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Récemment, le Groupe de Recherche et d’Appui-Conseil pour la Démocratie Participative et la Bonne Gouvernance (GRADEC) a lancé le projet « Profecot » ou « Dolel Jigeen », visant à accroître la représentation des femmes dans les collectivités territoriales. Cependant, cette initiative semble n’être qu’une solution superficielle face à un problème profondément enraciné de discrimination de genre dans la politique locale. En effet, les chiffres révélateurs de la sous-représentation féminine soulignent que des mesures plus significatives sont nécessaires pour provoquer un véritable changement.
Le projet « Dolel Jigeen » a été initié en réponse à un constat alarmant : après les élections territoriales de 2022, seulement 18 femmes occupaient des postes de maires sur 558 communes, et seulement trois femmes étaient à la tête des conseils départementaux sur 43. Cette situation témoigne d’un déséquilibre majeur dans la représentation des femmes dans les instances décisionnelles locales. Alors que le Sénégal a mis en place des lois sur la parité, le fossé entre les intentions et la réalité reste abyssal, semblable à un mirage qui s’évanouit à mesure qu’on s’en approche.
L’annonce du projet a suscité des réactions variées. Le ministre de la Famille, par l’intermédiaire de sa directrice de l’Équité et de l’Égalité de Genre, a qualifié cette initiative de « pertinente », mais cela soulève des questions quant à la profondeur des mesures envisagées. En effet, il est facile de saluer des efforts sans s’attaquer aux racines du problème. Mamadou Diouf, représentant du ministère des Collectivités territoriales, a évoqué la nécessité d’un renversement de tendance, mais cela semble insuffisant face à un système qui privilégie encore largement la domination masculine.
Pour comprendre pourquoi « Dolel Jigeen » pourrait être considéré comme une approche superficielle, il faut examiner les freins structurels existants. Cécile Diatta Senghor, la coordonnatrice du projet, a identifié le mode de désignation des femmes comme un obstacle majeur. Toutefois, il est normal de reconnaître que le problème est bien plus complexe. Les inégalités de pouvoir économique et les normes culturelles profondément ancrées dans la société sénégalaise agissent comme des barrières infranchissables. En somme, cette initiative pourrait être comparée à un pansement sur une plaie béante, offrant une illusion de progrès sans véritable guérison.
L’angle de cette analyse se concentre sur le fait que, malgré les bonnes intentions affichées, le projet ne semble pas aborder les véritables causes de l’inégalité. Les femmes doivent être en tête de liste pour être élues, mais cela nécessite une transformation radicale de la perception et de la valorisation du rôle des femmes dans le paysage politique. Si le projet ne s’attaque pas à ces racines, il risque de se transformer en une simple opération de communication, sans impact réel sur le terrain.
Pour conforter cette position, il est pertinent de mentionner que des études sur la représentation politique des femmes montrent que les quotas ou les initiatives similaires, sans accompagnement structurel, ne suffisent pas à garantir une réelle participation. Par ailleurs, des exemples de pays qui ont réussi à améliorer la représentation féminine, comme le Rwanda, soulignent l’importance d’une volonté politique forte et d’un soutien systémique, au-delà des seules initiatives ponctuelles.
Le projet « Profecot » représente une tentative louable d’améliorer la représentation des femmes dans les collectivités territoriales, mais il ne fait que frôler la surface d’un problème bien plus complexe. La lutte pour l’égalité des sexes dans le domaine politique nécessite des réformes structurelles et une remise en question profonde des normes culturelles. Il ne faut pas se contenter d’initiatives symboliques, mais exiger un engagement fort et durable pour un véritable changement.
Je vous encourage, en tant que citoyens engagés, à suivre de près l’évolution de ce projet et à exiger des actions concrètes qui vont au-delà des discours. Il faut faire entendre votre voix pour que les femmes ne soient pas seulement présentes dans les instances décisionnelles, mais qu’elles y occupent une place de choix et d’influence.
Article opinion écrit par la créatrice de contenu : Aida Thiam.
Mis en ligne : 24/10/2025
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