« Ce conseiller aux deux visages » : Un éloge suspect - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Politique | Par Eva | Publié le 19/09/2025 12:09:00

« Ce conseiller aux deux visages » : Un éloge suspect

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Robert Bourgi, ce « caméléon » politique, vient encore de surprendre par ses déclarations contradictoires sur Ousmane Sonko. Dans un récent entretien, il affirme avoir « de l’estime » pour le Premier ministre sénégalais, saluant son charisme et son rôle dans la mobilisation populaire qui a fait reculer Macky Sall en 2023. Pourtant, il y a peu, c’était un tout autre son de cloche : Bourgi n’hésitait pas à remettre en cause les capacités de Sonko à diriger le Sénégal, allant jusqu’à le critiquer ouvertement pour ses méthodes et ses propos jugés menaçants envers l’ancien président Macky Sall.

Cette volte-face interroge et révèle, une fois de plus, l’opportunisme d’un homme qui semble adapter ses positions au gré des circonstances et de ses intérêts personnels.

Le Sénégal a toujours été présenté comme un modèle de démocratie en Afrique de l’Ouest, capable de résoudre ses crises par les urnes. En 2012, Abdoulaye Wade, tenté par un troisième mandat anticonstitutionnel, a été sanctionné par les électeurs. En 2023, Macky Sall, accusé de vouloir imiter son prédécesseur, a dû reculer face à une contestation populaire massive, portée notamment par Ousmane Sonko. Ce dernier, figure de proue de l’opposition, a su mobiliser des centaines de milliers de jeunes, au prix de 80 morts et de milliers de blessés. Son rôle dans cette crise a été déterminant, mais il a aussi divisé : pour certains, il incarne l’espoir d’un changement radical ; pour d’autres, il symbolise une radicalisation dangereuse de la vie politique sénégalaise.

Bourgi, connu pour ses liens étroits avec plusieurs chefs d’État africains, a souvent changé de discours sur Sonko. En 2023, il affirmait que Sonko n’avait pas les épaules pour diriger le pays, critiquant ses méthodes et ses menaces envers Macky Sall, qu’il jugeait indignes d’un homme politique. Aujourd’hui, il encense son charisme et son influence, comme s’il avait oublié ses propres réserves. Cette incohérence n’est pas anodine : elle reflète une stratégie de positionnement permanent, où Bourgi cherche à rester pertinent dans le jeu politique, quel que soit le camp au pouvoir. Ses déclarations récentes, où il exprime sa « peur pour le Sénégal » face à la gouvernance actuelle, montrent qu’il joue sur plusieurs tableaux, tantôt soutien, tantôt critique, selon ce qui lui semble le plus avantageux.

Bourgi a soutenu Sonko et le Pastef quand cela lui convenait, notamment lors de leur lutte contre Macky Sall. Mais dès que le vent tourne, il n’hésite pas à dénoncer les « dérives » du nouveau pouvoir, comme les licenciements massifs au port de Dakar ou les poursuites judiciaires contre d’anciens responsables du régime précédent. Son discours oscille entre soutien et mise en garde, révélant une absence de ligne claire, si ce n’est celle de ses propres intérêts.

Comment croire un homme qui, d’un jour à l’autre, passe de l’admiration à la critique acerbe ? Bourgi a même écrit une lettre ouverte à Diomaye Faye et Sonko, les mettant en garde contre une gouvernance qu’il qualifie de « dangereuse », tout en se disant attaché à leur réussite. Cette duplicité affaiblit la portée de ses propos et jette le doute sur sa sincérité.

Sonko, aujourd’hui Premier ministre, reste une figure clivante. Son parcours est marqué par des controverses judiciaires, des accusations de corruption de la jeunesse, et des tensions au sein même de l’exécutif sénégalais. Son style direct et provocateur, s’il séduit une partie de la population, inquiète aussi par son potentiel à fragiliser les institutions et à polariser davantage le débat public.

Bourgi n’est pas le seul à pratiquer l’art du revirement. En Afrique, comme ailleurs, de nombreux conseillers et hommes politiques ajustent leurs positions en fonction des rapports de force. Mais son cas est emblématique : il incarne cette catégorie d’acteurs qui, sous couvert de conseil et de médiation, servent avant tout leurs propres ambitions. Son attitude rappelle celle d’autres figures de la Françafrique, toujours promptes à changer de camp pour conserver leur influence.

Robert Bourgi, par ses déclarations contradictoires, confirme qu’il est avant tout un stratège de l’ombre, prêt à tout pour rester dans le jeu. Son récent éloge de Sonko sonne faux au regard de ses critiques passées. Le Sénégal mérite mieux que ces jeux d’influence : il a besoin de dirigeants et de conseillers qui assument leurs positions avec cohérence et intégrité. Bourgi, lui, reste un caméléon, capable de changer de couleur selon l’air du temps. Son manque de constance et son opportunisme affaiblissent sa crédibilité et desservent le débat politique sénégalais.

Si Bourgi a raison de souligner les défis auxquels fait face le Sénégal, ses propres contradictions rendent son discours peu convaincant. Le pays a besoin de voix claires et engagées, pas de commentateurs versatiles dont les prises de position varient au gré des circonstances. Le vrai débat ne porte pas sur les louanges ou les critiques de Bourgi, mais sur la capacité des dirigeants sénégalais à construire un avenir stable et démocratique pour leur pays.

Article opinion écrit par le créateur de contenu : Mohamed Diallo.
Mis en ligne : 19/09/2025

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