Haute sécurité en trompe-l’œil : Incident au Camp pénal de Liberté 6 - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Fait divers | Par Eva | Publié le 11/09/2025 09:09:15

Haute sécurité en trompe-l’œil : Incident au Camp pénal de Liberté 6

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La presse rapporte qu’« un détenu s’est évadé de la prison Camp pénal de Liberté 6 mardi dernier vers 20 h, par la toiture du « quartier de haute sécurité », malgré barbelés et tirs de sommation ». Condamné en janvier 2023 à quatre ans de prison pour vol en réunion, M. Ndiaye a profité d’un transfert de détenus venant de Rebeuss et d’une brève coupure d’électricité pour tenter sa fuite.

Il a finalement été rattrapé non loin, au Camp Sékou Mballo. Une enquête a été ouverte pour déterminer les circonstances de cette spectaculaire évasion. Cet incident démontre l’inefficacité flagrante des mesures de sécurité en place, et met en cause la crédibilité même des institutions pénitentiaires.

Le Camp pénal de Liberté 6 est censé être l’un des lieux les mieux sécurisés du Sénégal, doté d’un quartier dit « de haute sécurité », de barbelés, de miradors surveillés, et de procédures strictes pour les transferts de détenus.

Malgré tout, ce n’est pas la première fois que des évasions y surviennent : en 2021, un détenu surnommé « Boy Djinné » a creusé un tunnel de cinq mètres pour tenter de s’échapper ; et d’autres incidents, y compris des évasions spectaculaires ou des troubles internes, ont déjà mis en lumière des failles structurelles.

Comment un détenu peut-il s’évader d’un « quartier de haute sécurité » ? Ici, c’est une combinaison catastrophique : une coupure d’électricité, révélatrice d’une infrastructure vulnérable, assortie d’un transfert de détenus, soit un moment de désorganisation, qui a permis à M. Ndiaye de passer à l’acte.

Quand on ajoute à cela les barbelés, les tirs et les miradors, l’évasion devient non pas une surprise, mais une évidence tragique. Cette absence de redondance dans la sécurité montre que l’administration pénitentiaire n’a pas anticipé les scénarios élémentaires de crise.

La coupure d’électricité temporaire ne devrait jamais équivaloir à une faille exploitable. Mais ici, c’est le cas. Combinez cela avec un transfert de détenus, et vous obtenez la configuration idéale pour une évasion.

Barbelés seuls ne suffisent pas. Les gardiens, isolés ou peu nombreux, ne représentent qu’une dissuasion partielle. L’absence de systèmes de secours, de vidéosurveillance ou de surveillance permanente constitue une véritable négligence.

L’arrestation de M. Ndiaye quelques instants plus tard ne doit pas masquer la vérité : la prison n’a tout simplement pas rempli son rôle fondamental, qui est d’empêcher toute tentative d’évasion, surtout dans un « quartier de haute sécurité ».

À l’étranger, des pays confrontés à des défis similaires ont su tirer les leçons de leurs échecs. En France, après l’évasion spectaculaire de Rédoine Faïd en 2018, un audit complet du système pénitentiaire a été lancé, aboutissant à un renforcement des protocoles et à une modernisation des infrastructures. Au Royaume-Uni, les prisons de haute sécurité sont équipées de technologies de pointe (détection de mouvement, caméras thermiques) pour prévenir les tentatives d’évasion.

Même dans des contextes moins bien pourvus, des formations aux gardiens et des procédures de crise sont normalement prévues pour éviter qu’une coupure ou un transfert ne deviennent critiques. Ici, le Sénégal semble accumuler les lacunes, non pas à cause de la volonté des agents, mais en raison d’un cadre institutionnel en crise.

Cet incident n’est pas anodin : il met à nu l’incurie d’un système pénitentiaire désarmé face à des situations pourtant prévisibles. Une minute de liberté accordée à un fugitif suffirait à révéler les failles d’un dispositif censé être impénétrable.

Le Sénégal doit impérativement tirer les leçons de cet épisode : renforcer le secours énergétique, former et doter les gardiens, moderniser les infrastructures, et repenser les transferts de détenus.

Sans ces actions concrètes et urgentes, l’État continue d’ouvrir la porte aux évasions, sapant sa propre crédibilité. L’incapacité à assurer la sécurité des établissements pénitentiaires est inacceptable et mérite une réponse radicale.

Article opinion écrit par le créateur de contenu : Samba Diouf.
Mis en ligne : 11/09/2025

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