Une stratégie de diversion politique : L’héritage de Macky Sall encore visé - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Politique | Par Eva | Publié le 22/09/2025 03:09:30

Une stratégie de diversion politique : L’héritage de Macky Sall encore visé

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La Haute cour de justice sénégalaise prépare une deuxième vague de poursuites contre d’anciens ministres, après une première série visant déjà cinq personnalités de l’ère Macky Sall. Si la « reddition des comptes » est un principe louable, force est de constater que cette actualité judiciaire occupe surtout l’espace médiatique, détournant l’attention des vrais problèmes du pays. Pendant que l’on juge les responsables d’hier, qui s’occupe de l’inflation persistante, des coupures d’électricité à répétition, ou de la corruption actuelle ?

Cette stratégie de diversion, classique en politique, permet au pouvoir en place d’éviter de rendre des comptes sur son propre bilan, pourtant bien plus préoccupant pour les Sénégalais.

Le Sénégal traverse une période difficile : l’inflation, bien que légèrement réduite, reste un fardeau pour les ménages, avec des prix élevés des denrées de base et des services essentiels. Les coupures d’électricité, loin d’être résolues, perturbent toujours le quotidien des citoyens, malgré les promesses de réformes énergétiques à long terme. Pire, la dette publique a explosé, atteignant près de 120 % du PIB en 2024, et le déficit budgétaire frôle les 12 %, des chiffres bien éloignés des prévisions optimistes des années passées. Dans ce contexte, les poursuites contre d’anciens ministres, bien que médiatisées, ne répondent en rien aux attentes immédiates de la population.

L’annonce de nouvelles instructions judiciaires intervient alors que le gouvernement actuel peine à justifier ses propres résultats. Les scandales financiers récents, comme l’affaire des 45 milliards de FCFA liés à un marché d’armements ou les détournements présumés de loyers par des proches du pouvoir, sont soit étouffés, soit minimisés. Pourtant, ces dossiers concernent des fonds publics, tout comme ceux reprochés aux anciens ministres. Pourquoi une telle différence de traitement ?

La réponse est simple : pointer du doigt les prédécesseurs est bien plus facile que de reconnaître ses propres échecs. Les coupures d’électricité, les retards dans les grands projets, la gestion chaotique des finances publiques ou encore la répression des manifestations sont autant de sujets qui devraient occuper le devant de la scène. Mais à la place, c’est la justice qui devient le spectacle, avec des noms qui fuient dans la presse avant même que les procédures ne soient engagées.

L’inflation et le pouvoir d’achat : malgré une légère baisse, l’inflation reste un problème majeur, surtout pour les plus vulnérables. Les Sénégalais attendent des solutions concrètes, pas des procès symboliques.

Les coupures d’électricité : les explications de la Senelec sur les « incidents ponctuels » ne convainquent plus personne. Les délestages récurrents sont un marqueur de l’incapacité à moderniser les infrastructures, malgré les ressources disponibles.

La corruption actuelle : plusieurs affaires récentes (détournements, blanchiment, marchés publics truqués) impliquent des personnalités liées au pouvoir actuel. Pourtant, ces dossiers avancent à pas de tortue, quand ils ne sont pas purement et simplement enterrés.

La dette et la gestion économique : le Sénégal s’enfonce dans l’endettement, avec une dette publique estimée à 119 % du PIB en 2024, et un déficit budgétaire record. Où sont les réformes structurelles promises ?

Cette tactique n’est pas nouvelle. En Afrique comme ailleurs, les régimes en difficulté utilisent souvent la justice comme outil de diversion. Au Sénégal, l’histoire se répète : en 2000, l’alternance avait soulevé d’immenses espoirs, rapidement déçus par l’incapacité à résoudre les problèmes de fond. Aujourd’hui, le tandem Faye-Sonko, porté par un discours de rupture, semble reproduire les mêmes erreurs : promesses non tenues, scandales étouffés, et une communication centrée sur les « méchants » d’hier plutôt que sur les solutions pour demain.

Les Sénégalais méritent mieux qu’une justice à deux vitesses et des procès médiatisés pour masquer l’inaction. Il faut que le gouvernement actuel assume ses responsabilités : rendre des comptes sur la gestion de l’économie, mettre fin aux coupures d’électricité, et lutter sans complaisance contre la corruption, qu’elle vienne d’hier ou d’aujourd’hui.

La transparence et l’efficacité doivent primer sur les calculs politiques. Plutôt que de chercher des boucs émissaires, le pouvoir ferait mieux de se concentrer sur l’urgence sociale et économique. Les citoyens ne sont pas dupes : ils attendent des actes, pas des diversions.

Article opinion écrit par le créateur de contenu : Mamadou Sy.
Mis en ligne : 22/09/2025

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