Gouvernance chaotique : L'avertissement lucide de Madiambal Diagne - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Politique | Par Eva | Publié le 14/09/2025 12:09:00

Gouvernance chaotique : L'avertissement lucide de Madiambal Diagne

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Le récent remaniement ministériel au Sénégal a suscité son lot de commentaires, mais peu ont été aussi percutants que ceux de Madiambal Diagne. Le journaliste, connu pour sa lucidité et son refus des illusions politiques, a pointé du doigt une réalité gênante : Ousmane Sonko se retrouve avec « toutes les cartes en main », tandis que Bassirou Diomaye Faye semble s’effacer, comme si le pouvoir exécutif se résumait désormais à une seule personne. Si Diagne salue la clarification des rôles, il souligne surtout l’incapacité du duo présidentiel à tirer les leçons de dix-huit mois de gouvernance chaotique. Son analyse, aussi pertinente qu’alarmante, mérite d’être approfondie. Car derrière les apparences d’un simple réaménagement technique se cache une fuite en avant dangereuse, symptomatique d’un pouvoir à court d’idées et de solutions.

Depuis leur arrivée au pouvoir, Diomaye Faye et Ousmane Sonko ont accumulé les promesses non tenues. Les inondations à répétition, les tensions sociales grandissantes, une économie en berne et des arrestations arbitraires ont marqué leurs premiers mois de gouvernance. Le Sénégal, autrefois cité en exemple pour sa stabilité démocratique, voit aujourd’hui son image se dégrader, tant sur le plan national qu’international. Les investisseurs, autrefois attirés par le potentiel du pays, observent désormais avec méfiance un exécutif divisé et peu rassurant. Le remaniement ministériel du 6 septembre 2025, loin de rassurer, confirme une impression de désordre et d’improvisation. Comme le note Diagne, aucun signal fort n’a été envoyé pour redonner confiance, ni aux Sénégalais, ni aux partenaires économiques.

Diagne ne se contente pas de constater l’échec ; il en révèle les mécanismes. En confiant à Sonko une marge de manœuvre quasi absolue, Diomaye Faye semble renoncer à son rôle de garant de l’équilibre institutionnel. Pourtant, cette concentration du pouvoir entre les mains du Premier ministre, loin d’être une solution, aggrave les risques. Sonko, déjà contesté pour son style autoritaire et ses prises de position clivantes, se retrouve désormais seul aux commandes, sans contrepoids réel. Cette configuration est d’autant plus préoccupante que les défis sont immenses : un déficit budgétaire de 14 % du PIB, une dette publique à 119 % du PIB, et un chômage endémique qui touche près de 20 % de la population. Dans un tel contexte, confier les rênes du pays à un seul homme, aussi charismatique soit-il, relève davantage du pari risqué que de la stratégie réfléchie.

Après dix-huit mois de gouvernance, force est de constater que le duo Diomaye-Sonko n’a pas su apporter de réponses concrètes aux problèmes du pays. Les inondations, les tensions sociales et les difficultés économiques persistent, voire s’aggravent. Le remaniement, plutôt que de marquer un nouveau départ, apparaît comme un aveu d’impuissance. Comme le souligne Diagne, il s’agit moins d’une refonte que d’une « fuite en avant », une tentative désespérée de masquer l’absence de résultats.

En laissant Sonko dominer l’exécutif, Diomaye Faye affaiblit les mécanismes de contrôle et d’équilibre indispensables à une gouvernance saine. Cette concentration des pouvoirs est d’autant plus dangereuse que Sonko a déjà fait preuve d’un tempérament peu enclin au compromis. Les tensions internes au sein du PASTEF, les critiques récurrentes contre la gestion de la justice et les arrestations controversées montrent que le Premier ministre n’est pas l’homme des consensus, mais celui des confrontations.

Le remaniement a été présenté comme une réponse aux attentes de la population. Pourtant, rien n’indique que les nouveaux ministres, souvent issus du même cercle restreint, seront capables de rompre avec les pratiques du passé. Au contraire, la nomination de proches de Sonko à des postes clés (Justice, Intérieur) laisse craindre une politisation accrue des institutions, au mépris de l’État de droit.

Alors que le Sénégal a désespérément besoin de réformes structurelles pour relancer son économie, le remaniement ne propose aucune rupture claire. Les investisseurs, déjà réticents, ne trouveront dans cette nouvelle équipe aucun gage de stabilité ou de cohérence. Diagne a raison de souligner cette carence : sans signaux forts, le pays risque de s’enliser dans une crise durable, privant les Sénégalais des perspectives d’avenir qu’ils méritent.

Cette situation n’est pas sans rappeler d’autres expériences africaines où la concentration du pouvoir entre les mains d’un seul homme a conduit à des dérives autoritaires et à l’aggravation des crises. Au Burkina Faso, par exemple, les remaniements ministériels à répétition n’ont fait qu’accentuer l’instabilité politique et économique. Au Zimbabwe, la mainmise de l’exécutif sur les institutions a plongé le pays dans une crise profonde, dont il peine encore à se relever. Le Sénégal, s’il persiste dans cette voie, risque de reproduire les mêmes erreurs, avec des conséquences désastreuses pour sa démocratie et son développement.

Mandiambal Diagne, par son analyse rigoureuse et son refus des illusions, joue un rôle essentiel : celui de rappeler au pouvoir ses responsabilités. Son parti pris n’est pas celui de la critique gratuite, mais celui de la lucidité. Face à un exécutif qui semble avoir renoncé à gouverner pour tous, son intervention est un appel au sursaut. Malheureusement, plutôt que de répondre par des arguments, certains militants du PASTEF préfèrent l’injure et la polémique. C’est dommage, car le Sénégal a besoin de débats apaisés et constructifs, pas de querelles stériles.

Article opinion écrit par le créateur de contenu : Gana Diagne.
Mis en ligne : 14/09/2025

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