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Le 24 septembre 2025, l’ancien président sénégalais Macky Sall publiera chez Odile Jacob un nouvel ouvrage intitulé L’Afrique au cœur, présenté comme une vision ambitieuse pour le continent, mettant en avant ses atouts démographiques, économiques et culturels. Pourtant, derrière ce discours optimiste se cache une réalité bien plus sombre : celle d’un bilan présidentiel marqué par une dérive autoritaire, une répression sanglante, et une instrumentalisation des institutions qui ont profondément ébranlé les fondements démocratiques du Sénégal. Loin des promesses de dialogue et de prospérité, les douze années de Macky Sall ont laissé un héritage de violences, de manipulations politiques et d’opacité financière, largement documenté par des enquêtes journalistiques et des rapports d’organisations internationales.
Macky Sall a souvent été présenté comme un homme d’État modéré, un garant de la stabilité démocratique en Afrique de l’Ouest. Pourtant, son double mandat a été rythmé par des crises politiques majeures : report répété des élections, répression violente des manifestations, arrestations arbitraires, coupures d’Internet, et dissolution de mouvements citoyens. Entre 2021 et 2024, les forces de l’ordre ont causé la mort de dizaines de jeunes manifestants, principalement par balles, selon des collectifs comme CartograFreeSenegal et des ONG internationales. Le Sénégal, autrefois considéré comme un modèle de démocratie en Afrique, a vu sa liberté de la presse chuter de la 47e à la 104e place mondiale, tandis que plus de 1 000 prisonniers politiques ou d’opinion croupissaient dans les geôles du régime.
Le livre L’Afrique au cœur promet de replacer le continent au centre des enjeux mondiaux, mais il passe sous silence les méthodes employées par son auteur pour museler l’opposition et verrouiller le pouvoir. Macky Sall a entretenu le flou sur un éventuel troisième mandat, instrumentalisé la justice pour écarter ses rivaux, et fait adopter une loi d’amnistie pour couvrir les crimes commis sous son règne, juste avant son départ. Les élections municipales de 2019 ont été reportées à plusieurs reprises, et la Cour des comptes a révélé une gestion désastreuse des finances publiques, avec des chiffres de la dette et du déficit budgétaire falsifiés. Des intellectuels, des juristes et des observateurs ont dénoncé une « violation flagrante et répétée des droits des citoyens » et une « instrumentalisation politique du système judiciaire » sans précédent.
Les faits sont accablants : 65 morts documentées lors de la répression des manifestations, des centaines d’arrestations arbitraires, et une loi d’amnistie votée in extremis pour protéger les responsables de ces violences. Freedom House a classé le Sénégal comme « partiellement libre » en 2023, soulignant la mutation d’un président démocratiquement élu en leader autoritaire. Les comparaisons avec d’autres contextes africains sont édifiantes : comme au Mali, en Guinée ou au Burkina Faso, le Sénégal a connu une radicalisation du pouvoir, une militarisation de la réponse aux contestations, et une concentration des richesses entre les mains d’une élite proche du régime.
L’Afrique au cœur risque de n’être qu’un exercice de communication, une tentative de réécrire l’histoire pour effacer les traces d’un mandat marqué par l’arbitraire et l’impunité. Alors que Macky Sall se présente en défenseur des droits de l’Afrique sur la scène internationale, son héritage national est celui d’un pays fracturé, endeuillé, et en quête de justice. La sortie de ce livre, loin d’être un acte de visionnaire, apparaît comme une manœuvre pour occulter un bilan désastreux. La véritable question n’est pas celle de l’avenir du continent, mais celle de la responsabilité de ceux qui, comme Macky Sall, ont trahi les idéaux démocratiques au nom du pouvoir.
La mémoire des victimes et la vigilance des citoyens doivent rester plus fortes que les récits édulcorés. L’Afrique mérite mieux que des discours : elle mérite des dirigeants à la hauteur de ses aspirations, et non des autocrates en quête de réhabilitation.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Abdou Ndiaye .
Mis en ligne : 21/09/2025
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