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Il y a des histoires qui résument à elles seules la complexité de la condition humaine, entre souffrance, résilience et justice. Celle d’Aïssatou en fait partie. Née dans la douleur, ayant perdu sa mère en venant au monde, elle a grandi dans un foyer où l’amour s’est vite transformé en enfer. Son père, homme bienveillant mais naïf, s’est remarié avec une femme qui a fait de sa vie un supplice quotidien. Insultes, coups, humiliations, privations : Aïssatou a tout enduré dans le silence. Son seul tort fut d’exister.
Quand son père est mort, le peu de stabilité qu’elle avait disparut. Sa belle-mère et son fils se sont emparés de tout : maison, argent, souvenirs. Elle s’est retrouvée à la rue, sans appui, sans espoir. Dans une société où l’orpheline est souvent synonyme de faiblesse, Aïssatou aurait pu sombrer. Mais c’est là que la solidarité familiale a pris tout son sens : une tante maternelle, vivant à l’étranger, l’a recueillie et lui a redonné la chance de se reconstruire. Grâce à l’éducation, à la persévérance et au travail, Aïssatou a bâti sa vie à la force de son courage.
Vingt-cinq ans plus tard, elle est devenue cheffe d’entreprise. Une réussite admirable. Mais le destin, parfois cruel, aime rejouer les scènes du passé sous une autre lumière. Un jour, lors d’un entretien d’embauche, Aïssatou tombe sur un candidat au nom familier. C’est lui : le fils de sa belle-mère, celui qui fut son bourreau. Ironie du sort, le puissant d’hier se retrouve aujourd’hui à demander une chance à celle qu’il méprisait autrefois.
Face à cette situation, la question se pose : que faire ? Pardonner ou punir ? Donner une seconde chance à celui qui a contribué à ses souffrances, ou le laisser affronter la dureté de la vie, comme elle-même l’a fait ?
La tentation de la vengeance est humaine. Après tout, combien d’enfants ont été brisés par des familles recomposées où règnent jalousie, iniquité et cruauté silencieuse ? Combien de jeunes filles comme Aïssatou ont grandi dans l’indifférence générale, sans protection ni justice ? Ces blessures-là ne disparaissent jamais. Elles façonnent l’adulte, marquent les choix, les valeurs, les émotions. Pourtant, pardonner n’est pas un signe de faiblesse. C’est parfois la plus grande victoire morale.
Le pardon, ici, ne signifie pas oublier. Il signifie refuser de reproduire la haine. Aïssatou n’a pas besoin de rabaisser celui qui l’a détruite pour prouver qu’elle a réussi. Sa réussite en soi est déjà une revanche éclatante. Mais l’histoire nous interroge collectivement : comment protéger les enfants vulnérables de la violence domestique ? Comment bâtir des familles recomposées où l’amour prime sur la rivalité ?
Dans le Sénégal d’aujourd’hui, où la résilience des femmes est souvent mise à l’épreuve, Aïssatou représente cette génération de survivantes qui refusent que le passé dicte leur avenir. Si elle choisit de tendre la main, ce ne sera pas par faiblesse, mais par grandeur d’âme.
Car au fond, la vraie justice n’est pas celle qui écrase, mais celle qui élève.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Anonyme.
Mis en ligne : 29/10/2025
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