La tante de Fallou toujours libre : Six ans d’enfermement pour rien - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Justice | Par Eva | Publié le 05/09/2025 02:09:04

La tante de Fallou toujours libre : Six ans d’enfermement pour rien

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L’affaire Fallou Fall est un symbole criant des dysfonctionnements de la justice sénégalaise. Acquitté après six années de prison pour un crime qu’il n’a pas commis, cet homme a choisi de pardonner à sa tante, principale accusatrice dans cette sombre histoire. Pourtant, malgré la gravité des faits et les preuves de sa responsabilité, cette dernière reste libre, protégée par les lenteurs d’un système judiciaire qui semble plus prompt à incarcérer qu’à réparer.

Ce cas emblématique soulève une question glaçante : « Six ans de prison pour un innocent, mais trois ans de délai pour poursuivre la coupable : où est l’équité ? » Il révèle une injustice flagrante et une inégalité de traitement entre les victimes et ceux qui les accusent à tort. Il faut dénoncer cette justice à deux vitesses, où l’innocent subit et le coupable tergiverse.

Fallou Fall a perdu six ans de sa vie derrière les barreaux, victime d’une dénonciation calomnieuse. Sa tante, dont les accusations mensongères ont déclenché cette tragédie, n’a toujours pas été inquiétée par la justice. Pourtant, le Code pénal sénégalais est clair : la dénonciation calomnieuse est un délit passible de poursuites, et le procureur peut s’autosaisir, même sans plainte de la victime. Le délai de trois ans accordé au parquet pour agir apparaît aujourd’hui comme une échappatoire pour les accusateurs malintentionnés, plutôt qu’une garantie de rigueur judiciaire.

Ce cas n’est malheureusement pas isolé. Au Sénégal, la lenteur des procédures judiciaires est un mal chronique, souvent dénoncé par les citoyens et les observateurs. Les victimes d’erreurs judiciaires portent seules le poids de la réparation, tandis que leurs bourreaux bénéficient d’une impunité de fait.

L’affaire Fallou Fall illustre un paradoxe choquant : la rapidité avec laquelle un innocent peut être incarcéré contraste avec la lenteur systématique à poursuivre ceux qui l’ont accusé à tort. Le procureur dispose de trois ans pour engager des poursuites, mais dans les faits, ce délai se transforme souvent en une protection pour les coupables. Pendant ce temps, les victimes, même acquittées, doivent reconstruire leur vie avec les séquelles d’une détention injuste.

Le pardon de Fallou Fall, aussi noble soit-il, ne devrait pas servir d’excuse à l’inaction. La loi permet au ministère public d’agir de sa propre initiative, mais force est de constater que, dans ce cas comme dans d’autres, la justice sénégalaise semble plus préoccupée par les formes que par le fond. Quand il s’agit de corriger une injustice flagrante, cette rigueur fait souvent défaut. La comparaison avec d’autres pays est édifiante : dans certains systèmes judiciaires, les victimes peuvent agir directement contre les accusateurs, alors qu’au Sénégal, elles dépendent presque exclusivement de la volonté du parquet, dont les priorités semblent ailleurs.

Si les faux accusateurs savent qu’ils peuvent échapper à toute sanction grâce aux lenteurs judiciaires, rien ne les empêche de recommencer. La crédibilité de la justice repose sur sa capacité à sanctionner ceux qui la détournent. La confiance dans les institutions est en jeu : comment croire en un système qui condamne rapidement les innocents mais tergiverse quand il s’agit de poursuivre les vrais coupables ? Chaque jour sans poursuite pour la tante de Fallou Fall est un jour de souffrance supplémentaire pour lui et sa famille. La réinsertion d’un innocent est déjà un parcours semé d’embûches ; l’impunité de son bourreau aggrave son préjudice moral et social.

Il est inacceptable que la tante de Fallou Fall puisse continuer à vivre librement alors que sa victime a subi six ans d’enfermement pour un crime imaginaire. Le procureur doit utiliser les pouvoirs que lui confère la loi pour engager sans délai des poursuites pour dénonciation calomnieuse. Trois ans, c’est déjà trop long. Plus largement, il est temps de réformer un système judiciaire où les délais deviennent des outils de protection pour les coupables.

Les victimes d’erreurs judiciaires méritent réparation, et les accusateurs malveillants doivent répondre de leurs actes. La justice sénégalaise se doit de montrer qu’elle est capable de corriger ses propres erreurs, sans attendre que les délais de prescription ne les effacent.

L’affaire Fallou Fall est un test pour la justice sénégalaise. Si elle échoue à poursuivre sa tante, elle enverra un message clair : au Sénégal, on peut détruire une vie impunément, tant qu’on sait jouer avec les failles du système. Il est encore temps d’agir. La balle est dans le camp du ministère public. À lui de prouver que la justice n’est pas seulement un mot, mais une réalité pour tous.

Article opinion écrit par le créateur de contenu : Saliou Mbaye.
Mis en ligne : 05/09/2025

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