Fini les privilèges abusifs des taxis traditionnels : La justice a tranché - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Société | Par Eva | Publié le 28/09/2025 11:09:43

Fini les privilèges abusifs des taxis traditionnels : La justice a tranché

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Le tribunal de Dakar a récemment rendu son verdict dans l’affaire opposant les chauffeurs de taxis traditionnels aux plateformes numériques Yango, Yassir et Heetch. Les taxis, qui dénonçaient une « concurrence déloyale », ont été déboutés. Pourtant, leur colère persiste, illustrée par des déclarations virulentes et des menaces de mobilisation politique. Mais derrière leurs revendications se cache une réalité bien moins glorieuse : un modèle obsolète, marqué par des tarifs arbitraires, un manque criant de transparence et un service souvent médiocre.

Plutôt que de s’indigner contre des acteurs qui offrent enfin aux Sénégalais un transport abordable, fiable et moderne, les taxis traditionnels feraient mieux de s’interroger sur leur propre incapacité à évoluer.

Depuis des décennies, les taxis sénégalais fonctionnent selon des règles opaques. Le marchandage systématique, le refus d’utiliser le compteur, les tarifs gonflés pour les touristes ou les trajets nocturnes, et l’absence de facturation sont autant de pratiques qui ont érodé la confiance des usagers. À Dakar, par exemple, les compteurs sont rarement enclenchés, et les prix varient selon l’humeur du chauffeur ou la vulnérabilité du client.

Les plateformes comme Yango, Heetch ou Yassir ont bouleversé ce système en proposant des tarifs fixes, affichés à l’avance, une traçabilité des trajets et des évaluations des chauffeurs, des garanties que les taxis traditionnels ne peuvent (ou ne veulent) pas offrir.

Les applications ont aussi démocratisé l’accès au transport : pour une même distance, une course avec Yango coûte souvent deux à trois fois moins cher qu’un taxi traditionnel, sans négociation ni mauvaise surprise. Par exemple, pour un trajet entre Ouest Foire et l’UCAD, Yango propose un tarif de 1 400 FCFA, là où un taxi traditionnel facturera souvent le double, voire plus. Ces plateformes ont également introduit des mécanismes de sécurité (partage de la position du véhicule, historique des trajets) et un service client accessible, des innovations absentes du modèle traditionnel.

Les chauffeurs de taxi accusent les plateformes de pratiquer des « tarifs excessivement bas » et des « promotions agressives ». Mais leur véritable grief est ailleurs : ils voient leur rente de situation disparaître. Leur opposition aux VTC ressemble moins à une défense de la qualité du service qu’à une tentative désespérée de protéger un monopole devenu intenable.

Leur argument selon lequel les plateformes ne respecteraient pas les lois est d’autant plus hypocrite que beaucoup de taxis roulent sans licence valide, sans assurance à jour, ou sans déclarer leurs revenus. Pire, leur menace de « se battre » lors des élections locales révèle une stratégie de pression politique plutôt qu’une volonté de réforme. Leur combat n’est pas pour la justice, mais pour le maintien de privilèges acquis au détriment des usagers.

Avec les applications, le prix est connu avant même de monter dans la voiture. Finis les marchandages interminables et les surfacturations arbitraires.

Les utilisateurs peuvent évaluer les chauffeurs, consulter l’historique des trajets, et même partager leur position en temps réel, des fonctionnalités inexistantes chez les taxis traditionnels.

Les tarifs bas des VTC profitent surtout aux étudiants, aux travailleurs précaires et aux familles, qui n’ont pas les moyens de payer des courses surévaluées. Les plateformes ont aussi créé des milliers d’emplois pour des jeunes Sénégalais, avec des revenus souvent supérieurs à ceux des taxis traditionnels.

Dans le monde entier, les taxis traditionnels ont dû évoluer face à la concurrence des VTC. À Rabat, Casablanca ou Johannesburg, les conflits entre taxis et plateformes ont souvent viré à la violence, preuve que le refus du changement mène à l’impasse. Au Sénégal, plutôt que de manifester, les taxis pourraient s’inspirer des applications pour moderniser leur offre (réservation en ligne, paiement numérique, formation des chauffeurs).

En Afrique du Sud, les tensions entre taxis et VTC ont déjà fait des dizaines de morts. Au Maroc, les chauffeurs traditionnels multiplient les actes de violence contre les VTC, sans pour autant améliorer leur service. En France, après des années de résistance, les taxis ont finalement dû accepter de coexister avec les plateformes, sous peine de disparaître.

Partout, la leçon est la même : la régulation doit encadrer la concurrence, mais elle ne peut pas empêcher le progrès.

Le verdict du tribunal de Dakar est une bonne nouvelle pour les usagers. Il rappelle que la concurrence est saine et que les monopoles, surtout lorsqu’ils profitent à une minorité au détriment du plus grand nombre, n’ont pas leur place dans une économie moderne. Les taxis traditionnels ont eu des décennies pour se réformer. Plutôt que de crier à l’injustice, ils devraient enfin entendre le message : soit ils s’adaptent, soit ils disparaîtront.

Les autorités sénégalaises doivent accompagner cette transition, en encadrant les plateformes sans étouffer l’innovation, et en incitant les taxis à se moderniser. Les Sénégalais méritent un transport digne de ce nom, pas un retour en arrière. La balle est dans le camp des taxis : sauront-ils enfin placer l’intérêt des usagers avant le leur ?

Article opinion écrit par la créatrice de contenu : Awa B.
Mis en ligne : 28/09/2025

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