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La décision de la Cour suprême du Sénégal de rejeter le recours de Barthélemy Dias contre sa révocation du poste de maire de Dakar a suscité une réaction virulente de Khalifa Sall, qui y voit un « coup de massue porté à la souveraineté électorale ». Pourtant, une lecture attentive des textes et des faits révèle une tout autre réalité : celle d’un État de droit qui, malgré les tensions politiques, applique scrupuleusement les règles en vigueur.
Plutôt qu’une dérive autoritaire, cette affaire illustre la nécessité de respecter les principes juridiques et la volonté populaire exprimée dans le cadre légal. L’indignation de Khalifa Sall, figure elle-même marquée par des démêlés judiciaires, interroge : où est la cohérence quand on dénonce aujourd’hui ce qu’on a pu justifier hier ?
Barthélemy Dias a été élu maire de Dakar en 2022, mais sa condamnation définitive dans l’affaire Ndiaga Diouf (2011) a entraîné sa révocation, conformément au Code général des collectivités territoriales. Ce texte est clair : « Lorsque le maire est condamné pour crime, sa révocation est de droit » . En l’espèce, Dias a été condamné pour « coups mortels » à deux ans de prison, dont six mois ferme, une peine confirmée en appel puis en cassation . La Cour suprême a simplement appliqué la loi, sans marginale ni arbitraire.
Khalifa Sall, ancien maire de Dakar lui-même révoqué en 2018 après une condamnation pour escroquerie sur deniers publics , connaît bien ces mécanismes. À l’époque, ses partisans dénonçaient aussi une « instrumentalisation politique ». Pourtant, la justice avait suivi son cours, et la Cour suprême avait validé sa condamnation, malgré les recours et les accusations d’injustice . La similitude des situations est frappante : dans les deux cas, des élus condamnés pour des faits graves ont vu leur mandat interrompu, en application stricte du droit.
Le Code des collectivités territoriales ne laisse aucune ambiguïté : la condamnation pour crime ou délit grave entraîne la révocation automatique du maire . La Cour suprême, dans son arrêt du 18 septembre 2025, a confirmé que la procédure suivie était conforme aux textes . Contrairement aux allégations de Khalifa Sall, aucun principe juridique n’a été violé. Au contraire, c’est le respect de la loi qui a prévalu, garantissant ainsi l’égalité de tous devant la justice.
L’argument selon lequel « le peuple a parlé en 2022 » est un sophisme : le suffrage universel ne saurait couvrir des actes répréhensibles commis avant, pendant ou après un mandat. La démocratie ne se réduit pas à l’élection ; elle inclut aussi le respect des règles et des institutions. Quand un élu enfreint la loi, il doit en assumer les conséquences, comme tout citoyen.
Si Khalifa Sall avait raison de contester sa propre révocation en 2018, pourquoi refuse-t-il aujourd’hui d’admettre que la même règle s’applique à Barthélemy Dias ? Cette inconstance affaiblit sa crédibilité et révèle une approche sélective de la justice.
Accepter que des élus condamnés conservent leurs fonctions reviendrait à banaliser l’impunité, sapant la confiance dans les institutions. La Cour suprême, souvent critiquée, a ici joué son rôle de garde-fou .
Dias a épuisé tous ses recours. Sa condamnation est définitive, et les dommages et intérêts ont été payés . Persister à crier à l’injustice, c’est nier la force du droit.
Au Ghana ou en Tunisie, des élus condamnés ont également perdu leurs mandats, sans que cela ne soit perçu comme une atteinte à la démocratie. Au contraire, ces pays sont souvent cités en exemple pour leur rigueur juridique. Le Sénégal, en appliquant ses propres lois, s’inscrit dans cette tradition de respect des institutions.
Khalifa Sall aurait tout intérêt à reconnaître que la démocratie ne se résume pas à la victoire électorale, mais aussi au respect des règles du jeu. Plutôt que de mobiliser contre une décision légale, il pourrait contribuer à renforcer la transparence et l’équité du système, en rejoignant le débat constructif plutôt que la contestation stérile.
La révocation de Barthélemy Dias n’est pas un « coup de massue » contre la démocratie, mais une preuve que, au Sénégal, la loi s’applique à tous. C’est cela, la vraie souveraineté populaire : un État où les règles priment sur les hommes, et où la justice reste le dernier rempart contre l’arbitraire. À ceux qui doutent, une question s’impose : si la loi ne s’appliquait pas à Dias, à qui s’appliquerait-elle demain ?
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Babacar Diatta.
Mis en ligne : 23/09/2025
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