Le Sénégal, porte d’entrée sans contrôle : Migrations irrégulières en hausse - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Société | Par Eva | Publié le 27/09/2025 08:09:30

Le Sénégal, porte d’entrée sans contrôle : Migrations irrégulières en hausse

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L’interpellation récente à Saint-Louis de quatre ressortissants bangladais entrés illégalement au Sénégal, après avoir fui la Mauritanie et été attirés par les promesses d’un contact introuvable, relance le débat sur la place du Sénégal dans les flux migratoires irréguliers en Afrique de l’Ouest. Si le pays est souvent salué pour son hospitalité, cette affaire révèle une réalité plus complexe : le Sénégal est devenu, bon gré mal gré, une destination ou un passage pour des migrations non contrôlées, avec des risques croissants pour sa cohésion sociale, sa stabilité économique et son image.

Face à cette situation, il est urgent de clarifier la politique migratoire du pays et d’en mesurer les conséquences à long terme.

Le Sénégal, traditionnellement perçu comme une terre d’accueil, accueille aujourd’hui plus de 13 000 personnes déplacées, dont près de 12 000 réfugiés et demandeurs d’asile. Pourtant, le pays ne dispose toujours pas d’une politique migratoire nationale claire et structurée, malgré les défis posés par l’afflux de migrants en situation irrégulière.

Ces arrivées s’inscrivent dans un contexte régional marqué par des crises économiques, des conflits et des politiques migratoires restrictives dans les pays voisins, comme la Mauritanie, qui poussent des milliers de personnes à chercher refuge ou un passage vers d’autres horizons. En 2024, la Mauritanie est même devenue la principale rampe de lancement vers les Canaries, avec près de 25 000 départs enregistrés, illustrant le basculement des circuits migratoires vers des zones moins surveillées.

L’affaire des quatre Bangladais n’est qu’un exemple parmi d’autres des défis posés par l’immigration irrégulière. Ces arrivées non maîtrisées exercent une pression sur les ressources locales, déjà mises à rude épreuve par un chômage structurel estimé à 20 % et une population jeune en quête d’opportunités. L’absence de cadre légal et de base de données fiables pour gérer ces flux aggrave les risques de tensions communautaires, de traite des personnes et de criminalité. De plus, le Sénégal, en l’absence d’une stratégie nationale cohérente, se retrouve tiraillé entre son rôle historique d’accueil et la nécessité de protéger ses frontières et sa stabilité.

Les autorités sénégalaises ont bien mis en place des comités de lutte contre la migration irrégulière et élaboré une Stratégie Nationale de Lutte contre la Migration Irrégulière, mais ces initiatives restent insuffisantes face à l’ampleur du phénomène. La coopération régionale, bien que nécessaire, est encore limitée, et les accords bilatéraux avec l’Europe se concentrent davantage sur la répression que sur des solutions durables. Résultat : les migrants en situation irrégulière, souvent vulnérables, se retrouvent sans protection, tandis que les communautés locales subissent les conséquences économiques et sociales de leur présence.

Premièrement, l’afflux de migrants irréguliers pose un défi économique majeur. Les ressources publiques, déjà contraintes, sont sollicitées pour répondre aux besoins humanitaires, au détriment des populations locales. Deuxièmement, l’absence de politique claire favorise l’émergence de tensions communautaires, comme on l’observe dans d’autres pays d’Afrique de l’Ouest où la compétition pour l’accès aux terres, à l’emploi et aux services publics a parfois dégénéré en conflits. Enfin, cette situation risque de nuire à l’image du Sénégal, traditionnellement perçu comme un pays stable et accueillant. À terme, si rien n’est fait, le pays pourrait voir sa réputation ternie, tant sur le plan régional qu’international.

La situation du Sénégal n’est pas isolée. Au Maroc, par exemple, les autorités ont bloqué un grand nombre de migrants en situation irrégulière en 2024, soulignant les pressions croissantes liées à la migration en Afrique du Nord et de l’Ouest. En Europe, les débats sur l’immigration irrégulière ont montré que l’absence de politique migratoire claire peut alimenter les divisions sociales et politiques. Le Sénégal doit tirer les leçons de ces expériences et éviter de reproduire les mêmes erreurs.

Le Sénégal se trouve à un carrefour : veut-il rester une terre d’asile ouverte mais non préparée, ou devenir un rempart contre l’immigration irrégulière, au risque de perdre une partie de son identité ? La réponse passe par l’adoption urgente d’une politique migratoire nationale, équilibrée entre humanisme et réalisme. Il est temps de clarifier les règles, de renforcer les capacités de gestion des flux et de coopérer davantage avec les pays voisins et les partenaires internationaux. Sans cela, le pays risque de voir sa cohésion sociale et sa stabilité menacées par des migrations qu’il ne maîtrise plus.

Le Sénégal doit cesser de subir les flux migratoires et en faire un levier de développement, en encadrant l’immigration légale, en luttant efficacement contre les réseaux clandestins et en intégrant les enjeux migratoires dans sa stratégie de développement à long terme. L’enjeu n’est pas de fermer les portes, mais de les ouvrir de manière ordonnée et responsable, pour le bien de tous.

Article opinion écrit par la créatrice de contenu : Anta Faye.
Mis en ligne : 27/09/2025

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