La Lonase « obéit» aux internautes : Résiliation du contrat GFM - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Politique | Par Eva | Publié le 08/09/2025 03:09:30

La Lonase « obéit» aux internautes : Résiliation du contrat GFM

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Dans son édition du 3 septembre 2025, L’Observateur révèle que la Lonase a résilié unilatéralement son contrat de partenariat avec le Groupe Futurs Médias (GFM), signé seulement quatre mois plus tôt. Officiellement, cette décision fait suite à la diffusion sur les réseaux sociaux du document contractuel, qui aurait déclenché une « vague de réactions hostiles » de la part d’internautes proches du nouveau régime. Pourtant, cette explication semble bien fragile pour justifier une rupture aussi brutale.

En réalité, cette affaire s’inscrit dans une logique plus large de pression sur les médias indépendants, où la Lonase, institution publique, pourrait bien servir de bras armé à un pouvoir politique soucieux de réduire au silence les voix dissidentes.

La Lonase, Loterie Nationale Sénégalaise, est une institution publique dont le rôle s’est récemment élargi au-delà du simple financement du sport. Elle est désormais un acteur clé du paysage économique et médiatique, mais aussi un outil potentiel de contrôle politique. Plusieurs affaires récentes, comme les soupçons de détournements de fonds ou de conflits d’intérêts impliquant d’anciens dirigeants, ont entaché sa crédibilité et révélé son manque d’indépendance vis-à-vis du pouvoir en place.

Le Groupe Futurs Médias, fondé par Youssou Ndour, est quant à lui le premier groupe de presse privé du Sénégal, avec des titres comme L’Observateur, RFM ou TFM. Il incarne une voix critique et pluraliste, ce qui lui vaut régulièrement des tensions avec les autorités. Depuis plusieurs mois, le GFM traverse une crise financière sans précédent, aggravée par la baisse des subventions publiques et des recettes publicitaires, mais aussi par des pressions politiques croissantes.

La Lonase justifie sa décision par la diffusion du contrat sur les réseaux sociaux, qui aurait provoqué des réactions hostiles. Pourtant, rien dans la loi ne prévoit une résiliation pour ce motif. La publication d’un document public ne saurait constituer une faute grave, surtout lorsque ce document concerne l’utilisation de fonds publics. En revanche, cette résiliation intervient dans un contexte où le GFM est déjà fragilisé économiquement et politiquement. Plusieurs éléments laissent penser que la Lonase agit sous pression du pouvoir.

L’absence de dialogue est notable, aucune concertation n’ayant précédé la résiliation, qui a été notifiée par lettre recommandée, sans possibilité de recours ou d’explications. Le timing est suspect, la décision tombant alors que le GFM est en pleine restructuration et que ses relations avec le gouvernement sont tendues. De plus, l’instrumentalisation des réseaux sociaux est évidente : les « réactions hostiles » d’internautes anonymes servent de prétexte commode pour légitimer

Cette résiliation constitue une attaque contre la liberté de la presse et crée un précédent dangereux. En résiliant un contrat pour un motif aussi flou, la Lonase envoie un message clair aux autres médias : toute publication jugée gênante peut être sanctionnée, créant ainsi un climat de peur et d’autocensure, incompatible avec une démocratie saine. L’indépendance de la Lonase est également remise en question : comment une institution publique peut-elle agir de manière aussi unilatérale, sans transparence ni contrôle ?

Le GFM, cible d’un régime intolérant, est régulièrement confronté à des pressions détournées visant à l’affaiblir, telles que des pressions fiscales ou un boycott économique, et cette résiliation s’inscrit dans une stratégie plus large de musèlement des médias critiques.

Le Sénégal n’est malheureusement pas un cas isolé. En Afrique, les médias indépendants font face à des pressions croissantes, qu’elles soient politiques, économiques ou judiciaires. Dans plusieurs pays, des groupes de presse ont été asphyxiés économiquement pour avoir critiqué le pouvoir. La Lonase, en agissant ainsi, s’aligne sur ces pratiques autoritaires.

La résiliation du contrat entre la Lonase et le GFM n’est donc pas une simple affaire commerciale. C’est une manœuvre politique destinée à affaiblir un média indépendant et à envoyer un signal aux autres acteurs du secteur : la liberté de la presse a des limites, et le pouvoir est prêt à les imposer par tous les moyens. En utilisant la Lonase comme outil de répression, le régime sénégalais montre qu’il préfère l’obéissance à la diversité des opinions. Dans une démocratie, les médias doivent pouvoir travailler sans crainte de représailles.

La société civile, les journalistes et les citoyens doivent exiger des comptes : pourquoi la Lonase a-t-elle agi ainsi ? Qui a pris cette décision, et dans quel intérêt ? Sans transparence, sans débat, c’est toute la crédibilité des institutions publiques qui est en jeu. Le Sénégal mérite mieux qu’un pouvoir qui muselle ses médias sous couvert de « réactions populaires ». La liberté de la presse n’est pas négociable.

Article opinion écrit par la créatrice de contenu : Sokhna Aicha.
Mis en ligne : 08/09/2025

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