L'APR se dédouane : L’héritage toxique de Macky Sall - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Economie | Par Eva | Publié le 07/09/2025 12:09:00

L'APR se dédouane : L’héritage toxique de Macky Sall

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Dans un texte récent, la cellule Analyses et Prospective de l’Alliance pour la République (APR) s’indigne des accusations de « dette cachée » portées par le gouvernement Sonko-Diomaye. Selon l’APR, il s’agirait d’une « construction politique », d’un « récit » destiné à discréditer l’ancien régime. Pourtant, les audits indépendants et les conclusions du FMI révèlent une tout autre réalité : celle d’une dette massivement sous-évaluée, d’une opacité assumée, et d’une gestion budgétaire dont les Sénégalais paient aujourd’hui le prix fort. L’APR, en niant l’évidence, utilise les mêmes méthodes qu’elle dénonce la manipulation des chiffres et la désinformation pour se dédouaner.

Sous la présidence de Macky Sall, la dette publique du Sénégal est passée de 3 200 milliards de FCFA en 2012 à plus de 14 000 milliards en 2023, soit une multiplication par quatre en une décennie. L’APR justifie cette explosion par la « proportionnalité au PIB », arguant que la croissance économique aurait absorbé cet endettement massif. Pourtant, les audits commandés par le nouveau gouvernement, notamment celui du cabinet Forvis Mazars, ont révélé que la dette réelle atteignait en réalité 111 % du PIB fin 2023, puis 118,8 % fin 2024 bien au-delà des 74 % officiellement déclarés par l’administration précédente.

Le FMI, après une mission technique en août 2025, a confirmé l’existence de « passifs non divulgués » à hauteur de 7 milliards de dollars entre 2019 et 2024, validant ainsi les conclusions de la Cour des comptes. Ces révélations ont provoqué un séisme : dégradation de la note souveraine du Sénégal, effondrement des eurobonds, suspension du programme FMI, et gel des aides de la Banque mondiale et de la BAD. La question est simple : si la dette était si transparente, pourquoi les Sénégalais n’en ont-ils été informés qu’après l’alternance politique ?

L’APR accuse le gouvernement actuel de « dramatiser » la situation pour discréditer ses prédécesseurs. Pourtant, c’est bien sous son règne que les chiffres ont été manipulés. Le FMI parle de « déclarations erronées », la Cour des comptes de « sous-évaluation », et les audits indépendants de « passifs dissimulés ». L’APR, elle, préfère invoquer la « complexité du reporting » pour expliquer des écarts de près de 40 points de PIB.

Pire, l’APR reproche au gouvernement Sonko-Diomaye son manque de transparence, alors qu’elle-même a refusé de publier les comptes de la Présidence, de la Primature et de l’Assemblée nationale. Le bulletin statistique sur la dette, censé garantir la clarté des finances publiques, n’a pas été mis à jour depuis juin 2024. Comment croire un parti qui, pendant douze ans, n’a jamais commandé d’audit indépendant sur la dette, mais qui s’offusque aujourd’hui que la lumière soit faite ?

L’argument selon lequel « tous les pays de l’UEMOA connaissent ces écarts » est un leurre. Aucun autre pays de la zone n’a vu sa dette révisée à la hausse de manière aussi spectaculaire, ni subi une telle perte de confiance des marchés et des partenaires internationaux. Le Sénégal est devenu, sous l’APR, un cas d’école de mauvaise gouvernance financière, au point que le FMI a gelé son programme d’aide et exige désormais des réformes structurelles avant toute reprise de la coopération.

La révélation de la dette cachée a plongé le Sénégal dans une crise de confiance sans précédent. Les eurobonds se sont effondrés, les agences de notation ont dégradé le pays, et les bailleurs de fonds ont suspendu leurs appuis. Résultat : le déficit budgétaire a bondi à 14 % du PIB en 2024, un niveau inédit hors période de guerre. Le gouvernement actuel doit désormais emprunter à des taux exorbitants (8 à 9 %) sur les marchés régionaux, alourdissant encore le fardeau de la dette.

Les investissements massifs réalisés sous Macky Sall (autoroutes, aéroport, trains) ont été financés par l’endettement, sans que leurs retombées économiques ne soient à la hauteur des promesses. La croissance hors hydrocarbures reste modeste (3,1 % en 2025), freinée par les arriérés de paiement et la perte de confiance des investisseurs. Pendant ce temps, le service de la dette pèse de plus en plus lourd sur le budget de l’État, au détriment des dépenses sociales.

L’APR dénonce aujourd’hui le « matraquage fiscal » du gouvernement Sonko-Diomaye, alors qu’elle a elle-même augmenté les impôts et réduit les subventions pendant des années. Elle critique la dépendance au FMI, alors que c’est sous son règne que le Sénégal s’est le plus endetté auprès des institutions internationales. Le Premier ministre Sonko clame que « le Sénégal n’a pas besoin du FMI », mais c’est l’APR qui a rendu le pays dépendant de ces financements en accumulant une dette insoutenable.

Pourquoi l’APR n’a-t-elle jamais commandé d’audit indépendant sur la dette ? Pourquoi a-t-elle refusé de publier les comptes des institutions clés ? Pourquoi les chiffres officiels ont-ils été si largement sous-estimés ? La réponse est simple : parce que la transparence n’a jamais été une priorité. Le FMI et la Cour des comptes ont révélé ce que l’APR a longtemps cherché à cacher : une gestion budgétaire opaque, des passifs dissimulés, et une dette bien plus lourde que annoncé.

En 2016, le Mozambique avait été sanctionné par le FMI après la découverte de plus d’un milliard de dollars de dettes cachées. Résultat : suspension des aides, crise économique, et perte de crédibilité internationale. Le parallèle est frappant. Comme au Mozambique, la révélation de la dette cachée au Sénégal a provoqué une crise de confiance et contraint le pays à des mesures d’austérité douloureuses.

Au Ghana, en 2023, le gouvernement a dû restructurer sa dette intérieure et négocier un rééchelonnement de sa dette extérieure avec le FMI. La Zambie, après un défaut en 2020, a obtenu un accord de restructuration en 2023. Dans les deux cas, la transparence et la coopération avec les bailleurs ont été les clés de la sortie de crise. Le Sénégal, lui, paie le prix de années de dissimulation.

La dette cachée du Sénégal n’est pas une « chimère politique », mais une réalité confirmée par les audits et les institutions internationales. L’APR, en niant l’évidence, montre qu’elle n’a pas tiré les leçons de ses erreurs. Au lieu de jouer les victimes, elle devrait reconnaître ses torts et contribuer à trouver des solutions pour sortir le pays de la crise.

Le Sénégal mérite mieux que des polémiques stériles. Il mérite une gestion rigoureuse, transparente, et responsable de ses finances publiques. L’APR, en refusant d’assumer ses responsabilités, prouve qu’elle n’est pas à la hauteur des enjeux. Il faut tourner la page et remettre la stabilité économique au-dessus des calculs politiques. La balle est désormais dans le camp des dirigeants actuels mais aussi dans celui de l’opposition, qui doit cesser de nier l’évidence et participer à la reconstruction de la confiance. Le peuple sénégalais, lui, attend des actes, pas des discours.

Article opinion écrit par le créateur de contenu : Faye Amath.
Mis en ligne : 07/09/2025

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