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Le 3 octobre 2025, l’hôpital régional de Sédhiou, au Sénégal, a évité de justesse un drame : une femme a tenté d’enlever un nouveau-né sous le nez du personnel médical, exploitant des failles de sécurité aussi flagrantes qu’inacceptables. Si l’intervention des vigiles a permis d’éviter le pire, cet incident révèle une vérité dérangeante : les hôpitaux africains, censés être des havres de sécurité pour les plus vulnérables, sont trop souvent des lieux où la protection des patients relève du hasard.
Malgré leur mission sacrée, ces établissements manquent de protocoles stricts, de moyens humains et techniques pour garantir la sécurité des nouveau-nés. Il faut cesser de se voiler la face : sans une refonte urgente des normes de sécurité, chaque famille qui franchit les portes d’une maternité ou d’un service de pédiatrie prend un risque inacceptable.
En Afrique subsaharienne, la mortalité néonatale reste la plus élevée au monde, avec 27 décès pour 1 000 naissances vivantes en 2022, un taux 11 fois supérieur à celui de l’Europe. Pourtant, le danger ne vient pas seulement des maladies ou des complications médicales. Les enlèvements de nouveau-nés, bien que rares, sont un rappel brutal que les hôpitaux sont aussi des cibles pour des actes criminels. Les services de pédiatrie, souvent sous-équipés et sous-staffés, deviennent des proies faciles pour des individus mal intentionnés.
À Sédhiou, la suspecte a pu s’introduire dans le service, gagner la confiance de la mère en quelques heures, et quitter l’établissement avec l’enfant, sans que personne ne vérifie son identité ou ses motivations. Un scénario qui, hélas, n’est pas isolé : en Afrique de l’Ouest et du Centre, les cas d’enlèvements ou de tentatives d’enlèvements dans les hôpitaux, bien que peu médiatisés, soulignent une faille systémique.
Pendant ce temps, en Europe, les normes de sécurité sont drastiques : bracelets électroniques pour les nouveau-nés, vérification systématique des documents de sortie, caméras de surveillance, et formation du personnel aux risques d’usurpation d’identité. En France, par exemple, la Semaine de la sécurité des patients 2025 met l’accent sur la protection des nouveau-nés et des enfants, avec des protocoles clairs et des audits réguliers. Pourquoi de telles mesures sont-elles encore l’exception en Afrique ?
L’affaire de Sédhiou est édifiante. L’absence de contrôle d’accès permet à n’importe qui d’entrer dans un service de pédiatrie, sans badge ni vérification d’identité. Les vigiles, bien que réactifs dans ce cas, ne devraient pas être les seuls remparts contre de telles tentatives. Leur intervention relève trop souvent de l’instinct, non d’un système organisé. Les protocoles de sortie sont inexistants ou non appliqués : aucun bracelet d’identification, aucune vérification systématique des documents avant la sortie d’un bébé.
Dans les hôpitaux européens, un nouveau-né ne quitte jamais l’établissement sans une procédure stricte. En Afrique, ces mesures sont rares, voire inexistantes. Le manque de formation et de sensibilisation est également criant : le personnel médical et les familles ne sont pas formés à détecter les manipulations ou les tentatives d’intrusion. La confiance aveugle, exploitée par la suspecte, est encouragée par l’absence de culture de la sécurité.
Ces lacunes ne sont pas une fatalité. Des solutions existent, mais elles nécessitent une volonté politique et des investissements ciblés. Pourtant, les budgets alloués à la sécurité hospitalière restent dérisoires, souvent relégués au second plan derrière les urgences médicales.
La sécurité n’est pas un luxe, mais une nécessité. Un hôpital qui ne peut garantir l’intégrité physique de ses patients faillit à sa mission fondamentale. Les enlèvements, même rares, créent un climat de méfiance et découragent les familles de se rendre dans les établissements de santé, aggravant ainsi la mortalité néonatale. Des normes existent, mais ne sont pas appliquées.
Les recommandations internationales et les retours d’expérience des pays développés sont connus. Pourquoi ne pas les adapter au contexte africain ? Le coût n’est pas une excuse : il s’agit d’une question de priorités. Chaque incident évité de justesse doit servir de déclic. À Sédhiou, la chance a souri à la famille Mané. Mais combien d’autres n’auront pas cette chance ? Les hôpitaux doivent devenir des forteresses impénétrables pour les criminels, pas des passoires.
Les hôpitaux africains ne peuvent plus se contenter de soigner : ils doivent aussi protéger. Cela passe par l’instauration immédiate de protocoles stricts, tels que bracelets d’identification, contrôle systématique des sorties, et formation du personnel et des familles. Un investissement dans les infrastructures est également nécessaire : caméras, systèmes d’alarme, et personnel dédié à la sécurité. Enfin, une prise de conscience collective s’impose : les autorités, les professionnels de santé et la société civile doivent exiger que la sécurité des nouveau-nés devienne une priorité absolue.
La question n’est pas de savoir si un autre enlèvement aura lieu, mais quand. Et cette fois, la chance ne sera peut-être pas au rendez-vous. Il faut agir, avant que l’impensable ne devienne réalité.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Demba Sall.
Mis en ligne : 09/10/2025
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