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Mardi 30 septembre 2025, un poteau électrique s’embrase à Keur Ndiaye Lo, dans le département de Rufisque, plongeant le quartier dans le noir et semant la panique parmi les habitants. Heureusement, aucun blessé n’est à déplorer, mais l’incident révèle une fois de plus les graves défaillances de la Senelec, la Société nationale d’électricité du Sénégal. Si les autorités se félicitent de la rapidité de leur intervention après le sinistre, une question persiste : pourquoi en est-on arrivé là ?
Les témoignages des habitants, les étincelles signalées bien avant l’incendie, et l’absence de maintenance préventive dessinent le portrait d’un service public défaillant, plus prompt à éteindre les feux qu’à les prévenir. La gestion des infrastructures électriques au Sénégal, où la Senelec, malgré ses promesses, échoue régulièrement dans sa mission première : garantir la sécurité et la continuité du service.
Le Sénégal, souvent cité en exemple pour ses progrès en matière d’électrification, affiche un taux d’accès à l’électricité parmi les plus élevés d’Afrique de l’Ouest. Pourtant, derrière ces chiffres se cache une réalité moins reluisante : un réseau vieillissant, des infrastructures mal entretenues, et une réactivité alarmante. Les coupures d’électricité, qu’elles soient programmées ou accidentelles, se multiplient, perturbant la vie quotidienne des Sénégalais et mettant en danger leur sécurité. En 2024 et 2025, la Senelec a annoncé à plusieurs reprises des travaux de maintenance, mais ces interventions restent souvent curatives, déclenchées par des incidents plutôt que par une véritable politique de prévention.
Les explications avancées par la Senelec pour justifier ces dysfonctionnements sont toujours les mêmes : intempéries, vents forts, agressions externes sur les câbles. Pourtant, ces arguments ne suffisent plus à convaincre une population lasse de subir les conséquences d’un manque d’anticipation. À Keur Ndiaye Lo, comme ailleurs, les habitants ont alerté sur l’état défectueux du poteau bien avant qu’il ne prenne feu. Pourquoi aucun contrôle n’a-t-il été effectué ? Pourquoi faut-il qu’un incident survienne pour que les équipes se déplacent ?
L’incident de Keur Ndiaye Lo est emblématique d’un système qui fonctionne en mode « pompiers » : la Senelec intervient après le sinistre, mais peine à agir avant. Les habitants, livrés à eux-mêmes, n’ont d’autre recours que d’appeler les services d’urgence, souvent injoignables, ou d’attendre que la Senelec daigne envoyer ses équipes. Les promesses de rétablissement « rapide » du courant sont devenues un refrain creux, répété à chaque panne, sans que les causes profondes ne soient jamais traitées.
Pire, la Senelec semble minimiser sa responsabilité. Lors des récentes coupures, la société a rejeté la faute sur des « causes extérieures », comme la pluie ou le vent, plutôt que de reconnaître ses propres manquements en matière de maintenance. Pourtant, les rapports et les témoignages s’accumulent : les infrastructures électriques sénégalaises sont régulièrement endommagées par des facteurs évitables, comme l’absence de vérifications périodiques ou le recours à du matériel vétuste. À titre de comparaison, des pays comme le Maroc ou la Côte d’Ivoire ont su investir massivement dans la modernisation de leurs réseaux, réduisant ainsi les risques de pannes et d’incidents.
Au Sénégal, malgré des investissements importants dans le secteur énergétique, les résultats peinent à se concrétiser sur le terrain. Le pays figure certes en tête de l’indice de réglementation de l’électricité en Afrique, mais cette performance administrative ne se traduit pas par une amélioration tangible de la qualité du service.
Les étincelles observées avant l’incendie de Keur Ndiaye Lo prouvent que le poteau était défectueux depuis longtemps. Où sont les inspections régulières promises par la Senelec ? Pourquoi les agents ne descendent-ils pas « chaque fin de mois » sur le terrain, comme le réclament les habitants ? Les sapeurs-pompiers injoignables, des équipes qui arrivent après le sinistre… La Senelec agit trop souvent en réaction, plutôt qu’en gestionnaire responsable. Les « valises » posées pour sécuriser la zone après l’incendie ne sont qu’une rustine, pas une solution. La Senelec promet systématiquement de rétablir le courant « le plus vite possible », mais combien de fois cette phrase a-t-elle été prononcée sans suite ? Les Sénégalais paient leur électricité, ils méritent mieux que des excuses et des délais incertains.
La Senelec ne peut plus se contenter de gérer les crises au coup par coup. Il faut mettre en place une véritable politique de maintenance préventive, renforcer les contrôles sur le terrain, et sanctionner les manquements. Les Sénégalais ne devraient pas avoir à craindre pour leur sécurité chaque fois qu’un poteau électrique montre des signes de faiblesse.
L’État et la Senelec doivent assumer leurs responsabilités. Les habitants de Keur Ndiaye Lo, comme ceux de Louga, Dakar ou Saint-Louis, méritent un service public à la hauteur de leurs attentes : fiable, sécurisé, et transparent. La Senelec doit cesser de se cacher derrière des excuses et enfin agir pour prévenir les incidents, plutôt que de les subir. Sinon, le prochain poteau qui prendra feu pourrait bien causer des dégâts irréparables.
Article opinion écrit par la créatrice de contenu : Amsatou B.
Mis en ligne : 03/10/2025
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