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L’histoire de M. Dia, ce jeune Sénégalais de 25 ans condamné à un mois de prison pour avoir volé sa propre famille afin de financer sa dépendance aux jeux de hasard, est plus qu’un simple fait divers. Elle est le symbole d’un échec collectif : celui d’un individu qui a choisi la facilité au détriment du travail, mais aussi celui d’une famille et d’une société qui n’ont su ni prévenir ni enrayer sa chute.
Si la justice a fait son œuvre en le sanctionnant, une question persiste : sa famille, victime certes, n’a-t-elle pas aussi failli en laissant la situation envenimer jusqu’à l’irréparable ? La réponse est oui. Et cette responsabilité partagée doit nous interroger sur le rôle de l’entourage dans la prévention des dérapages individuels.
Les jeux de hasard ne sont pas une fatalité, mais leur expansion au Sénégal, comme ailleurs en Afrique, est favorisée par l’absence de régulation stricte et une culture du gain facile. Les plateformes mobiles comme Wave, bien que pratiques, ont aussi ouvert la porte à des détournements en tout genre, surtout chez les jeunes. Dans ce contexte, M. Dia n’est pas un cas isolé. Son parcours reflète celui de milliers de jeunes tentés par l’illusion d’une richesse rapide, souvent au détriment de leur entourage. Pourtant, derrière chaque addict, il y a des signes avant-coureurs : demandes d’argent répétées, comportements suspects, isolement. Pourquoi sa famille n’a-t-elle rien vu venir ? Ou pire, pourquoi a-t-elle attendu que le vol soit commis pour réagir ?
La dépendance ne s’installe pas du jour au lendemain. Elle se nourrit de silences, de négligences, et parfois d’une forme de complicité passive. Quand M. Dia quémandait de l’argent à ses parents et sœurs, pourquoi personne n’a-t-il sonné l’alarme ? Pourquoi ses proches n’ont-ils pas cherché à comprendre les raisons de ses demandes insistantes, ou pire, lui ont-ils cédé sans poser de questions ? Donner de l’argent sans en connaître la destination, c’est parfois financer sa propre perte.
Les parents ont un devoir d’éducation et de protection. Cela inclut la surveillance des comportements à risque, surtout quand ils menacent l’équilibre du foyer. Dans cette affaire, le père de M. Dia a fini par porter plainte, mais seulement après avoir été volé. Est-ce un acte de désespoir ou l’aveu d’un échec éducatif ? Livrer son enfant à la police est un geste extrême, souvent perçu comme un dernier recours. Mais n’aurait-il pas été plus judicieux d’intervenir bien avant, en coupant court à ses demandes d’argent, en cherchant de l’aide psychologique ou en l’orientant vers un travail ?
La famille est le premier rempart contre les dérapages. Or, dans ce cas, elle semble avoir réagi trop tard. La livraison à la police, bien que légitime, sonne comme un abandon. Elle révèle une impuissance face à un problème qui aurait pu être évité. Les parents ont-ils sous-estimé la gravité de la situation ? Ont-ils préféré ignorer les signes par peur du conflit ou par excès de confiance ? Quelles qu’en soient les raisons, leur inaction initiale a permis à M. Dia de s’enfoncer dans sa spirale.
À titre de comparaison, dans d’autres pays, les familles confrontées à des cas similaires sont encouragées à recourir à des thérapies familiales ou à des associations d’aide aux joueurs compulsifs. Au Sénégal, le manque de structures d’accompagnement aggrave le problème. Mais cela n’excuse pas pour autant l’absence de réaction en amont.
La lâcheté d’un système familial défaillant. Certains pourraient arguer que M. Dia est seul responsable de ses actes. C’est vrai. Mais une famille unie et vigilante aurait pu l’empêcher de franchir le cap du vol. Laisser un proche s’adonner aux jeux de hasard sans intervenir, c’est, d’une certaine manière, le pousser vers la délinquance. Les tissus volés, biens de valeur souvent chargés de symboles familiaux, représentent bien plus qu’un simple objet : ils incarnent la trahison d’une confiance et l’échec d’un système de valeurs.
La question n’est pas de minimiser la faute de M. Dia, mais de souligner que la prévention commence à la maison. Les parents ont un rôle clé à jouer dans l’éducation financière et morale de leurs enfants. Ignorer les signes ou céder par facilité, c’est prendre le risque de voir la situation dégénérer. La prison est une sanction nécessaire, mais elle arrive trop tard. Elle ne répare ni les liens brisés ni l’argent perdu. Elle ne fait que constater l’échec de tous.
Cette affaire doit servir de leçon. Les familles doivent ouvrir les yeux avant qu’il ne soit trop tard. Voici ce qui aurait pu – et dû – être fait : refuser catégoriquement de financer des comportements à risque, même sous la pression affective ; engager un dialogue franc dès les premiers signes de dépendance, sans attendre que le pire arrive ; recourir à des structures d’aide pour accompagner le jeune avant qu’il ne bascule ; impliquer la communauté pour créer un filet de sécurité autour des individus vulnérables.
La justice a condamné M. Dia, mais la société, et surtout sa famille, doivent aussi tirer les conséquences de leurs propres manquements. La prison ne résout pas tout. Elle punit, mais ne répare pas. Le vrai travail commence en amont : dans l’éducation, la vigilance et le courage d’agir à temps.
Une responsabilité partagée. M. Dia est coupable, et sa condamnation est justifiée. Mais sa famille porte aussi une part de responsabilité dans sa dérive. Fermer les yeux, céder par facilité ou attendre que la justice règle le problème à leur place, c’est se déresponsabiliser. Les jeux de hasard détruisent des vies, mais c’est souvent l’indifférence ou la négligence de l’entourage qui leur ouvre la porte.
Il faut briser le silence. Les familles doivent assumer leur rôle de premier rempart. Sinon, elles risquent de se retrouver, comme celle de M. Dia, devant un tribunal, non plus en tant que victimes, mais en tant que complices passifs d’un drame évitable. La leçon est claire : prévenir vaut mieux que guérir, et éduquer vaut mieux que punir.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Rassoul S.
Mis en ligne : 08/10/2025
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