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Il y a six ans, Abdoulaye Cissé, fils du médiateur de la République sénégalaise Alioune Badara Cissé, était poignardé mortellement à Minneapolis alors qu’il tentait d’empêcher un vol. Aujourd’hui, l’enquête piétine, aucun suspect n’a été arrêté, et sa famille, réunie pour une veillée de prière, continue de réclamer justice. Ce drame, rapporté par Les Échos, n’est malheureusement pas un cas isolé. Il illustre une réalité plus large : celle d’un système judiciaire américain défaillant, où l’impunité règne, surtout pour les victimes issues des minorités ou de l’immigration.
Minneapolis est devenue, depuis la mort de George Floyd en 2020, le symbole des tensions raciales et des violences policières aux États-Unis. Pourtant, malgré les promesses de réforme et les enquêtes fédérales, les dysfonctionnements persistent. Le département de police de Minneapolis a été épinglé pour ses pratiques discriminatoires, notamment envers les communautés noires et les personnes issues de l’immigration. Dans ce contexte, l’affaire Abdoulaye Cissé s’inscrit dans une longue liste de crimes non résolus, où les victimes et leurs familles sont laissées sans réponse.
Les statistiques sont accablantes : aux États-Unis, près de 40 % des meurtres ne sont pas élucidés, et ce taux est encore plus élevé dans les quartiers défavorisés. Les crimes violents, bien qu’en légère baisse depuis 2023, restent concentrés dans des zones spécifiques, souvent marginalisées, où les ressources policières et judiciaires sont insuffisantes. À Minneapolis, comme ailleurs, la couleur de peau ou l’origine sociale de la victime semblent influencer la priorité accordée à une enquête.
L’affaire Abdoulaye Cissé révèle plusieurs failles structurelles :
Six ans sans arrestation, malgré les témoignages et les preuves potentielles, interroge. Comment expliquer qu’un crime commis en plein jour, dans un quartier résidentiel, puisse rester impuni aussi longtemps ? La réponse réside peut-être dans le traitement inégal des affaires selon le profil de la victime. Les études montrent que les crimes impliquant des victimes noires ou issues de l’immigration sont moins souvent élucidés que ceux touchant des victimes blanches.
Alors que des affaires comme celles de George Floyd ou Trayvon Martin ont suscité une mobilisation internationale, d’autres, tout aussi graves, passent inaperçues. Abdoulaye Cissé, militaire et fils d’une figure publique, aurait pu bénéficier d’une couverture médiatique plus large. Pourtant, son nom reste largement inconnu du grand public. Cette disparité dans le traitement médiatique renforce le sentiment d’injustice et d’abandon des familles.
La police de Minneapolis, déjà critiquée pour ses pratiques discriminatoires, semble une nouvelle fois défaillante. Malgré les réformes annoncées après la mort de George Floyd, les résultats peinent à se concrétiser. Les familles, comme celle de Abdoulaye Cissé, sont contraintes de se battre seules, sans appui institutionnel réel.
Trayvon Martin, George Floyd, Breonna Taylor… Ces noms sont devenus des symboles de la lutte contre les violences policières et l’impunité. Pourtant, pour chaque affaire médiatisée, des dizaines d’autres restent dans l’ombre. Le meurtre de Abdoulaye Cissé, bien que tragique et emblématique, n’a pas suscité la même indignation collective. Pourquoi ? Parce que la mobilisation dépend souvent de la couleur de peau, du statut social, ou de la capacité à attirer l’attention des médias.
Les taux d’élucidation des crimes violents aux États-Unis varient considérablement selon les quartiers. Dans les zones défavorisées, comme Marcy-Holmes où vivait Abdoulaye Cissé, les ressources policières sont limitées, et les enquêtes traînent en longueur. Pourtant, les crimes y sont souvent plus violents et plus fréquents.
Les victimes issues des minorités ou de l’immigration sont souvent perçues comme moins prioritaires. Les familles, comme celle de Abdoulaye Cissé, se heurtent à un mur de silence et d’indifférence. Leur combat pour la justice devient un combat solitaire, face à des institutions qui semblent plus préoccupées par leur image que par la vérité.
L’affaire Abdoulaye Cissé est un rappel douloureux des inégalités qui persistent dans le système judiciaire américain. Six ans après sa mort, l’absence d’arrestation et le silence des autorités posent une question fondamentale : à quand une justice égale pour tous, indépendamment de l’origine ou du quartier ?
Il faut que les institutions américaines, de la police aux médias, reconnaissent leurs biais et agissent pour que chaque victime, chaque famille, puisse obtenir justice. Abdoulaye Cissé mérite mieux qu’un oubli collectif. Son combat est celui de toutes les victimes de l’impunité systémique. La question n’est plus seulement de savoir qui a tué Abdoulaye Cissé, mais pourquoi son affaire, comme tant d’autres, a été reléguée au rang de simple statistique.
La justice ne doit pas être un privilège, mais un droit. Il faut que les États-Unis en fassent une réalité.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Leonel N.
Mis en ligne : 28/10/2025
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