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Lors de son passage dans l’émission « Point de Vue », Habib Sy, ministre d’État et président du conseil d’administration de la Senelec, a vivement critiqué l’ancien président du Sénégal, Macky Sall, pour ses activités politiques menées depuis l’étranger. Selon Sy, si Macky Sall aspire à faire de la politique, il devrait retourner au Sénégal. Cette déclaration met en lumière une réalité troublante : Macky Sall semble incapable de se retirer définitivement de la vie politique, comme s’il ne supportait pas de ne plus être au centre du jeu.
Son attitude rappelle celle de nombreux dirigeants africains qui, après avoir quitté le pouvoir, refusent de céder la place ou de se retirer discrètement. Mais cette persistance est-elle le signe d’une ambition personnelle inassouvie, ou la peur de perdre une influence soigneusement construite ?
Depuis son départ officiel en 2024, Macky Sall a multiplié les apparitions à l’étranger : participation à des sommets internationaux, lancement de son ouvrage « L’Afrique au cœur », rencontres avec des acteurs institutionnels américains, et prises de position médiatiques sur la vie politique sénégalaise. Ces activités, présentées comme diplomatiques ou intellectuelles, cachent une stratégie plus directe : rester un acteur influent, voire incontournable, sur la scène nationale et continentale. En septembre 2025, son agenda s’est brusquement réactivé, avec des discours sur la préservation du modèle confrérique sénégalais et des mises en garde contre les dérives fondamentalistes.
Ces interventions, loin d’être anodines, visent à maintenir son emprise sur le débat public et à peser sur les équilibres politiques futurs. Pourtant, Macky Sall n’est plus président. Son refus de s’effacer contraste avec l’attitude d’autres anciens chefs d’État africains, comme Abdoulaye Wade, qui, malgré les tensions, a su se retirer après 2012 sans chercher à influencer constamment la vie politique depuis l’étranger. La question se pose : pourquoi un ancien président, qui a exercé deux mandats complets, éprouve-t-il tant de difficultés à tourner la page ?
Macky Sall utilise plusieurs leviers pour rester pertinent. D’abord, il se positionne comme un « diplomate continental », s’appuyant sur son expérience à la tête de l’Union africaine et sur son réseau international. Ensuite, il instrumentalise la publication de son livre et ses interventions médiatiques pour réécrire l’histoire de son mandat, minimisant les crises et se présentant en garant de la stabilité. Enfin, il joue la carte de la victimisation face aux accusations de mal gouvernance portées par le nouveau régime, tout en alimentant les polémiques depuis le Maroc, où il réside.
Cette stratégie n’est pas sans risque. En relançant le débat sur des périodes troubles de son mandat, il ravive les blessures des familles des victimes et suscite l’ire des anciens détenus politiques, qui réclament justice pour les morts et les arrestations arbitraires survenues sous sa présidence. Plutôt que de favoriser la réconciliation nationale, ses prises de parole attisent les divisions et donnent l’impression d’un homme incapable d’assumer pleinement son héritage.
Plusieurs éléments confirment que Macky Sall ne souhaite pas disparaître de la scène politique. Premièrement, son agenda international est trop chargé pour être celui d’un simple retraité : il rencontre des personnalités influentes, participe à des sommets, et se pose en candidat potentiel à des postes prestigieux. Deuxièmement, ses déclarations sur la vie politique sénégalaise, depuis New York ou Rabat, montrent qu’il entend continuer à peser sur les orientations du pays, comme s’il estimait avoir un droit permanent à s’exprimer sur les affaires nationales.
Enfin, son refus de répondre aux convocations de la justice sénégalaise, alors qu’il est accusé de fautes de gestion et de falsification des chiffres économiques, révèle une volonté de se soustraire aux comptes à rendre. Plutôt que de collaborer avec les institutions de son pays, il préfère critiquer depuis l’étranger, ce qui affaiblit la crédibilité des processus démocratiques et judiciaires au Sénégal.
L’attitude de Macky Sall n’est pas isolée. D’autres dirigeants africains, comme Yoweri Museveni en Ouganda ou Alpha Condé en Guinée, ont tenté de prolonger leur influence bien au-delà de leur mandat, parfois en modifiant la Constitution, parfois en jouant les arbitres depuis l’ombre. Cependant, des exemples comme celui de Nelson Mandela, qui a su se retirer avec dignité, ou d’Abdoulaye Wade, qui a accepté la défaite électorale, montrent qu’une transition pacifique et respectueuse des institutions est possible. Macky Sall, lui, semble préférer le modèle des « présidents éternels », qui refusent de laisser la place à une nouvelle génération.
Macky Sall doit comprendre que la grandeur d’un homme d’État se mesure aussi à sa capacité à quitter le pouvoir avec élégance. En persistant à intervenir dans la vie politique depuis l’étranger, il nuit à la stabilité du Sénégal et donne une image peu reluisante de la démocratie africaine. Il doit accepter que son heure est passée et de laisser les Sénégalais écrire leur avenir sans son ombre.
Le Sénégal mérite mieux qu’un ancien président qui refuse de tourner la page. La vraie stature se construit dans le respect des institutions et dans l’acceptation sereine de la relève. Macky Sall devrait en prendre acte, pour le bien de son pays et pour l’exemple qu’il laisse à l’histoire.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Khalifa D.
Mis en ligne : 07/10/2025
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