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Un jeune homme de 18 ans, fils d’un haut responsable sénégalais, est actuellement en détention pour viol sur une mineure de 14 ans. L’affaire, révélée par L’Observateur, aurait pu rester dans l’ombre si la famille du mis en cause n’avait pas tenté de la régler « à l’amiable ». Cette pratique, hélas courante au Sénégal, n’est pas une simple tentative de conciliation : c’est une stratégie pour étouffer la vérité, protéger un privilégié et abandonner une victime à son sort.
En agissant ainsi, la famille de l’accusé ne fait pas preuve de sagesse, mais de complicité avec un système qui sacrifie les droits des mineurs sur l’autel de l’influence et de l’argent. Ce cas doit nous interroger : jusqu’où ira-t-on pour couvrir les crimes des puissants ?
Au Sénégal, malgré l’adoption en 2020 d’une loi criminalisant le viol et la pédophilie, les règlements à l’amiable restent monnaie courante. La tendance est d’essayer de régler la question à l’amiable, de ne pas sortir de la sphère privée pour trouver des solutions aux violences. Pourtant, les chiffres sont accablants : en 2019, plus de 1 200 cas de viol ont été recensés, et 17,3 % des femmes sénégalaises de 15 ans et plus déclarent avoir subi des violences sexuelles. La loi existe, mais son application se heurte à des pratiques sociales qui minimisent la gravité de ces crimes, surtout quand les accusés viennent de milieux influents.
La famille de I. Touré a tenté de négocier avec celle de la victime, comme si un viol pouvait se solder par une poignée de main ou un dédommagement financier. Cette attitude en dit long sur leur mépris pour la justice et pour la souffrance de la jeune fille. Imaginons un instant que la victime soit la fille d’un haut responsable : aurait-on osé lui proposer un « arrangement » ? Bien sûr que non. Ce double standard révèle une société où la valeur d’une vie dépend du statut social.
De plus, cette tentative de règlement à l’amiable n’est pas un cas isolé. En 2023, 27 filles âgées de 6 à 15 ans ont été victimes de viol dans la région de Diourbel, et dans bien des cas, les familles des agresseurs ont utilisé leur pouvoir pour faire taire les victimes. En agissant ainsi, ces familles ne protègent pas leurs proches : elles les encouragent à croire qu’ils sont au-dessus des lois. Pire, elles participent à une culture de l’impunité qui laisse des centaines de mineurs sans protection.
Un message clair aux agresseurs : si l’on peut « négocier » un viol, pourquoi s’arrêterait-on ? Chaque règlement à l’amiable est une invitation à recommencer.
La famille de l’accusé a-t-elle seulement pensé à l’impact psychologique sur la jeune fille ? Les victimes de viol gardent souvent des séquelles à vie, et leur premier besoin est de justice, pas d’argent.
Quand les puissants tentent d’étouffer une affaire, ils sapent la confiance dans les institutions. Comment croire en une justice équitable si les influents peuvent acheter le silence ?
En France, par exemple, le viol sur mineur est considéré comme un crime, et toute tentative de pression sur la victime ou sa famille est sévèrement sanctionnée. Au Sénégal, malgré des lois similaires, l’application reste inégale. Les associations de défense des droits humains dénoncent depuis des années ces pratiques et appellent à des sanctions contre les tentatives d’obstruction à la justice.
La détention provisoire de I. Touré est un premier pas, mais insuffisant. Il faut sanctionner les tentatives de corruption ou de pression sur les victimes et leurs familles, renforcer les campagnes de sensibilisation pour rappeler que le viol est un crime, pas une affaire privée, et protéger les victimes en leur offrant un accompagnement juridique et psychologique gratuit.
La famille de l’accusé a eu tort d’essayer de régler cette affaire dans l’ombre. La justice doit leur rappeler que certaines fautes ne s’effacent pas avec de l’argent, elles se paient devant les tribunaux. Et à nous, citoyens, de veiller à ce que plus aucune victime ne soit abandonnée.
L’affaire I. Touré n’est pas qu’une histoire individuelle : c’est le symbole d’un système qui protège les puissants et sacrifie les vulnérables. En tentant de faire taire la victime, sa famille a montré où réside le vrai problème : non pas dans les lois, mais dans notre tolérance collective envers l’impunité. On doit briser ce cycle. La justice doit passer, et personne ne devrait pouvoir l’acheter.
Article opinion écrit par la créatrice de contenu : Mounass Diouf.
Mis en ligne : 06/10/2025
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