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L’actualité sénégalaise vient de nous offrir un spectacle aussi édifiant qu’affligeant : la fuite rocambolesque de Madiambal Diagne, patron de presse et figure médiatique, vers la France via la Gambie, malgré une interdiction de sortie du territoire et un mandat d’arrêt international. La réaction de la députée Maimouna Bousso, comparant ce fugitif à Ousmane Sonko, mérite une analyse critique. Car si la comparaison est osée, elle révèle surtout l’abîme qui sépare le courage politique de la lâcheté opportuniste.
Madiambal Diagne, connu pour ses positions critiques envers le pouvoir actuel, est aujourd’hui accusé de rétrocommissions et de transactions financières suspectes, impliquant des montants colossaux et des complicités familiales et spirituelles. Interdit de quitter le territoire, il a pourtant réussi à s’enfuir, non sans laisser derrière lui une famille et des proches interpellés, et un système judiciaire sénégalais en émois. Les autorités ont dû limoger des responsables de la Division des investigations criminelles et du commissariat de l’aéroport, tant les failles dans sa cavale sont criantes.
Son départ précipité, ses déclarations ambiguës depuis la France, et ses promesses de retour aussi vagues qu’invraisemblables, dessinent le portrait d’un homme aux abois, prêt à tout pour échapper à la justice de son propre pays.
Maimouna Bousso a cru bon de rappeler que « pendant que Sonko tenait bon, chez lui, en Casamance, lui a préféré prendre ses jambes à son cou ». La formule est juste, mais elle mérite d’être approfondie. Ousmane Sonko, malgré les persécutions judiciaires, les arrestations arbitraires et les tentatives d’exclusion politique, n’a jamais fui. Il a affronté les tribunaux, mobilisé ses partisans, et fini par accéder au poste de Premier ministre, symbole de sa résilience et de son ancrage dans la lutte démocratique. À l’inverse, Madiambal Diagne, qui se drapait dans le costume du justicier médiatique, a choisi la voie de la fuite, révélant ainsi son vrai visage : celui d’un homme prêt à abandonner ses principes au premier vent contraire.
La fuite de Diagne n’est pas un acte de résistance, mais un aveu de faiblesse et, osons le dire, de culpabilité. Quand on est innocent, on reste et on se défend. Quand on a quelque chose à cacher, on fuit. Son départ clandestin, ses déclarations confuses, et l’arrestation de ses proches pour complicité présumée, ne font que confirmer les soupçons qui pèsent sur lui. Comment peut-on sérieusement comparer un homme qui a toujours fait face à ses accusateurs, même au prix de sa liberté, à un autre qui préfère l’exil à l’affrontement judiciaire ?
De plus, la méthode employée par Diagne est révélatrice : passage par la Gambie, utilisation de réseaux obscurs, abandon de sa famille et de ses collaborateurs. Rien de tout cela ne ressemble à la dignité d’un combattant. Au contraire, cela rappelle les pires pratiques des élites corrompues, prêtes à tout pour sauver leur peau, y compris à trahir leur propre peuple et à discréditer les institutions de leur pays.
L’histoire regorge d’exemples de dirigeants ou de figures publiques qui, confrontés à la justice, ont choisi la fuite plutôt que l’affrontement. Rarement ces fuites ont-elles été suivies de réhabilitations. Au contraire, elles ont souvent scellé leur disgrâce. En Afrique comme ailleurs, les citoyens attendent de leurs élites qu’elles répondent de leurs actes, non qu’elles prennent la poudre d’escampette. La Gambie voisine, où Diagne a transité, est elle-même en proie à des crises de gouvernance et à des scandales de corruption, contre lesquels la population se soulève. Fuir vers l’Europe, c’est aussi fuir la réalité d’un continent qui exige désormais des comptes.
Maimouna Bousso a raison sur un point : les faits parlent d’eux-mêmes. Et les faits, ici, sont accablants. Madiambal Diagne a trahi la confiance de ceux qui le suivaient, il a discrédité sa propre parole, et il a montré que, face à l’adversité, il préférait la lâcheté à l’honneur. Ousmane Sonko, lui, a toujours choisi la voie de la confrontation pacifique et légale, même au prix de sacrifices personnels. C’est cette différence fondamentale qui doit guider notre jugement.
La justice sénégalaise, aujourd’hui en pleine refondation, ne doit pas se laisser impressionner par les manoeuvres dilatoires ou les tentatives de victimisation. Elle doit aller jusqu’au bout de ses investigations, pour que chacun comprenne que personne n’est au-dessus des lois. Et que la vraie grandeur ne se mesure pas à la taille de son ego, mais à la force de ses convictions.
La fuite de Madiambal Diagne n’est pas seulement une affaire judiciaire, c’est un symbole. Celui d’une époque révolue, où l’impunité était la règle et la responsabilité l’exception. Le Sénégal nouveau, celui que portent Sonko et ses partisans, n’a que faire de ces reliques du passé. Il faut tourner la page.
Et vous, que pensez-vous de cette comparaison ? La fuite d’un homme public doit-elle être considérée comme un aveu de culpabilité, ou peut-elle parfois se justifier ?
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Mouhamed Ndaw.
Mis en ligne : 01/10/2025
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