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L’intervention récente de Karim Wade, au nom du Parti démocratique sénégalais (PDS), a rompu un silence pesant et dressé un constat de la situation économique du Sénégal. Alors que certains s’empressent de critiquer l’homme sans même lire ses propos, il faut reconnaître la lucidité et le courage de son analyse. Karim Wade ne fait pas dans la demi-mesure : il dénonce une économie à la dérive, un pouvoir d’achat en chute libre, une fiscalité étouffante, et un gouvernement sans cap. Et si, au lieu de le discréditer, on écoutait enfin ce qu’il a à dire ?
Depuis près de deux ans, le gouvernement Sonko est aux commandes d’un Sénégal en proie à des difficultés socio-économiques sans précédent. Les agences de notation ont dégradé la note souveraine du pays, le déficit public dépasse les 9 % du PIB, et les emprunts obligataires s’accumulent sans que leurs bénéfices ne se matérialisent pour les citoyens. Les inondations à Touba, l’absence de mesures sanitaires efficaces, et l’abandon des populations les plus vulnérables sont autant de signes d’un État en panne de solutions. Les promesses de souveraineté économique se heurtent à une réalité cruelle : le Sénégal s’enfonce dans la dette, et les plus pauvres en paient le prix fort.
Karim Wade ne se contente pas de constater l’échec. Il appelle à l’unité nationale, à un sursaut collectif, et à des solutions concrètes pour sortir de la crise. Son message est clair : le pays est au bord du précipice, et les querelles politiques doivent cesser pour permettre une action commune. Il rappelle que les Sénégalais, en particulier les femmes et les jeunes, font preuve d’une résilience admirable, mais que leur patience a des limites.
Karim Wade pointe du doigt l’incohérence d’un discours de rupture qui, en pratique, se traduit par une soumission aux logiques de la dette et aux créanciers internationaux. Son intervention n’est pas celle d’un opposant opportuniste, mais d’un acteur politique qui a étudié les dossiers et propose des pistes pour redresser la barre.
Avec une dette publique estimée entre 111 % et 119 % du PIB, le Sénégal est le pays le plus endetté d’Afrique. Les agences de notation ont sonné l’alarme, et le FMI a suspendu son programme d’aide. Les emprunts désordonnés du gouvernement n’ont pas servi à financer des projets structurants, mais à creuser le déficit.
La pression fiscale excessive et la flambée des prix des denrées de première nécessité plongent les ménages dans la précarité. Les forums économiques participatifs annoncés par le gouvernement ne suffiront pas à inverser la tendance si aucune mesure forte n’est prise.
Le plan de redressement présenté par Ousmane Sonko mise sur un financement à 90 % par des ressources internes, mais les failles structurelles de l’économie (agriculture inefficace, chômage persistant, corruption) restent entières. Wade, lui, propose une approche globale, centrée sur la solidarité et la responsabilité des dirigeants.
Alors que des pays comme la Côte d’Ivoire, le Bénin ou le Togo affichent des croissances solides, le Sénégal, malgré un potentiel énorme, peine à se relever. La croissance projetée à 8,4 % en 2025 par le FMI ne doit pas masquer les déséquilibres profonds : déficit budgétaire record, endettement insoutenable, et une population qui ne voit pas les fruits de la « relance ».
Karim Wade n’est pas un ennemi du Sénégal. Il est l’un des rares à oser dire haut et fort ce que beaucoup pensent tout bas. Plutôt que de le critiquer sans argument, il faut reconnaître la justesse de son analyse et s’unir pour éviter le pire. Le Sénégal mérite mieux que des promesses creuses et des divisions stériles. Il mérite une gouvernance à la hauteur des défis, une fiscalité juste, et des dirigeants qui placent l’intérêt national au-dessus des calculs politiques. Karim Wade a raison : la situation est grave, mais elle n’est pas irréversible. À condition d’écouter ceux qui, comme lui, refusent de fermer les yeux.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Adama Diop.
Mis en ligne : 05/10/2025
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