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Dans un discours prononcé lors de la Journée mondiale de l’Habitat à Dakar, le ministre Balla Moussa Fofana a appelé à “rompre avec le modèle importé et énergivore” pour favoriser un développement urbain plus durable au Sénégal. Cependant, cette déclaration peut être perçue comme une tentative de dissimuler les faiblesses du secteur de la construction nationale, qui peine à innover et à se moderniser.
Le Sénégal, confronté à des défis croissants en matière de logement, d’urbanisation et de climat, a mis en place le Programme national d’accès au logement et de renouveau urbain (PNALRU). Ce programme vise à répondre aux besoins en logements tout en intégrant des considérations environnementales. Pourtant, la question se pose : est-ce vraiment une solution viable ou une simple façade pour masquer une stagnation dans le secteur de la construction?
L’appel du ministre à valoriser les ressources locales et à privilégier des matériaux comme le typha ou le bambou semble séduisant en théorie. Toutefois, il soulève des interrogations sur la capacité réelle du secteur à s’adapter et à innover. En effet, alors que l’on prône un retour aux matériaux traditionnels, il est normal de se demander si ces choix ne sont pas motivés par un manque de progrès technologique et d’investissement dans des méthodes de construction modernes. Comme le dit l’adage, “on ne peut pas construire un avenir solide sur des fondations instables”.
Premièrement, la valorisation des ressources locales doit s’accompagner d’une véritable stratégie d’innovation. À l’heure où le monde entier se tourne vers des pratiques de construction durables et technologiquement avancées, le Sénégal semble rester figé dans un modèle dépassé. La comparaison avec d’autres pays en développement, qui ont réussi à allier tradition et modernité, souligne cette lacune. Par exemple, alors que des nations comme le Rwanda intègrent des technologies vertes dans leurs projets de construction, le Sénégal semble se contenter de solutions rudimentaires.
Deuxièmement, l’insistance sur la nécessité de maîtriser les savoir-faire nationaux peut être interprétée comme une excuse pour justifier l’inefficacité du secteur. En effet, si le Sénégal possède des richesses en termes de matériaux et de savoir-faire, la réalité est que le manque d’investissement dans la formation et l’éducation des professionnels du bâtiment limite considérablement le potentiel d’innovation.
L’angle de cette réflexion met en lumière la dichotomie entre les discours politiques et la réalité du terrain. L’appel à la construction durable, bien qu’important, peut apparaître comme une manœuvre pour détourner l’attention des véritables enjeux auxquels le secteur fait face. Les promesses de logements accessibles et respectueux de l’environnement risquent de rester des vœux pieux tant que les fondements du secteur ne seront pas profondément réformés.
Des études récentes montrent que les pays qui ont investi dans des technologies de construction innovantes ont non seulement amélioré la qualité de vie de leurs citoyens, mais ont également stimulé leur économie. En revanche, le Sénégal, en restant ancré dans des pratiques anciennes, risque de voir son secteur de la construction stagner, entraînant des conséquences néfastes sur l’économie et l’environnement. Une transition vers des pratiques modernes et durables est essentielle pour garantir un avenir meilleur.
L’appel de Balla Moussa Fofana à rompre avec le modèle importé, bien qu’ayant des intentions louables, semble masquer les véritables lacunes du secteur de la construction au Sénégal. Sans une véritable volonté d’innover et de moderniser, ces discours risquent de rester des promesses vides.
Les citoyens, les acteurs du secteur et les décideurs doivent s’engager dans une réflexion collective sur l’avenir de la construction au Sénégal. Ensemble, nous devons exiger des solutions concrètes et durables, loin des discours qui ne font que masquer une stagnation inacceptable.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Demba Sall.
Mis en ligne : 27/10/2025
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