme le Pastef, les partis historiques ont contribué à polariser le débat politique. Leur incapacité à proposer des solutions crédibles a poussé les électeurs vers des options plus radicales, par défaut plus que par conviction.

Ailleurs en Afrique, des partis historiques comme le FLN en Algérie ou l’ANC en Afrique du Sud ont connu des crises similaires, payant cher leur refus de se réformer. Leur déclin a souvent ouvert la voie à des régimes autoritaires ou à des mouvements populistes. Le Sénégal, souvent cité en exemple pour sa stabilité démocratique, risque de suivre cette voie si ses partis ne se ressaisissent pas.

Les partis sénégalais sont à la croisée des chemins. Soit ils acceptent enfin de se réformer en profondeur en renouvelant leurs élites, en restaurant la démocratie interne et en proposant un projet clair pour l’avenir, soit ils disparaîtront, balayés par l’histoire. La crise du PS n’est pas une fatalité, mais le résultat de décennies d’immobilisme. Le Pastef n’est pas la solution, mais le symptôme d’un système politique à bout de souffle.

Les formations traditionnelles doivent cesser de jouer les « dinosaures » et d’accepter la nécessité d’un renouveau. Sinon, elles ne seront plus que des reliques d’un passé révolu, laissant le champ libre à des aventuriers politiques ou à des régimes autoritaires. Comme le dit Moustapha Diaw, « le Parti Socialiste ne doit pas être dirigé par la force ou la ruse, mais par la confiance retrouvée entre ses militants ». Cette exigence vaut pour tous les partis. Leur survie en dépend.

Article opinion écrit par le créateur de contenu : Ibrahima Dieng.
Mis en ligne : 05/09/2025

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