Mansour Faye innocenté : La fin d’un scandale judiciaire ? - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Justice | Par Eva | Publié le 30/09/2025 03:09:30

Mansour Faye innocenté : La fin d’un scandale judiciaire ?

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L’actualité judiciaire sénégalaise a été marquée, ce 25 septembre 2025, par la libération sous contrôle judiciaire de l’ancien ministre du Développement communautaire, Amadou Mansour Faye, après quatre mois de détention préventive. Accusé de détournement de deniers publics, de corruption et de surfacturation dans le cadre d’une commande de riz estimée à 2,749 milliards de FCFA, il a finalement bénéficié d’une mise en liberté provisoire pour « contestations sérieuses ». Cette décision, saluée par ses partisans et observateurs attentifs, mérite d’être analysée comme un acte de justice et de courage de la part des juges.

En effet, quiconque a pris le temps de lire le rapport de la Cour des comptes et de suivre les débats sait que rien ne peut être reproché à Mansour Faye. Cette affaire, qui a défrayé la chronique, rappelle que la justice, quand elle est indépendante et rigoureuse, sait corriger les erreurs et rendre à chacun ce qui lui revient.

L’arrestation de Mansour Faye s’inscrit dans une série de poursuites contre d’anciens ministres du régime de Macky Sall, dans un climat politique marqué par la volonté affichée des nouvelles autorités de « faire rendre des comptes ». Depuis mars 2024 et l’arrivée au pouvoir de Bassirou Diomaye Faye et d’Ousmane Sonko, plusieurs figures de l’ancienne majorité ont été incarcérées, parfois sur la base d’accusations contestées. Le dossier de Mansour Faye, en particulier, a cristallisé les tensions : il était accusé d’avoir surfacturé l’achat de riz destiné à l’aide alimentaire pendant la pandémie de Covid-19.

Pourtant, comme l’ont démontré ses avocats, les accusations reposaient sur un arrêté de 2013, devenu caduc en 2020, et non sur les réalités économiques de l’époque. Les données de l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (ANSD) ont confirmé que le prix du riz en 2020 oscillait entre 320 000 et 338 000 FCFA la tonne, soit bien au-dessus du prix de référence utilisé pour calculer le prétendu détournement. Ainsi, loin de nuire à l’État, la gestion de Mansour Faye aurait même permis une économie d’environ 5 milliards de FCFA.

Cette affaire soulève une question fondamentale : dans un État de droit, peut-on condamner un homme sur la base de textes obsolètes et de calculs erronés ? La réponse des juges, en libérant Mansour Faye, est claire : non. Cette décision est un signal fort envoyé à tous ceux qui croient que la justice peut être instrumentalisée à des fins politiques.

Les arguments avancés par la défense de Mansour Faye sont accablants pour l’accusation. Non seulement l’arrêté de 2013 n’était plus en vigueur, mais les procédures d’achat ont respecté les règles en vigueur et les prix du marché. La Cour des comptes elle-même, dans son rapport, a épinglé plusieurs ministères pour des manquements, mais les preuves contre Mansour Faye se sont révélées fragiles, voire inexistantes. Lors de son audition devant la Haute Cour de justice, il a contesté avec vigueur les faits qui lui étaient reprochés, s’appuyant sur des preuves tangibles et des procédures transparentes.

La libération de Mansour Faye n’est pas une victoire personnelle, mais celle de la justice et de la raison. Elle rappelle que, même dans les dossiers les plus sensibles, les magistrats doivent rester fidèles à leur mission : juger en droit, et non en opportunité politique. Les juges ont eu le courage de résister à la pression et de reconnaître que les charges étaient insuffisantes. C’est là tout l’honneur de la justice sénégalaise.

Cette affaire n’est pas sans rappeler d’autres situations, au Sénégal et ailleurs, où des responsables politiques ont été poursuivis sur la base d’accusations fragiles, avant d’être finalement innocentés. En France, par exemple, plusieurs affaires judiciaires ont montré comment des procédures bâclées ou politisées pouvaient nuire à la réputation d’hommes publics, avant que la vérité ne éclate. Au Sénégal, l’histoire récente regorge d’exemples où des personnalités ont été traînées dans la boue, puis réhabilitées par la justice. La différence, cette fois, est que la correction est intervenue rapidement, évitant ainsi une injustice durable.

Il est aussi utile de comparer cette affaire à celle d’autres pays africains, où des opposants ou d’anciens dirigeants sont souvent emprisonnés sur la base de dossiers montés de toutes pièces. La libération de Mansour Faye montre que le Sénégal, malgré ses tensions politiques, reste attaché à l’État de droit et à la présomption d’innocence.

La décision de la Haute Cour de justice est une bouffée d’oxygène pour la démocratie sénégalaise. Elle prouve que les institutions, quand elles fonctionnent correctement, savent résister aux pressions et garantir les droits fondamentaux. Elle envoie un message clair : personne n’est au-dessus de la loi, mais personne ne doit non plus être victime de règlements de comptes.

Cette affaire doit aussi servir de leçon : la lutte contre la corruption est nécessaire, mais elle doit être menée avec rigueur et équité. Accuser sans preuve, emprisonner sans fondement, c’est prendre le risque de discréditer la justice et d’alimenter la défiance des citoyens. La libération de Mansour Faye est donc une victoire pour tous ceux qui croient en une justice indépendante, impartiale et respectueuse des droits de la défense.

La libération de Mansour Faye est une décision courageuse, qui honore la justice sénégalaise. Elle rappelle que, dans un État de droit, la vérité finit toujours par triompher. Félicitations aux juges pour leur intégrité et leur indépendance. Quiconque a lu le rapport de la Cour des comptes et suivi les débats sait que Mansour Faye n’a rien à se reprocher. Cette affaire doit maintenant servir d’exemple : la justice doit être un rempart contre l’arbitraire, et non un instrument de vengeance.

Le Sénégal a montré, une fois de plus, qu’il était possible de concilier rigueur judiciaire et respect des droits fondamentaux. Puisse cette décision inspirer d’autres juridictions, au Sénégal et ailleurs, à faire preuve de la même probité. La démocratie sénégalaise en sort grandie, et c’est une bonne nouvelle pour tous les citoyens.

Article opinion écrit par le créateur de contenu : Pape Camara.
Mis en ligne : 30/09/2025

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