240 millions en liquide : Aliou Sall déjà condamné par l’opinion ? - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Justice | Par Eva | Publié le 14/10/2025 09:10:15

240 millions en liquide : Aliou Sall déjà condamné par l’opinion ?

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L’affaire Aliou Sall, actuellement instruite par le Pool judiciaire financier (PJF) pour blanchiment de capitaux et association de malfaiteurs, a défrayé la chronique ces derniers jours. Le couple Sall a proposé une caution de 240 millions de FCFA pour obtenir une liberté provisoire, tandis que la justice tarde à statuer. L’Observateur rapporte que l’ancien directeur général de la Caisse des dépôts et consignations (CDC) et son épouse, gérante de la SCI Macoussa, sont au cœur d’une enquête pour l’acquisition d’un terrain aux Almadies, financée selon eux par un crédit bancaire et des prêts privés.

Pourtant, avant même que la justice ne se prononce, l’opinion publique et certains médias ont déjà condamné Aliou Sall. La richesse ne doit pas être criminalisée, et la présomption d’innocence doit prévaloir.

Aliou Sall, frère de l’ancien président Macky Sall, est une figure publique connue : ancien maire de Guédiawaye, directeur de la CDC, et acteur politique de premier plan. Son parcours est celui d’un homme qui a navigué entre le public et le privé, accumulant expérience et patrimoine au fil des décennies. Dans un pays où la réussite économique est souvent suspectée, surtout lorsqu’elle touche des personnalités proches du pouvoir, Aliou Sall incarne un paradoxe : celui d’un entrepreneur dont la prospérité est systématiquement associée à la malhonnêteté, sans preuve tangible. Pourtant, comme le rappelle son avocat, Me El Hadj Diouf, toutes les opérations financières en cause ont été justifiées, et aucun acte d’instruction n’a encore été posé contre lui.

L’affaire repose sur des transactions jugées suspectes par la Centif, notamment des versements de 150 millions, 20 millions et 70 millions de FCFA. Aliou Sall affirme que ces fonds proviennent de prêts et d’un crédit bancaire, et que toutes les pièces justificatives ont été fournies. Pourtant, la garde à vue prolongée et le traitement médiatique de l’affaire donnent l’impression d’une condamnation avant l’heure. La présomption d’innocence, principe fondamental de notre État de droit, est ici bafouée. Comme le souligne un article de SenePlus, au Sénégal, « dès qu’une personnalité est arrêtée, sa culpabilité est décrétée jusqu’à preuve du contraire ». Cette inversion des principes juridiques est d’autant plus choquante qu’elle s’applique à un homme dont la carrière et les biens sont le fruit d’années d’activité professionnelle et politique.

Premièrement, Aliou Sall n’est pas un novice en affaires. Son parcours, marqué par des responsabilités publiques et privées, explique naturellement son patrimoine. Deuxièmement, comment expliquer que des biens bien plus importants, détenus par d’autres personnalités (comme cet ancien inspecteur des impôts dont les avoirs sont estimés à plus de 500 millions), ne soulèvent pas les mêmes suspicions ? La richesse, lorsqu’elle est acquise légalement, ne doit pas être un motif de persécution. Troisièmement, la justice doit garantir l’équité : tant qu’aucun jugement définitif n’est rendu, Aliou Sall doit bénéficier de la présomption d’innocence. Enfin, comparons cette affaire à d’autres cas similaires en Afrique de l’Ouest, où des personnalités politiques ou économiques sont régulièrement ciblées par des enquêtes médiatisées, souvent sans suite judiciaire. Le GIABA et le GAFI rappellent que la lutte contre le blanchiment doit respecter les droits fondamentaux et éviter les dérives politiques.

Au Sénégal, comme ailleurs en Afrique de l’Ouest, les affaires de blanchiment sont souvent instrumentalisées. Le cas d’Ousmane Sonko, traîné dans la boue avant même d’être entendu, illustre cette tendance à la condamnation publique. Pourtant, la loi est claire : la présomption d’innocence doit être respectée, et la charge de la preuve incombe à l’accusation. Aliou Sall, comme tout citoyen, a le droit à un procès équitable. Son statut de personnalité publique ne doit pas en faire une cible facile pour apaiser les tensions sociales ou politiques.

L’affaire Aliou Sall révèle un malaise plus profond : celui d’une société où la réussite suscite la méfiance, et où la justice est parfois perçue comme un outil de règlement de comptes. Nous appelons à la prudence et au respect des principes fondamentaux. La richesse ne doit pas être criminalisée, et la présomption d’innocence doit être garantie pour tous, sans distinction. Aliou Sall, comme tout justiciable, mérite que sa cause soit examinée sereinement, sans précipitation ni partialité. La justice doit trancher, mais elle doit le faire dans le respect des droits et des procédures, sans céder à la pression médiatique ou politique.

La vraie question n’est pas de savoir si Aliou Sall est riche, mais si sa richesse est légitime. Et cela, seul un procès équitable pourra le déterminer.

Article opinion écrit par le créateur de contenu : Adama Sarr.
Mis en ligne : 14/10/2025

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