Cheikh Bara Ndiaye abandonne les siens : Le Pastef en crise de confiance - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Politique | Par Eva | Publié le 06/09/2025 03:09:30

Cheikh Bara Ndiaye abandonne les siens : Le Pastef en crise de confiance

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Le député Cheikh Bara Ndiaye, figure connue du parti Pastef, fait face à une vague de contestation sans précédent de la part de ses propres militants. Son opposition publique à la marche organisée pour réclamer justice en faveur des martyrs des répressions politiques a provoqué une profonde déception, voire une colère légitime, au sein de la base militante.

Alors que des ex-détenus et des familles de victimes défilaient pour dénoncer la lenteur de la justice, son refus de les soutenir interroge : un élu peut-il ainsi se désolidariser des combats qu’il est censé incarner ?

Fondé en 2014, le Pastef s’est construit sur des principes clairs : le don de soi pour la patrie, la défense des droits des citoyens, et la quête inlassable de justice, surtout pour les victimes de violences politiques. Le parti a payé un lourd tribut pour ces idéaux, avec plus de 1 000 militants détenus, des dissensions internes, et une dissolution temporaire sous l’ancien régime. Son arrivée au pouvoir en 2024, portée par une jeunesse en quête de rupture, a cristallisé l’espoir d’un Sénégal plus juste et transparent. Dans ce contexte, chaque élu du Pastef est perçu comme un gardien de ces promesses, un relais entre les attentes populaires et les institutions.

La marche du 31 août 2025, qui a rassemblé des familles de victimes et des ex-détenus, s’inscrivait dans cette continuité : exiger des comptes pour les violences passées et accélérer les procédures judiciaires. Pourtant, Cheikh Bara Ndiaye a choisi de s’y opposer, créant un choc au sein du parti.

Depuis sa prise de position, Cheikh Bara Ndiaye est la cible d’attaques verbales répétées sur les réseaux sociaux. Les militants, qui l’ont porté et soutenu, dénoncent un « décalage » flagrant entre ses actes et les engagements du Pastef. La comparaison avec son collègue Guy Marius Sagna, présent lors de la marche et engagé pour la suppression de la loi d’amnistie, est édifiante. Alors que Sagna incarne la persévérance dans la quête de justice, Ndiaye semble s’éloigner de cette ligne, fragilisant ainsi sa relation avec une frange importante de la base.

Ce rejet n’est pas anodin : il révèle une crise de confiance. Les militants, déjà éprouvés par les divisions internes et les lenteurs judiciaires, voient en lui un représentant qui, au lieu de les défendre, les abandonne. Son attitude est d’autant plus mal perçue qu’elle contraste avec son image passée de « grand défenseur » d’Ousmane Sonko et des valeurs du parti.

Les familles de victimes et les ex-détenus attendent de leurs élus qu’ils portent leur voix, surtout sur un sujet aussi sensible que la justice pour les martyrs. En refusant de soutenir la marche, Cheikh Bara Ndiaye a non seulement déçu, mais aussi trahi la confiance placée en lui. Comment justifier qu’un député, élu grâce à l’engagement de ces mêmes militants, se désolidarise de leur combat ?

Le Pastef, déjà confronté à des tensions, ne peut se permettre de telles divisions. Chaque prise de position divergente risque de fragmenter davantage le parti, alors que l’unité est cruciale pour mener à bien les réformes promises.

En se distanciant d’une cause consensuelle au sein du parti, Ndiaye envoie un message ambigu : les élus du Pastef peuvent-ils choisir quelles luttes soutenir, selon leurs convenances ? Cela remet en question la crédibilité du parti tout entier et sa capacité à incarner le changement.

L’exemple de Guy Marius Sagna : Ce dernier, en participant activement à la marche et en appelant à une justice « par force », montre qu’il est possible d’allier conviction et responsabilité. Son engagement renforce la légitimité du Pastef, là où Ndiaye la sape.

L’histoire politique récente regorge d’exemples où des élus, en s’éloignant de leur base, ont précipité la crise de leur parti. En Afrique comme ailleurs, les mouvements nés de la contestation populaire paient cher les divisions internes. Le Pastef, qui a su mobiliser une jeunesse en quête de justice, ne peut se permettre de reproduire les erreurs du passé.

Cheikh Bara Ndiaye doit comprendre que son rôle dépasse les calculs personnels ou les positionnements tactiques. Un député du Pastef ne peut se permettre de tourner le dos à ceux qui l’ont porté, surtout sur un sujet aussi fondamental que la justice pour les victimes. Le parti, et ses élus, ont une dette envers les militants et les familles qui ont souffert pour leurs idéaux.

Il est temps de clarifier sa position : soit il réaffirme son engagement aux côtés des victimes et de la base, soit il assume les conséquences de son isolement. Le Pastef n’a pas besoin de divisions stériles, mais de cohésion et de courage. Les Sénégalais, et surtout les victimes, méritent mieux qu’un silence complice ou une opposition incompréhensible.

Le moment est venu de choisir : la loyauté envers les valeurs du parti, ou le risque de devenir un symbole de la trahison des idéaux. La balle est dans son camp.

Article opinion écrit par le créateur de contenu : Ousseynou P.
Mis en ligne : 06/09/2025

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